• 21 novembre 2024 10 h 42 min

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Temps de lecture : 18 min.

 Le gourou de la secte OKC Robert Spatz condamné à 4 ans de prison avec sursis

BX1 – 15/09/2016

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné, jeudi, Robert Spatz, le chef spirituel de la communauté bouddhiste Ogyen Kunsang Choling (OKC), à une peine de 4 ans de prison avec sursis. L’homme, absent à son procès, a été reconnu coupable d’abus sexuels, de prise en otage d’enfants et de faits de blanchiment d’argent entre autres. L’ASBL OKC elle-même a également été reconnue coupable de certaines préventions.

Au total, le tribunal condamne l’OKC et Robert Spatz à des confiscations de plus 4 millions et demi d’euros. Le tribunal a aussi attribué des indemnités à une trentaine de personnes constituées partie civile dans ce procès. Il s’agit pour la plupart d’enfants qui avaient été élevés, dans les années 1980 jusqu’aux années 2000, à l’écart de leurs parents et dans de très mauvaises conditions d’hygiène, dans des monastères en France et au Portugal appartenant à l’OKC.

Le tribunal a accordé à ces personnes des indemnités de 2.500 euros par année passée dans ces monastères, sans compter les intérêts compensatoires, qui tiendront compte du nombre d’années qui s’est écoulé depuis la commission des faits.

Il a également accordé des indemnités de 12.000 euros pour des personnes qui ont été victimes d’abus sexuels de la part de Robert Spatz, sans compter également les intérêts compensatoires.

Le tribunal a estimé que les enfants avaient été pris en otage et qu’ils avaient subi des tortures physiques et psychologiques dans les monastères où ils avaient été conduits, telle la privation de nourriture et le manque d’hygiène. Il a rappelé que, selon les règles au sein de l’OKC, les enfants des membres de cette communauté étaient envoyés dans ces monastères, en particulier au domaine Château-de-Soleils à Castellane en Provence, par les parents, sur conseil de Robert Spatz.

Plusieurs personnes constituées partie civile avaient rapporté que le « gourou », Robert Spatz, faisait croire aux parents qu’ils avaient une mauvaise influence sur leurs enfants et qu’ils les polluaient, a rappelé le tribunal, d’où la nécessité qu’ils soient tenus à l’écart d’eux, afin de devenir des élites qui survivraient aux violences et décadences du monde extérieur.

Certains enfants, âgés de 3 à 12 ans, n’avaient plus eu de contacts avec leurs parents pendant plusieurs années, a encore rappelé le tribunal.

« Cette manière de vivre a privé les enfants d’une réelle ouverture sur le monde extérieur et leur a porté préjudice en terme d’affectivité et de développement de soi »

a relevé le juge. « Si certains ont pu faire des études et bien évoluer dans la société par la suite, c’est grâce à leur propre persévérance et non à l’aide de l’OKC », a-t-il également précisé. Concernant les faits de moeurs dont certains ont été victimes, le tribunal a précisé qu’ils avaient été commis sous couvert d’une autorité spirituelle et sous prétexte de supposées initiations bouddhistes. Le tribunal a également reconnu que certains parents avaient été forcés de travailler gratuitement dans des commerces exploités par l’OKC.

« Ils ont fait l’objet d’un conditionnement continu pour qu’ils travaillent au maximum de leur force »

Concernant ces personnes, le tribunal a réservé à statuer sur leurs demandes de partie civile. Une réouverture des débats, sur ce plan civil uniquement, a été fixée au 6 mars 2017. Le tribunal a par ailleurs reconnu l’épouse et le fils de Robert S., qui avaient assumé des postes à responsabilité au sein de l’OKC, coupables de certaines préventions. Mais il n’a pas prononcé de peines à leur encontre étant donné le dépassement du délai raisonnable. Egalement, il a acquitté quatre autres anciens responsables et trois ASBL liées à l’OKC.

Enfin, le tribunal n’a pas retenu les préventions d’extorsion à charge de Robert Spatz. Dans cette affaire, onze personnes physiques et morales, liées à l’OKC, étaient poursuivies pour avoir escroqué de nombreuses personnes et pour avoir abusé de leur confiance dans le cadre des activités de cette communauté bouddhiste à Bruxelles, entre 1975 et 2008.

