Les mouvements du New Age privilégient la pensée magique et s’inspirent globalement de l’hindouisme et du bouddhisme avec une pincée de religions païennes et d’occultisme, le tout présenté dans un vocabulaire occidentalisé et, plus récemment, modernisé de telle façon que les croyances se confondent avec la science. Ainsi le mot « quantique » pourrait être mieux traduit par « spirituel » dans le contexte new age, ce qui implique une confusion avec l’acception scientifique du terme. Il en est de même pour les mots « énergie, énergétique », qui évoquent un concept spirituel moniste (tout est Dieu), dont la meilleure signification dans notre culture correspondrait à l’« âme », un homonyme qui n’a rien à voir avec l’énergie sur laquelle travaillent les physiciens. Une grande proportion des groupes qui se sont trouvés dans la liste des sectes du rapport parlementaire de 1995 « les sectes en France », dans le rapport parlementaire sur les enfants dans les sectes de 2007 et dans celui de 2013 sur les sectes et la santé, appartiennent à cette mouvance New Age. Elle n’est pas un groupe organisé, mais plutôt une nébuleuse, une toile de fond idéologique dont les croyances sont le ferment de nombreuses sectes. Cependant, tous ces groupes ne sont pas des sectes au sens nuisible où nous l’entendons, mais tous ont un potentiel de dérives sectaires. Tout dépend de l’intensité de l’engagement et du niveau d’aberration des pratiques qui différent d’un groupe à l’autre.
Ce genre de groupe est fréquenté par nombre de clients/patients/adeptes qui peuvent avoir plusieurs appartenances (en particuliers à des religions d’extrême orient ou à des succédanés, voire des sectes). Ceci signifie qu’il est prudent de toujours rester vigilant lorsque l’on participe aux activités de formation, de développement personnel, de yoga, de méditation, de thérapies « énergétiques, holistique, quantiques » de tels mouvements. Les gens les plus sympathiques, parce que séducteurs, y sont assez fréquemment des adeptes de sectes qui profitent de ce « vivier » pour faire du recrutement et parfois à l’insu des organisateurs de stages et formations.
Notons, l’attrait des adeptes du New Age pour les médecines parallèles, holistiques, globales, spiritualistes ou qui n’ont pas de validation scientifique et qui sont mises en œuvre par des gens qui n’ont, la plupart du temps, pas de vraies compétences médicales. Certains sont aussi de véritables illuminés dogmatiques. Ceci implique dans certains cas, malheureusement fréquents, de vrais risques pour la santé, le refus des vaccinations et des opportunités de manipulations mentales dans les prises en charges pseudo psychothérapeutiques ou spirituelles. Certains thérapeutes new age ont causé la mort de personnes malades par incitation retarder ou à s’abstenir de vrais soins médicaux. Ces groupes sont souvent suspicieux et même très souvent en opposition avec la médecine, la raison et la science qu’ils dénigrent en général au profit de l’intuition et du ressenti. Nombre d’entre eux imaginent qu’un complot médico-pharmaceutique est à l’origine d’une escroquerie à la santé institutionnelle généralisée, quand ce n’est pas pire. Nous avons observé de nombreuses fois qu’ils se couvrent juridiquement sur leur site internet par des formules du type « démarche de mieux être ne remplaçant pas une consultation médicale », en totale opposition avec le discours anti-médical (négation du SIDA, la chimiothérapie tue, etc.) tenu en interne. Cette défiance conspirationniste envers le « système » amène assez souvent des parents à scolariser eux-mêmes leurs enfants ou à les mettre dans des écoles dites « alternatives », lesquelles sont parfois aux mains ou inspirées de mouvements sectaires.
Pour résumer, le nouvel âge ou new age est un syncrétisme de croyances plus ou moins directement inspirées de la Société théosophique fondée par HP Blavatsky il y a un siècle, reconditionné en vue d’une adaptation au marché occidental ce qui permet souvent aux leaders de cette mouvance spiritualiste de faire un business très lucratif et onéreux, voire très onéreux (stages, séminaires, cours, formations professionnelles, livres, DVD, prestations thérapeutiques ou autres, voyages initiatiques…). Le vocabulaire spirituel du new age exprime des croyances le plus souvent sous des formes pseudo scientifiques ou pseudo psychologiques trompeuses, ce qui provoque beaucoup de confusion dans l’esprit des usagers mis en confiance par ce biais. Les termes « vibration, énergie, harmonisation, aura, karma, chakras, méditation, holistique, quantique… », Etc. reviennent souvent. Leurs clients sont souvent l’objet d’une catéchèse alors qu’ils s’imaginent être dans une démarche ou une « technique » de mieux être, psychologique ou thérapeutique. Le new age permet d’avoir aussi plusieurs appartenances, plusieurs gourous, maitres, dénommés parfois « coachs de vie », avec l’émergence d’une mode pour le néo chamanisme et son corolaire : des drogues hallucinogènes prohibées en France (Ayahuasca, iboga).
Tous ces groupes ne sont pas des sectes, du moins nous ne pouvons l’affirmer faute de preuve tant ils sont groupusculaires et nombreux, mais compte tenu du profil global évoqué ci-dessus, il est nécessaire de rester très prudent lorsqu’on est tenté de s’y adonner. Nous avons observé de très nombreux cas de changement radical et soudain de personnalité, de repliement sur soi très égocentrique suite à des stages de type new age induisant de ce fait des divorces, de l’endoctrinement et du relâchement dans l’éducation des enfants et parfois l’abandon inconsidéré d’un emploi rémunéré pour se livrer sans formation médicale à des activités thérapeutiques sur un marché de la santé « alternative » déjà saturé de charlatans et plus grave, l’abstention de soins médicaux nécessaires, voire vitaux.
