• 23 novembre 2024 10 h 39 min

Association GEMPPI - SECTES INFOS

Aide aux victimes de dérives sectaires / Informations / Sensibilisation / Formations

Temps de lecture : 24 min.

Le bouddhisme et ses déclinaisons New Age

 

Conférence de Félix Crespo, moine Bouddhiste Bönpo, animateur du site http://bouddhanar.blogspot.com/2011/09/neuromarketing-controle-mental.html

Extrait du colloque national du samedi 8 octobre 2011

Organisé par le GEMPPI « Extrémismes religieux, dérives sectaires et thérapeutiques »

à l’Espace Ethique Méditerranéen – Hôpital adultes de La Timone – Marseille

 

L’appel de l’Orient

Mon travail dans un Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile (C.A.D.A) m’a fait connaître des errants, des persécutés, des réfugiés économiques, d’anciens tortionnaires devenus des parias à la suite d’un coup d’État. Des récits à la limite du supportable ont modifié ma vision de la civilisation et de la mondialisation.

Où va l’humanité ? Pourquoi acceptons-nous de nous soumettre à des politiciens ou à des religieux qui trahissent notre confiance et exploitent notre crédulité ?

 

La sagesse orientale peut-elle nous aider à améliorer notre condition ?

J’ai tout quitté pour aller en Orient. Du Népal à Taïwan, de l’Indonésie au Tibet, de la Thaïlande à la Chine, j’ai cherché des réponses à ces questions. En Inde, j’ai revêtu les habits de pèlerin hindou pauvre. Sous cet aspect misérable, je suis arrivé au monastère de Menri, dans l’Himachal Pradesh, un État situé au nord de l’Inde. Ce monastère appartient à la tradition tibétaine Bönpo qui dominait au Tibet avant l’arrivée du bouddhisme.

 

Un musée de la spiritualité

Le Bön était la religion du royaume du Zhang-zhung, annexé au 8ème siècle par les armées d’un roi du Tibet converti au bouddhisme. Cette religion a intégré des enseignements et des traditions de Chine, d’Inde, de Perse… Le Bön est une sorte de musée de la spiritualité où confluent le chamanisme, le mazdéisme, le taoïsme, le tantrisme, l’enseignement d’un Bouddha nommé Tonpa Sherab qui aurait vécu bien avant le Bouddha indien… La philosophie de Tonpa Shenrab est similaire à la philosophie bouddhiste. Les quelques différences justifient des joutes philosophiques entre les lamas Bönpo et les lamas Guélougpa (l’école bouddhiste des Dalaï-lamas). Un divertissement qu’affectionnent les érudits tibétains.

Une sagesse libertaire

Les Guélougpa sont considérés comme les représentants les plus orthodoxes du Vajrayana (bouddhisme tibétain). Toutefois, les fresques du temple secret du 5ème Dalaï lama (chef des Guélougpa) sont inspirées par une philosophie différente du bouddhisme : le Dzogchen. Le Dzogchen est l’enseignement ultime des Nyingmapa. L’école Nyingma est la première école du bouddhisme tibétain. Les Bönpo enseignent également le Dzogchen, qui est aussi au sommet de leurs doctrines. Or le Dzogchen (Bön et Nyingma) a beaucoup d’affinités avec une sorte de bouddhisme libertaire, le Chan. Le Chan, venu de Chine, est imprégné de l’anarchisme taoïste que l’on trouve dans les écrits de Tchouang-tseu datant du 3ème siècle avant notre ère. C’est un maître chinois de l’école Chan qui a déclaré : « Je vous le dis : il n’y a pas de Bouddha, il n’y a pas de Loi ; pas de pratiques à cultiver, pas de fruits à éprouver. Que voulez-vous donc tant chercher auprès d’autrui ? Aveugles qui vous mettez une tête sur la tête ! Qu’est ce qui vous manque ? » (Lin-ji)