Selon l’enquête, certains membres avaient été poussés à faire des dons d’argent très importants à la communauté, et d’autres poussés à travailler gratuitement dans des commerces et restaurants appartenant indirectement à l’OKC. Le fondateur de cette communauté, Robert Spatz, s’était enrichi personnellement grâce à ces dons d’argent, selon le parquet.

Cet homme, principal prévenu mais qui faisait défaut, était également poursuivi pour plusieurs faits d’abus sexuels commis au sein de l’OKC. Il était présenté par l’accusation comme un gourou charismatique, très manipulateur.

Enfin, les prévenus étaient soupçonnés d’avoir retenu des enfants en otage dans des monastères et des domaines appartenant à l’OKC, notamment à Castellane en Provence. Il s’agissait des enfants de membres de la communauté OKC qui étaient envoyés dans ces endroits pour y suivre, retirés du monde, un enseignement selon des préceptes bouddhistes. (Belga)

http://bx1.be/news/le-gourou-de-la-secte-okc-robert-spatz-condamne-a-4-ans-de-prison-avec-sursis/

Ogyen Kunzang Choling

21.03.2016.

Début janvier a commencé à Bruxelles au tribunal correctionnel le procès contre le belge Robert Spatz, leader de la secte OKC. Depuis 1972 le gourou autoproclamé a attiré des centaines de disciples dans sa communauté reposant sur des règles de vie vaguement bouddhiste.

Trois générations plus tard les ravages humains sont énormes. Deux ex-membres témoignent d’un système d’endoctrinement, de manipulation et d’abus. “Le fil rouge de son enseignement était l’élimination de notre égo.” Le prévenu principal, Robert Spatz (71) doit répondre de plus de 170 chefs d’accusations, qui vont de la fraude sociale au faux en écriture en passant par la torture, l’enfermement et les abus sexuels sur mineurs. L’enquête de justice, qui a trainée 19 ans, met à nu le parcours égocentrique déconcertant d’un maître en manipulation.

Après un séjour en Inde, le réparateur de télévision a fondé la branche bruxelloise de Ogyen Kunzang Chöling (OKC), littéralement “le Domaine de la Claire Lumière”. Suivant les statuts c’était un centre d’études et d’expériences Nyingmapa, la plus ancienne de 4 traditions bouddhistes tibétaines les plus importantes. Au centre de la doctrine sont la quête de la pureté intérieure et le rejet du matérialisme. Spatz, qui se fait appeler Lama Kunzang, n’a pas suivi de très près ses propres principes éclairés.

OKC était plutôt ‘un réseau d’entreprises commerciales à Bruxelles: un centre de yoga et de séminaires, un magasin de produits bio Le Paradoxe à la chaussée d’Ixelles et un restaurant végétarien la Tsampa à la rue de Livourne. Ses disciples y travaillaient jour et nuit, en échange de la nourriture et du logement. Les bénéfices servaient à l’achat personnel de yacht, des voitures et des villas en Espagne, au Portugal, Tahiti et la Côte d’Azur. Pour la communauté, il a acheté en France “Château de Soleils”, un château délabré à Castellane, Alpes-de-Haute-Provence.

C’est là que commence l’histoire de Sophie Peten (38) et Ben Borges (35), qui y ont passé la majeure partie de leur enfance.

Peten: Mes parents étaient de fidèles visiteurs des séminaires à Bruxelles. Ils trouvaient en Spatz un enseignant charismatique avec une vision différente sur la vie et la société. Peu à peu, il a commencé à les enjouer. Il a proposé à ma mère un emploi à la Tsampa. Lorsque cela a été moins bien dans leur mariage, il a conseillé mon père de se ressourcer pendant quelques mois en Inde.

Peu de temps après son départ ma mère, mon frère et moi avons déménagé de notre maison à Tervuren vers un petit appartement dans le centre OKC au-dessus du restaurant. Ma mère travaillait constamment. Elle a mis mon éducation dans les mains des autres adultes, mais ils n’étaient pas les personnalités les plus stables. En janvier 1985 Spatz a organisé un séminaire à Château de Soleils

Ce fut une révélation. D’un appartement dans les Bruxelles gris, pleins d’adultes hystériques vers un petit paradis dans les montagnes!