Les principaux marqueurs de dérives sectaires dangereuses pour les enfants sur lesquels il serait utile d’être vigilant concernant les groupes new age:
-Refus des vaccinations obligatoires, certificat de complaisance de médecins adeptes
-Manque de soins médicaux appropriés en cas de besoin
-Alimentation problématique pour un enfant : végétarisme, végétalisme, ou pire, pranisme (diète radicale et prolongée parfois jusqu’à des dommages irréversibles)
-Déscolarisation, où scolarisation dans des établissement hors contrat avec l’Education nationale
-Participation à des séances collectives de transe où l’enfant est mis en situation de confondre les croyances magiques qui lui sont inculquées avec la réalité
-Phobie de l’obscurité dues à des discours sur le monde invisible terrifiant et omniprésent
-Marginalisation du fait un endoctrinement amenant à une sorte de paranoïa décrivant le monde et ceux qui le composent comme essentiellement impur, maléfique et infréquentable.
-Pour les enfants ayant des difficultés scolaires, psychologiques, de précocité, le concept de l’enfant Indigo ou Cristal (il y a d’autres appellations) est très répandu dans les milieux new age avec des conséquences parfois graves (Voir rapport de la Miviludes de 2010 à ce sujet.
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La nébuleuse mystique-ésotérique selon Bernard Blandre, historien spécialiste des nouveaux mouvements religieux – Extraits (Découvertes sur les sectes et religions n° 112, 01.10.2016).
« Le holisme caractérise la conception mystique-ésotérique de l’Univers : elle conçoit l’ensemble des mondes minéral, vivant, spirituel et divin comme un tout indivisible dont chaque élément est solidaire des autres. Les formations proposées insistent fréquemment sur l’objectif d’un retour à l’Unité et à vivre en harmonie avec l’ensemble, et sur la nécessité d’acquérir une « conscience planétaire ». D’où fréquemment le végétarisme, en référence à l’hindouisme. D’où la contestation de la médecine occidentale accusée de ne traiter que l’organe malade alors qu’il faut soigner l’ensemble de l’être humain y compris dans sa dimension spirituelle (…)
Les documents de communication qui présentent les maîtres à penser de la nébuleuse les montrent comme des personnalités extraordinaires ou des références auxquelles on ne peut qu’avoir recours en raison de leurs niveaux de connaissance… Ils peuvent tirer leur légitimité de leurs contacts avec le monde spirituel qui les instruit et les guide (…)
Le disciple ou adepte. Celui qui suit les formations dispensées par les maîtres est appelé à prendre conscience de l’importance de son potentiel, de redécouvrir sa vraie nature : la nature divine.
Il est invité à se purifier de ce qui l’empêche de progresser : à consommer une alimentation saine, à se débarrasser des souillures héritées de ses vies antérieures voire de celles de ses ancêtres. Il lui est proposé de renoncer à son ego pour finalement se fondre dans le grand Tout –c’est-à-dire, en fait, à renoncer à son individualité. Les maîtres qui axent leur formation sur la sexualité proposent de se libérer des tabous et des inhibitions. L’objectif est de vivre le bien-être dès le présent plutôt que dans le paradis futur du christianisme. La promesse de développer des pouvoirs exceptionnels donne à la nébuleuse mystique-ésotérique un aspect particulièrement attrayant qui justifie les efforts de ceux qui s’y engagent. Ă la différence du gnostique qui recherche la connaissance pour la connaissance, le chercheur de la nébuleuse veut trouver les moyens du jouir de la vie.
Persuadé d’appartenir à une élite, l’adepte reçoit la mission de participer à la transition de l’humanité de l’âge des Poissons à celui du Verseau. Pour cela, il participe à des manifestations collectives (…)
L’initiation se donne dans des cadres divers : conférences, stages de durées diverses (d’un weekend à une semaine), séminaires, qui s’échelonnent sur plusieurs mois et des voyages initiatiques qui peuvent avoir des continents éloignés pour destination. Les enseignements portent sur la connaissance des croyances mais peut-être surtout multiplie-t-on les expérimentations (…)
Coûts et risques. La participation aux stages ou aux voyages initiatiques est évidemment coûteuse. Il existe par ailleurs tout un commerce d’objets censés détenir des pouvoirs bénéfiques ; on voit beaucoup mentionner des pyramides et plus encore des cristaux. Il existe une véritable marchandisation du spirituel.
Évidemment, les pratiques proposées ne sont pas sans danger. S’il faut éviter toute généralisation abusive de cas particuliers, force est de constater des faits regrettables. La dépréciation de la médecine et de la psychiatrie au profit de thérapies alternatives et de techniques parapsychologiques n’est pas sans effets : on ne peut pas sans risques affirmer que la guérison du cancer et du SIDA peut se produire uniquement grâce à la spiritualité, ni présenter comme foncièrement mauvais la vaccination et les médicaments. Plus d’une fois, des personnes sont mortes (…)
En résumé, de nombreux aspects de la civilisation occidentale sont rejetés par la nébuleuse mystique-ésotérique, qui leur oppose sa vision idéalisée des cultures de l’Inde, du Tibet ou des Amérindiens. Son essor est un effet de la crise morale d’Occidentaux déçus parce que la science et la technique n’ont finalement pas apporté le bonheur, qui désertent les églises où l’on promet le Paradis après la mort alors que le bien-être immédiat est jugé préférable, et qui ont estimé que l’utopie marxiste n’avait pas su être préférable au capitalisme libéral.
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