Le Chan rejette les méditations fabriquées, les techniques et les artifices spirituels. Il préconise une spontanéité qui s’oppose aux méthodes graduelles des lamas. En revanche, les maîtres lamaïstes prétendent que l’Éveil n’est pas possible sans les techniques dont ils ont le secret et qu’ils acceptent de révéler contre de l’argent ou de l’or. Un cycle d’enseignements secrets se nomme  « Le Dharma d’or » pour cette raison. La propagation du Chan au Tibet risquait d’ébranler l’institution gradualiste des lamas et d’affranchir le peuple des croyances religieuses qui permettaient au clergé d’avoir une position dominante dans la société. Le Chan fut donc proscrit au terme du Concile de Lhassa, au 8ème siècle. Toutefois, il a discrètement survécu dans le Dzogchen des Bönpo et des Nyingmapa, et le Mahamudra des Kagyupa.

 

La face cachée du lamaïsme

Mon intérêt pour le Dzogchen des Bönpo m’a fait répondre positivement quand le 33ème Abbé de Menri m’a proposé de rejoindre la communauté monastique. L’ordination m’a aussi permis de découvrir certains aspects du monde tibétain qui échappent habituellement aux touristes spirituels.

Dans le cadre du Dzogchen, le moine est une sorte de philosophe indépendant très différent du religieux ritualiste ou du dogmatiste pointilleux. Malheureusement, même dans un monastère où l’on trouve des textes issus d’une tradition philosophique libertaire, l’institution religieuse n’hésite pas à exploiter les faibles et à punir impitoyablement ceux qui ne se plient pas à la discipline. Au monastère, je découvre que les petits orphelins, sales et en haillons, travaillent durement à l’agrandissement du temple. Par ailleurs, ces orphelins sont utilisés pour apitoyer les donateurs occidentaux. Quand deux enfants, accusés de vol, sont séquestrés et battus, je m’insurge. Mais ne trouve personne pour m’aider à faire libérer les enfants.

L’autre moine français traversant une crise mystique qui le transforme en imbécile heureux.

Une ethnologue allemande ne songe qu’à son mémoire sur les danses sacrées des Bönpo. Le petit groupe d’occidentaux, qui participe à un stage de tcheu, ne veut pas savoir que le féodalisme tibétain perdure en Inde. Cette vérité gâcherait leur précieuse recherche de la grande béatitude tantrique.

Profondément écoeuré, je quitte le monastère après avoir déclaré que je rejoins la voie des moines solitaires.

 

Les techniques secrètes

Les occidentaux qui veulent apprendre à mieux gérer les possibilités de l’esprit et du corps sont convaincus que la maîtrise de techniques est indispensable. Or l’outillage des lamas pour conduire l’expérience mystique est impressionnant. Leurs innombrables méthodes permettraient de reproduire à volonté des états spirituels et de parvenir au contrôle des fameux pouvoirs qui fascinent l’Occident depuis presque un siècle. Dès 1929, le livre d’Alexandra David-Neel, Mystiques et magiciens du Tibet, popularise les techniques psychiques des Tibétains. Les lecteurs de la célèbre exploratrice française découvrent que des lamas utilisent des méthodes précises pour :

• se réchauffer sans feu au milieu de la neige ;

• parcourir, avec une rapidité extraordinaire, des distances considérables, sans se nourrir, ni prendre de repos ;

• communiquer par la pensée, etc.

« Le secret de l’entrainement psychique, comme les Tibétains l’entendent, consiste à développer une puissance de concentration de pensée dépassant de beaucoup celle que possèdent, naturellement, les hommes même les mieux doués à cet égard », précise Alexandra David-Neel. Et elle ajoute :

« Les Tibétains affirment que par le moyen de cette concentration, des ondes d’énergie sont produites. Le mot «onde» est de moi, bien entendu. Je l’emploie pour rendre l’explication plus claire et parce que, comme on le verra, il s’agit bien, dans la pensée des Tibétains, de courants de forces. Toutefois, ceux-ci emploient simplement le mot «énergie». Cette énergie, enseignent-ils, est produite chaque fois qu’une action mentale ou physique a lieu. Action de l’esprit, du verbe ou du corps, d’après la classification bouddhiste. C’est de l’intensité de cette énergie et de la direction qui lui est donnée que dépend production des phénomènes psychiques. Voici, d’après les maîtres magiciens du Tibet, différentes manières dont peut être utilisée l’énergie engendrée par une puissante concentration de pensée :

Un objet peut être chargé par ces ondes, à la façon d’un accumulateur électrique, et rendre, ensuite, l’énergie qu’il contient, sous la forme d’une manifestation quelconque. Par exemple : il augmentera la vitalité de celui qui entre en contact avec lui, lui communiquera de l’intrépidité, etc.