Spatz ainsi que les enfants déjà sur place m’ont conseillé de rester. Bien sûr, j’ai dis oui. Quelques jours plus tard, ma mère est retournée à Bruxelles, sans moi. Il est absurde qu’un enfant de sept ans puisse faire de tels choix. Je me souviens de courir derrière sa voiture, parce que je me suis soudain rendu compte de l’étendue de ma décision. Un an plus tard mon petit frère de 5 ans venait dans les mêmes circonstances.

Durant l’été 1979, la jeune fille portugaise Catarina de 16 ans a atterri à Castellane. La fille enfuie de sa maison à un jeune âge, a été immédiatement séduite par l’utopie d’une communauté bouddhiste. Elle a fait la connaissance d’un jeune Portugais et a déménagé à Bruxelles pour y travailler dans le réseau OKC. Quelques mois plus tard, elle était enceinte.

Borges: ma naissance a créé des tensions au sein de la petite communauté. Spatz nous a renvoyé en France. Comme j’étais un enfant craintif ma mère a reçue l’autorisation exceptionnelle de pouvoir rester avec moi. Cela n’a vraiment pas été apprécié par les autres qui étaient obligés de se défaire de leurs enfants. A la fin elle n’a pas résisté à la pression du groupe et en 1986 elle est repartie à Bruxelles.

Vos parents ne pouvaient venir vous visiter qu’une fois par an. Pourquoi deviez-vous vivre séparément?

Borges: Spatz considérait les parents comme des êtres imparfaits par nature. Il croyait qu’ils empoisonneraient leurs enfants au niveau génétique. Il fallait donc créer une distance physique et mentale pour nous “désintoxiquer”. Il les humiliait en notre présence tandis qu’il nous encensait. Il disait que nous faisions partie d’une élite. Nous étions destinés à un avenir exceptionnel. Je me sentais en tant qu’enfant supérieur par rapport à ces pauvres gens imparfaits. A 8 ans j’ai remplacé ma mère par celle d’un autre. J’ai oublié à quoi elle ressemblait.

Peten: J’ai longtemps eu honte de la mienne. Je ne la voulais plus. Elle ne correspondait pas à l’image idéale que j’avais d’un adulte: une personne pure et sur-intelligente…

Est ce que la vie dans un château en France était aussi idyllique que cela puisse paraitre?

Peten: Le château était tout à fait inadapté pour y héberger des enfants. Il n’y avait pas de chaises ou de tables, nous vivions pratiquement sur le sol. Nous avions peu de vêtements. Les premières années il n’y avait pas de chauffage ni d’eau chaude. En hiver la température descendait à -17. Il était interdit de mettre ses mains dans ses poches ou de mettre des gants. Nous avions des engelures aux pieds. Nous vivions des cultures de notre potager. En hiver, nous devions nous contenter de la farine d’avoine moisie ou de la soupe avec un bout de pain. Ou nous avions les excédents des magasins à Bruxelles, mais ils étaient souvent périmés. Les plus petits recevaient sur place l’éducation de base d’une institutrice diplômée, membre de la communauté. L’enseignement secondaire se faisait par le CNED, un système français d’enseignement à distance. “Mais uniquement parce que c’était obligatoire,” explique Borges, “Spatz considérait l’éducation classique comme une absurdité. Il trouvait les travaux manuels plus utiles, peindre, cuire du pain, couper du bois, faire de la construction. Il y avait 4 éducateurs adultes mais en fait c´était les enfants qui s’occupaient de l’entretien de ce château en ruines.”

Peten: Nous nous levions tous les jours à 5 heures pour prier et apprendre par cœur des centaines de pages de textes sacrés tibétains. Nous étions éduqués du matin au soir, 7 jours sur 7, pendant toute l’année. Dans son règlement interne “La Règle d’Or de Soleils” Spatz définissait toutes les facettes de la vie journalière. Tous les disciples devaient la signer. Le fil rouge du Spatsizme était la destruction de l’égo. La souffrance y prenait une grande place. C’était un moyen de bruler du mauvais karma… 

Tous les jours nous devions 108 fois tomber de tout notre long sur notre ventre et nous relever devant Spatz ou devant sa photo s’il était absent. Qui allait trop lentement ne recevait pas à manger le soir. Souvent on ne nous disait même pas pourquoi nous étions punis. Nous devions rester pieds nus dans la neige pendant une heure, nous recevions des coups de battons sur nos cuisses nues avec un chiffon dans la bouche dans la chambre de l’éducateur ou nous étions enfermés dans un sombre local à chaussures dans le château.

Parfois c’était tout le groupe qui était puni. Alors nous devions tous nous jeter au sol 108 fois au même rythme, à la moindre erreur notre groupe devait recommencer.

Borges: A mes 10 ans on m’a envoyé tout seul avec un sac de couchage dans la forêt à des kilomètres. Il y avait des sangliers sauvages. En hauteur. J’ai grimpé à un arbre et j’ai passé la nuit sur une branche.

Peten: Ou ils obligeaient un petit groupe de garçons à se lever pendant des mois à 4 heures du matin pour aller se laver dans une cascade dans la vallée. Même en hiver. Devenirs purs et durs, c’était la devise.

Une des 170 inculpations contre Roberts Spatz est l’abus sexuel.

Des 11 cas confirmés entre 1979 et 2016, 10 étaient sur mineurs. Une victime qui avait à l’époque 11 ans témoigne au tribunal comment Spatz commençait d’abord par lui partager des secrets ridicules pour tester si elle savait se taire. Dans une phase suivante elle déménageait avec sa mère dans son appartement privé dans le château pour cuisiner pour lui et faire son ménage. Spatz, hypocondriaque, qui souffre d’une peur extrême des maladies, les mettaient en confiance en leur parlant de ses vies passées et futures. Il prenait le contrôle physique et mental total, jusqu’au point de leur demander d’accomplir des actes sexuels sous le couvert de rituels religieux.

Borges: Il considérait le sexe comme un échange d’énergie. Par le contact physique, il pensait pouvoir prendre l’énergie de la jeune fille pour lui. La pénétration n’était pas nécessaire pour cela. Sa peur de la contamination était si présente qu’elle lui empêchait d’aller beaucoup plus loin. Il utilisait un Ðorđje (petit sceptre tibétain, ndlr), des petits fouets ou un instrument qui donnait des petits chocs électriques. Ceci est cohérent avec la théorie sadomasochiste de la souffrance. En transformant le plaisir sexuel en souffrance de l’énergie se libérait. Énergie qu’il prenait à sa victime.

Peten: Une des prévenues du procès était présente à quelques attouchements et y a même participé. Des témoins déclarent aussi qu’il y avait un inconnu qui observait d’un coin obscur dans une chambre…

L’une des caractéristiques d’une secte est l’omniprésence du chef spirituel. Était-ce le cas Robert Spatz?

Borges: Absolument! Nous croyions qu’il était omniprésent et omniscient. C’était vraiment ainsi puisque tout le monde venait tout lui raconter. Il était en fait un excellent acteur et manipulateur. Du haut de son trône il nous regardait littéralement de haut. Il jurait pouvoir lire nos pensées. Il nous inculquait que de terribles choses qui se passeraient si nous osions remettre en question son autorité. De cette façon, nous avons développé une docilité incroyable. J’étais toujours paranoïaque. Après une mauvaise idée, je craignais d’être puni.

Peten: Sa photo était partout: dans toutes les chambres, dans la cuisine, même dans les salles de bains. Nous étions obligés de penser à lui immédiatement au réveil. Il pervertit les rituels bouddhistes en les reliant à son culte de la personnalité…Nous ne pouvions pas projeter notre ombre sur lui ni marcher sur son ombre. Nous ne pouvions jamais le regarder dans les yeux. Si nous lui donnions quelque chose il fallait le tenir au dessus de nos têtes afin de ne pas le contaminer avec nos microbes. Nous ne pouvions lui adresser la parole qu’avec la main ou un tissu devant la bouche. En 1993 un groupe de 25 enfants, dont Ben, Sophie et sont frère, ont été déplacés du Château de Soleils vers le monastère de OKC à Mû, au Portugal. Les enfants y travaillaient journellement au restaurant, au temple et au centre de yoga. En même temps ils y étaient éduqués pour la fin du monde, qui d’après Spatz, était imminente.