C’est en se basant sur cette théorie que les lamas préparent des pilules, de l’eau bénite et des charmes de diverses espèces, qui sont supposés protéger contre les accidents ou tenir en bonne santé. Le lama doit premièrement se purifier par un régime alimentaire particulier et par la méditation dans la retraite ; ensuite, il concentre ses pensées sur les objets qu’il veut charger de force bienfaisante. Plusieurs semaines ou même plusieurs mois sont parfois consacrés à cette préparation. Cependant, quand il s’agit seulement d’écharpes ou de cordons charmés, ceux-ci sont souvent noués et consacrés en quelques minutes.

L’énergie transmise à l’objet infuse en lui une sorte de vie, et il devient capable de mouvement et peut accomplir des actes qui lui sont dictés par celui qui l’a animé. »

 

Les méthodes

La technicité lamaïste est particulièrement bien accueillie par le Nouvel Age dont le but des méthodes est de reproduire à volonté les états mystiques comme s’il s’agissait d’objets de laboratoire. Dans son livre « L’idéologie du New Age », Michel Lacroix relève une contradiction du Nouvel Age :

« Voilà un mouvement qui part en guerre contre la société technicienne et contre le matérialisme, qui se proclame le défenseur des valeurs de l’esprit, qui veut promouvoir la civilisation de l’être. Or, le modèle de vie spirituelle qu’il préconise relève du plus pur technicisme. L’âme des « new-agers » est asservie à des procédés. L’un des livres à succès du Nouvel Age porte un titre qui a valeur de symbole : « L’Age d’être et ses techniques ». Un outillage pour conduire l’expérience mystique et spirituelle… La quête de l’être a donc besoin qu’on l’instrumentalise. Les animateurs de stages de transformation personnelle enseignent que, pour vivre pleinement, il faut apprendre à « mieux gérer les possibilités de son esprit et de son corps ». Ce langage technocratique est très révélateur. Pour connaître une vie pleine, il faut donc recourir à des techniques de gestion rationnelle. Il est d’ailleurs caractéristique de voir la place qu’occupe le concept fort ambigu de «gestion mentale » dans toutes sortes de techniques que le Nouvel Age reprend à son compte, telles la programmation neurolinguistique ou l’analyse transactionnelle. »

 

Le lamaïsme et le Nouvel Age ont en commun un fond totalitaire

Le Nouvel Age intègre les disciplines orientales et les techniques de méditation dans le cadre de pratiques thérapeutiques et d’une inquiétante idéologie totalitaire. Et, en matière de totalitarisme, le lamaïsme n’a pas de leçons à recevoir. N’oublions pas que la dictature religieuse des lamas a duré jusqu’au milieu du XXe siècle. C’est seulement le 28 mars 1959 que le servage est aboli par les Chinois. L’institution des dalaï-lamas remonte au XIVe siècle. Le premier dalaï-lama se nommait Gedun Drup (1391-1474). Chögyam Trungpa, né en 1939 au Tibet, est une exception dans la diaspora lamaïste car il chercha à réformer le bouddhisme tibétain qui avait dégénéré. « Il ne gardait aucune nostalgie pour le Tibet de son enfance n’hésitant pas à affirmer que « plus personne ne pratiquait réellement, c’était une grosse arnaque. Pas étonnant que les communistes aient décidé de prendre le pouvoir, ils avaient raison de ce point de vue […]. En fait, je pense que la destruction du royaume du Tibet a été une grande chance pour le bouddhisme. », disait-il (Propos rapportés par Fabrice Midal, auteur du livre « La pratique de l’éveil de Tilopa à Trungpa »). Ce lama, décédé prématurément en 1987, n’a pas vu que son travail de transplantation du bouddhisme en Occident a été dévoyé par le lamaïsme hiérarchique et féodal. En Occident, dans nombre de centres dirigés par les lamas, il y a une version moderne du servage tibétain, mais légale au nom du bénévolat. En effet, les pauvres, qui ne peuvent payer le prix exigé pour participer aux enseignements et aux retraites, doivent travailler gratuitement et sont corvéables à merci. On peut redouter le pire quand le lamaïsme hiérarchique et autoritaire rencontre le Nouvel Age porteur du projet de création de l’homme nouveau. Les deux travaillent sur la conscience, sur les émotions, sur les aspirations, sur les croyances… « Il y a là une tentation fabricatrice  qui peut, le cas échéant, prêter la main à toutes les manipulations mentales », dit le Philosophe Michel Lacroix. Il précise sa pensée en ces termes :