“Nous n’avions pas de télévision, ni de radio, ni d’ordinateur et ne savions rien du monde extérieur,” dit Peten. “Il était notre seule source d’information et contrôlait tout cela. Il mélangeait toutes sortes de nouvelles avec ses propres fantaisies maladives. L’humanité allait périr du sida et les survivants allaient s’entre tuer.”

Borges: Spatz avait créé au Portugal une ambiance très violente… Nous y étions éduqués dans une culture injuste, sexiste, machiste et misogyne.

Peten: Il nous apprenait à nous défendre avec un couteau et comment couper la langue ou le nez à quelqu’un. Il prenait les filles à part et nous racontait une vision ou nous serions toutes violées. Il insistait tout le temps que nous devions rester vierges, au cas contraire nous devrions quitter la communauté. Nous étions poussés à bout mentalement. A l’époque, nous étions dans un mode de survie très agressif. Quand des années plus tard je me suis inscrit dans un club d’arts martiaux à Bruxelles je faisais peur aux hommes. “Es-tu folle?” criaient-ils. “Tu veux tuer quelqu’un? On n’est pas en guerre!” Je n’y comprenais rien.

Borges: Chaque enfant a reçu une formation en karaté. Nous avons pratiqué dans la neige, la pluie et le soleil. A chacun de nos anniversaires nous avions droit à la “moulinette” et on devait se battre tout à tour avec les 24 autres. Selon Spatz nous devions nous défendre contre le monde extérieur. Il mettait tous les soirs quelqu’un pour faire la garde avec un pistolet à air comprimé. Le monastère Mu ressemblait à un camp d’entraînement militaire. Plutôt que de travailler tous ensemble contre lui, nous avons été manipulés et mis les uns contre les autres.

Peten: Quand les tensions étaient trop élevées, il organisait une fête avec des flots d’alcool pour détendre l’atmosphère. Tous les enfants entre 12 et 24 ans recevaient une grande coupe avec du whisky ou de la vodka…

Borges: C’est comme si tu étais né sur Mars et que quelqu’un te dit: “Voilà la planète terre. Tu peux aller y habiter.” En 1997 la première bombe a explosé. Pendant l’opération Soleil 130 agents belges et 300 agents français ont perquisitionnés dans les diverses communautés OKC. Robert Spatz et certains de ses acolytes ont passé six mois en prison.

Peten: Ce fut un choc énorme. En même temps, nous étions prêts parce Spatz nous avait toujours prédit que le monde extérieur ne nous attaquer.

Borges: La police pensait trouver de la drogues et des armes, mais ils ont étés accueillis avec du thé. Lors des interrogatoires ils ont reçus des dizaines de fois la même réponse: nous sommes heureux, OKC est un endroit agréable.

Plus tard une commission d’enquête en France a établi que OKC était une institution louable. Mais les conclusions de l’inspection au Château de Soleils étaient basées sur les déclarations des enfants endoctrinés. J’ai relu tous les témoignages de cette époque. Tout le monde déclarait exactement la même chose!

Quand avez vous soupçonné que quelque chose clochait dans OKC?

Peten: Après l’opération Soleil je suis allé travailler à Bruxelles. L’organisation y avait été durement touchée. Le nombre d’adeptes avait considérablement diminué, mais les entreprises ont dû continuer à fonctionner. Pendant huit ans, je travaillais 16 heures par jour pour 125 euros par mois. En même temps je découvrais la vie nocturne de Bruxelles. La confrontation entre ces deux mondes extrêmes m’a chamboulée…Je n’avais aucune personnalité et devait toujours agir dans l’intérêt de l’autre. Je ne savais pas comment me comporter en public… J’étais une proie facile pour toutes sortes de profiteurs.

Borges: J’ai vécu quelques mois avec ma grand-mère à Lisbonne, ai ouvert un restaurant végétarien en l’Algarve pour OKC et finalement je suis retourné à Bruxelles pour connaître ma mère, que je n’avais plus vu depuis huit ans. Les difficultés sociales étaient énormes: J’étais incapable de parler avec personne de sujets comme la musique, la politique ou le sport. Prendre les transports en commun, acheter un billet ou d’ouvrir un compte bancaire: je ne savais pas faire ces choses là. Grâce à mon premier ordinateur j’ai appris à connaître le monde réel… Je me suis aperçu que je ne pouvais continuer ma vie, que quand j’aurais fermé le chapitre OKC. J’ai cherché un avocat et j’ai contacté les anciens membres comme Sophie pour nous organiser contre Spatz. La réponse a été énorme. Des ex-disciples de tous les coins d’Europe étaient disposés à coopérer. L’état Belge se concentrait principalement sur la partie financière de l’enquête. Nous avons ajouté un dossier mœurs considérable, et avons réunis 21 parties civiles.