« Le projet des régimes totalitaires du XXe siècle a été de changer l’homme. Le totalitarisme a posé en axiome la totale malléabilité, la réformabilité de la nature humaine, de sorte que l’homme a été littéralement mis en chantier. Il s’agissait de le reconstruite par l’éducation, par le conditionnement, par la propagande, par l’eugénisme… Ainsi s’est développé le fantasme de l’« homme nouveau », qui a légitimé une mainmise complète sur les individus. Le Nouvel Age ne s’inscrit-il pas dans cette filiation avec son projet de réforme radicale de l’homme ?

La transformation personnelle n’est-elle pas un avatar de ce funeste esprit « ingéniérial »?

Les déclarations des formateurs sont très révélatrices à cet égard. Selon eux, il n’existe pas de nature humaine immuable, définissable une fois pour toutes : l’homme est quelque chose d’éminemment variable, reprogrammable, révisable. « L’homme,- lit-on dans le prospectus d’un institut de développement personnel très prisé,- doit se prendre comme un ouvrage entre ses mains. »

 Il faut qu’il sache démonter et remonter son moi comme un mécano. Ce sont, vous explique-t-on, vos «croyances » (c’est-à-dire « toute idée considérée comme vraie pour soi ») qui déterminent votre action ; or ces croyances peuvent être « créées ou décréées » facilement. Il vaut la peine de s’attarder sur ces quelques mots, qui sont lourds de sens. Ils veulent dire que les valeurs, les pensées, les convictions morales ou les religions – en un mot l’héritage culturel d’un individu – se laissent déprogrammer et recombiner à volonté. On vous assure qu’il est aisé de « gérer vos croyances », de les « modifier », de les éradiquer, de sorte que vous « maîtriserez ce que vous croyez ». En changeant votre système de croyance, vous aurez le sentiment de «créer délibérément votre vie », pour peu que vous ayez confié votre transformation personnelle à la méthode vantée par ledit prospectus, une méthode présentée comme particulièrement « puissante et efficace ». On imagine facilement le décapage mental qui permettra aux individus de se défaire de leurs cadres de pensée, si ces derniers sont jugés inadéquats. Le Nouvel Age mobilise donc les sciences de l’homme et du cerveau ainsi que les techniques de la transformation pour ouvrir l’être intime à des demandes à caractère totalitaire. L’énigme de la personne et les secrets de l’âme sont investis par le technicisme et le scientisme. »

 

 

Le surhomme

Les méthodes enseignées par le lamaïsme permettraient de créer un surhomme maîtrisant huit grands siddhi qui confèrent :

– le pouvoir de vaincre avec une épée magique,

– le pouvoir de découvrir les trésors cachés,

– le pouvoir de se déplacer très rapidement sans se fatiguer,

– la faculté de se rendre invisible,

– le pouvoir de transmuer les métaux en or et d’acquérir la jeunesse éternelle,

– le pouvoir de voler,

– la faculté d’aller n’importe où sur terre en un instant,

– le pouvoir sur le monde des esprits et des démons.