Une interview signé TVS

http://www.okcinfo.news/2016/enfants-maltrait%25c3%25a9s-et-abus%25c3%25a9s-deux-ex-membres-de-la-secte-okc

Source NL –  21.03.2016 –    http://www.humo.be/humo-archief/362367/mishandelde-en-misbruikte-kinderen-twee-ontsnapte-ex-leden-van-de-okc-sekte-getuigen

Après 18 ans d’enquête, la secte OKC enfin jugée.

Le Soir, 16 décembre 2015

Le procès correctionnel d’une poignée de responsables d’OKC (Ogyen Kunzang Choling) commencera le 4 janvier à Bruxelles. Après les vastes perquisitions de 1997, l’enquête a encore mis des années pour dénouer l’organisation tentaculaire qui s’ancrait aux quatre coins de l’Europe. Robert Spatz, le lama fondateur et principal inculpé, devra répondre personnellement d’au moins six plaintes pour abus sexuels préférentiellement sur mineures, et faire face à plus d’une centaine de préventions sur la construction financière, ainsi qu’à la qualification d’« association de malfaiteurs ». Le terme « secte » n’étant pas reconnu judiciairement parlant, des voix officielles d’OKC se sont clamées courroucées de l’usage du vocable « sectaire » par la chambre du conseil, comme de l’évocation de la communauté dans deux enquêtes parlementaires en France et en Belgique…Au sein de ce réseau autogéré, même les donateurs fortunés sont progressivement incités à prendre des responsabilités. Cela participe à resserrer les rangs des plaignants, tout comme l’absence de répudiation officielle par les dignitaires tibétains, selon un ancien adepte né dans OKC : « Spatz leur dit que ses avocats sont leurs avocats. Les disciples se sentent collectivement accusés».

Plus que d’endoctriner des personnes fragilisées, OKC a élevé leur progéniture, en faisant miroiter une élite promise à l’éveil à l’issue du parcours éducatif et en prêchant une interprétation pernicieuse de la notion asiatique de «détachement». «Les parents, considérés comme malsains en termes de: schémas mentaux, d’émotions, ne devaient pas transmettre ces poisons, continue cet ancien adepte. C’était prôné par Spatz, et en découlait une pression latérale pour amener les enfants au château de Soleils en France ».

Ces enfants ont puisé dans l’adolescence l’impertinence à même de dépasser la soumission inculquée par ce prosélytisme à consonance bouddhiste. Après des tentatives de réformes vers une gouvernance plus coopérative, un groupe a écrit à Robert Spatz pour exiger l’éloignement de deux jeunes femmes alors à ses côtés, lui faisant écho de suspicions d’abus sur une dizaine de filles. Pour soutenir celles qui ont eu le courage de dénoncer ces crimes, certains, aujourd’hui âgés de 25 à 40 ans, se sont organisés ces derniers mois pour être publiquement entendus. Ils auraient d’ailleurs eu à redire sur les non-lieux, en France (1999-2001), liés à la nécessité d’assistance éducative, aux privations de soins sur mineurs ou à l’exploitation par le travail.                                           

Maltraitances des enfants dans les murs du château, témoignages…

«Nos moments de Jeu donnaient l’illusion à nos parents qu’on était heureux, évoque Nele. Mais c’était l’armée. »

Entre les heures de temple matin et soir, il y avait la course matinale, les 108 prosternations, les cours et les corvées agricoles. La règle d’or imposait jeûne, confession publique voire enfermement dans des cellules de ressourcement selon la gravité des fautes. « On n’avait pas assez de gens compétents pour s’occuper de nous», estime Nele. Des carences ont été constatées. Certains parlent de blessures mal soignées, de traitements homéopathiques sans fin, de douches hebdomadaires, sans chaudière les premières années. « On devait s’asseoir sur un bidon sans nos culottes, jambes écartées, et il nous coupait les ongles. » Cette manie du responsable des garçons que décrit Nele à ses 7-8 ans en masquait une, plus grave, dans le dortoir :