Pour devenir un maître accompli du tantrisme tibétain, les lamas exigent une longue purification préliminaire. Les néophytes doivent accomplir de nombreux exercices afin d’obtenir la qualification exigée par le lamaïsme. C’est un entraînement qui comprend quatre ou neuf pratiques principales. Chacune de ces pratiques est répétée cent mille fois.

Les élèves des écoles Nyingma et Bön se livrent à neuf pratiques purificatrices préliminaires pour transformer leur esprit, c’est-à-dire qu’ils doivent totaliser près d’un million d’exercices spirituels.

 

Les neuf pratiques préliminaires des Bönpo

La pratique du gourou yoga est une visualisation du maître de la lignée bénissant le corps, la parole et l’esprit du disciple qui l’a invoqué.

La pratique des neuf réflexions sur l’impermanence (perte des biens, vieillesse, mort, état post-mortem, etc.).

La pratique de purification est une visualisation d’un Bouddha du panthéon lamaïste et la récitation de son mantra de cent syllabes.

On se prosterne cent mille fois devant l’image des maîtres de la lignée tout en récitant la formule de refuge. On prend refuge dans les Bouddhas, les maîtres et aussi les statues, stupas et textes sacrés…

L’offrande du mandala et la récitation de trois mantras sont particulièrement prisées pour compléter le programme de purification de l’adepte.

L’offrande de son corps est nommée « Tcheu » (la découpe). L’adepte visualise son propre corps dépecé et mis à cuire dans un chaudron afin d’alimenter toutes les créatures des six royaumes du samsara et les êtres des huit classes (démons compris). Cette visualisation morbide est répétée cent mille fois.

Après un long séjour dans un monastère de l’école kagyu du bouddhisme tibétain, l’anthropologue Marc Bosche s’interroge :

« Que pouvons-nous déduire des pratiques répétitives du bouddhisme de tradition himalayenne, en particulier des mantras, des prières, des supplications au gourou, ou des préliminaires ? Cette répétition (des dizaines de milliers de fois, jusqu’à cent mille, voire un million pour le mantra de Chenrezig) est-elle toujours compatible avec l’idée de créativité, de richesse culturelle, de variété et de découverte ? N’y a-t-il pas là quelque chose qui peut éventuellement réduire cette ouverture et cet appétit d’apprendre et de connaître ?  […]

Et dans les retraites du tantrisme bouddhique, la question se pose de l’intensité des pratiques répétitives. Quatre sessions de (3 heures chacune) de rituel quotidiennes (comportant ces nombreuses répétitions de mantras, de gestes ou de prières), plus le rituel collectif (protecteur courroucé) du soir rendent sans doute restreint le temps de la contemplation et des activités personnelles. »

 

Une doctrine secrète immorale et criminelle

Les pratiques préliminaires ont pour but d’éradiquer les désirs grossiers, de brider l’égoïsme, de réduire l’attrait du monde et d’inculquer une morale religieuse. Ce formidable conditionnement transforme le plus grand nombre des pratiquants en dévots dociles, mais il n’affecte pas des « élus » qui, parvenus aux initiations supérieures, adoptent une doctrine totalement immorale. Doctrine qui enseigne exactement le contraire de ce que soutenait l’ascétisme bouddhique.

Par exemple, la pédophilie est une pratique préconisée par les rites secrets des initiés lamaïstes, c’est même une sorte de devoir sacré. Un lama tibétain, spécialiste des rites de Kalachakra, écrit :

« Le rite commence avec des fillettes de 10 ans. Jusqu’à leur vingtième année, les partenaires sexuelles représentent des vertus positives. Au-delà, elles comptent comme porteuses d’énergie de colère, de haine, etc. et comme femmes-démons. Dans les étapes initiatiques de 8 à 11 du tantra de Kalachakra, l’expérimentation se fait avec une « seule » femme. Pour les étapes de 12 à 15 appelées le Ganashakra, 10 femmes participent au rite aux côtés du maître. L’élève a le devoir d’offrir les femmes comme « présents » à son lama. Les laïcs se faisant initier doivent amener leurs parentes féminines (mères, sœurs, épouses, filles, tantes, etc.). En revanche, les moines ayant reçu la consécration ainsi que les novices peuvent utiliser des femmes de diverses castes qui ne sont pas leurs parentes. Dans le rite secret lui-même, les participants font des expériences avec les semences masculines et féminines (sperme et menstruation) ; les femmes ne sont pour l’initié masculin que des donneuses d’énergie et leur rôle cesse à la fin du rite ». (Gen Lamrimpa, « Transcending Time, an explanation of the Kalachakra Six-Session », cité par E. Martens.)