« On se bordait toutes et on faisait le mort pour éviter, après ses bisous de bonne nuit sur le front, que ses grosses mains ne se baladent sous les draps… »

Après qu’une de ses favorites l’a dénoncé, il lui a été interdit d’approcher des enfants. Une condamnation peu sévère, en comparaison de leurs punitions : courses pieds nus sous la pluie comme sur la neige, châtiments corporels par son remplaçant… « Il avait un ongle toujours pointu pour régler l’alarme de sa montre à clavier digital, se souvient Senge.
Au bip, il prononçait ses sentences. Des garçons étaient fréquemment convoques dans sa chambre. Il avait des piles de mouchoirs en tissu, pliés méticuleusement. Il t’enfournait le sien dans la bouche et te mettait ventre au sol pour la leçon. Il baissait ton pantalon et se servait d’un bâton du bois de son choir et de ses poings pour te rouer de coups. » …Dans les années 90, le suivi des enfants a été amélioré; la musique classique est entrée au château, qui s’est ouvert au monde à travers les revues Géo ou l’émission « Ushuaïa ». Mais les plus de 13 ans n’ont pas connu cette accélération de la mise aux normes.

Un conditionnement guerrier.

Cette génération a été envoyée au monastère de Mu au Portugal. La culture d’économie était exacerbée pour s’approcher d’une vie autarcique entre jeunes. Ils géraient quasi seuls leurs cours par correspondance. « Spatz critiquait l’école, l’histoire vue par le système, déplore Senge. Nos scolarités se terminent en une espèce de nuage de fumée. C’était martial. On courait entre les points d’activités. On faisait 2-3 heures de karaté par jour sur du béton. » Une nuit, Senge est réveillé à l’arrivée du lama : « Sa tribu débarque avec ses caravanes ; chapeaux fenêtres, gilets en cuir, foulards… Ses musiciens commencent à danser. Spatz n’a plus que rosaire et bracelets du folklore tibétain. Pour beaucoup, il était à l’image de ces troubadours de la littérature tibétaine dont tout le monde acceptait les frasques. » Robert Spatz est revenu régulièrement à Mu. « C’était différent des enseignements publics continue Senge. Il nous baignait dans l’idée de la-fin du monde…

Des vierges en proie au gourou. Nele n’a pas été pas formée à devenir un de ces « soldats de l’apocalypse ». Plus privilégiée encore, elle a connu dès 12 ans le faste de ces fêtes gitanes au camp de Robert Spatz en Espagne : « J’ai découvert le Champagne, le caviar à la cuillère…» A son niveau spirituel, il disait ne plus devoir évoluer dans la pauvreté. Ses enfants vivaient d’ailleurs une vie normale, à Bruxelles. « Il m’a dit que si je m’occupais de son fils, il resterait, affirme Nele lorsqu’elle décrit la place accordée aux femmes. Après une soirée de beuverie où il est à peine conscient, on nous met ensemble dans une caravane.» Entre les quarantaines médicales attribuées à la peur des maladies du lama, Nele reçoit des massages pour soulager un mal de dos persistant: «Il me fait venir à plusieurs reprises, mais ça devient de plus en plus à des endroits que je ne comprends pas… » A ses 15 ans, alors qu’elle est en France, elle est à nouveau convoquée : « C’était cérémonial, dans le noir, avec des lampes. Je crois qu’il était nu, en tout cas en bas. Il regardait. Ça a été des doigts, des attouchements… Là, c’était clairement sexuel. On m’a dit

« tout ce qui se passe ici est secret. C’était comme avoir reçu quelque chose. »

La femme – mentionnée comme témoin ou complice – est citée par une autre victime. Sous prétexte d’ouvrir une voie prétendument élitiste vers des énergies supérieures, une fille l’accuse de rituels d’inspiration tantrique routiniers jusqu’à attendre qu’elle concède, mineure, à des actes sexuels sous le poids de ses arguments, de menaces d’enfermement et de son corps nu allongé sur elle. S’il nie ces faits, il a toutefois admis, en réaction à une autre plainte, s’être livré à un rituel initiatique en perspective de dévirginiser une jeune adulte…

Bruxelles: le juge rejette la comparution par vidéo-conférence d’un gourou présumé

La capitale.be 02 06 15

La 89e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles a rejeté mardi la demande de Robert S., fondateur de la communauté Ogyen Kunzang Choling (OKC),qui est considérée comme une secte, de comparaître par vidéo-conférence à son procès…Le procès concerne des activités illicites de l’OKC, soupçonnée d’avoir escroqué de nombreuses personnes, ainsi que des faits de moeurs dont est suspecté son dirigeant.

L’avocat de Robert S., Me Quentin Wauters, avait demandé au tribunal d’organiser une comparution par vidéo-conférence de son client étant donné que celui-ci, qui vit en Espagne, est en mauvais état de santé et que ses médecins lui déconseillent de se déplacer. Le juge a estimé qu’il n’y avait lieu de faire droit à aucune de ces demandes, Robert S. pouvant tout à fait se faire représenter par son avocat sans que les droits de la défense, ou ceux du ministère public, ne soient mis à mal. Ensuite, le juge a fixé les audiences du procès aux 4, 5, 7, 8, 18, 19, 21 et 22 janvier 2016. Il a également prévu les 25, 26, 28 et 29 janvier 2016 pour d’éventuelles audiences supplémentaires. Onze personnes physiques et morales liées à l’OKC sont soupçonnées d’avoir escroqué des dizaines de personnes et d’avoir abusé de leur confiance dans le cadre des activités de cette communauté bouddhiste à Bruxelles. Par ailleurs, Robert S. seul devra aussi répondre de faits de moeurs commis en 2007.

http://www.lacapitale.be/1301486/article/2015-06-02/tribunal-correctionnel-de-bruxelles-le-juge-rejette-la-comparution-par-video-con

Secte OKC : viols avec tortures corporelles

J.-P.D.S. – L’Avenir 05.05.2015– Le gourou, Robert Spatz, avait trouvé un prête-nom pour s’installer à Aiseau-Presles, en février 2001. Il y aurait violé une mineure jusqu’en janvier 2003. Le procès de la secte OKC, de son gourou, de sa constellation de sociétés et de ses sept coprévenus n’en est qu’aux préliminaires. Hier après-midi, le tribunal correctionnel de Bruxelles a été saisi d’une demande du principal prévenu, via son avocat, Me Quentin Wauters, en vue d’obtenir des audiences en vidéo conférence. En effet, Robert Spatz, 71 ans, réside dans le Sud de l’Espagne où son état de santé est précaire. Il voudrait que le procès puisse commencer mais en restant là-bas…

Et la santé sexuelle? «Des problèmes de santé depuis 1962? Ça n’a pas empêché M. Spatz de voyager en Inde, au Tibet, dans le Sud de la France, en Espagne… Quand il a été convoqué à Digne-les-Bains, il a fait savoir qu’il souffrait d’un mal qu’il avait lui-même qualifié de mystérieux. Mais il multipliait les agressions sexuelles sur des jeunes femmes et sur des mineures, des ‘initiations’, comme il dit! Et il multipliait les montages fiscaux. En 2000, il est au plus mal mais il va s’installer clandestinement à Aiseau-Presles et il commet à nouveau des viols et des attentats à la pudeur sur une mineure, jusqu’en 2003! Pas d’avion, pas de train? Le médecin légiste ne voit pas de contre-indication. Et il peut venir en ambulance!», a rétorqué le magistrat de l’accusation.

En fait, en plus des faits d’escroquerie, de détournement, de blanchiment, d’évasion fiscale, des rapts et séquestrations d’enfants, à Bruxelles et en France, Robert Spatz répond aussi d’un faux contrat de bail, signé par un haut fonctionnaire européen – un coprévenu – pour résider discrètement rue de l’Église à Aiseau-Presles, en gardant un domicile fictif à Bruxelles. Selon l’accusation, il y a perpétré des viols et des attentats à la pudeur, avec tortures corporelles sur une mineure qu’il avait embrigadée avec sa compagne – également poursuivie – dans son «Domaine de la Claire Lumière»… Cette victime de faits de mœurs est la cinquième recensée par le parquet.

http://www.lavenir.net/cnt/dmf20150505_00643850 

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