 

Pourquoi le dalaï-lama, les dignitaires du lamaïsme et les grands initiés de Kalachakra et de ses arcanes criminels, ne sont-ils pas interdits de séjour dans les pays qui punissent pénalement la pédophilie, le racisme, le cannibalisme ? Nous avons vu que la pédophilie est bien réelle dans certains rites secrets du lamaïsme. La réponse est que ces rites ne sont probablement plus pratiqués par le Dalaï Lama et ses fidèles proches, du moins nous le croyons et surtout, pour condamner quelqu’un, il faut prouver les faits.

Quant au cannibalisme, on le trouve dans plusieurs textes et notamment le tantra de Kalachakra.

 

Le kalachakra Tantra et le cannibalisme

Le kalachakra Tantra,  » La Roue du Temps « , est le texte le plus sacré du bouddhisme tibétain. Selon la légende, sa rédaction est attribuée au premier roi du royaume mythique de Shambhala. Ce texte fondamental a été traduit en français. Il est distribué dans toutes les grandes librairies. Certains libraires, peu attentifs au contenu des livres qu’ils vendent, l’ont mis à côté de délicats textes religieux empreints de poésie mystique. Pourtant, le chapitre six du texte sacré des bouddhistes tibétains comprend un traité d’alchimie et de démonologie qui n’a rien de poétique. En effet, La strophe 125 évoque une recette de sorcellerie peu ragoûtante. Il est écrit : « La consommation de matière fécales et d’urine, de sperme et de sang menstruel, mélangés à la chair humaine, prolonge la vie. Ce sont les cinq ingrédients qui entrent dans la composition des pilules de nectar ».

D’après les lamas, c’est le Bouddha lui-même qui aurait expliqué comment préparer et utiliser ces ingrédients pour rajeunir, supprimer toutes les maladies, mettre fin aux difformités corporelles…

De nos jours, des lamas distribuent parfois ces  » pilules de nectar  » à leurs élèves les plus zélés. C’est une faveur rare, toujours appréciée comme une grâce. Toutefois, le lama Kelsang Gyatso, entré dans la dissidence qui ébranle l’école Gelug, recommande de ne pas consommer ces pilules fabriquées avec des substances impures, telles que de l’urine et des excréments. Kelsang Gyatso ne croit pas que tous les lamas peuvent transformer de répugnants ingrédients en nectar thérapeutique. Mais la majorité des adeptes du lamaïsme pensent que Kelsang Gyatso est un séditieux qui cherche à saper l’autorité du dalaï-lama.

 

L’occultisme lamaïste

La sorcellerie est présente dans beaucoup d’autres textes religieux tibétains. Le Hevajra Tantra, particulièrement vénéré par les Sakyapa, indique les mantras utilisés pour les principales catégories de rites magiques. Des rites qui ignorent totalement la moralité et la compassion bouddhiques.

Les rites des lamas de haut rang permettraient d’obtenir le pouvoir :

– d’ensorceler ;

– d’arrêter les actions d’autrui, de les pétrifier ;

– de séparer deux amis, des parents, des amoureux, etc., et de créer de l’animosité entre les gens ;

– de faire fuir les ennemis, de les faire tomber en disgrâce, de détruire les habitations des ennemis ;

– de tuer ou de blesser les ennemis au moyen de pratiques en apparence inoffensives…

Ainsi des lamas, qui prétendent adhérer à la doctrine du renoncement du Bouddha, pratiquent secrètement un occultisme profondément immoral et criminel.

 

Mandala Matrix

Dans « Mandala Matrix » Marc Bosche se livre à une réflexion qui enchantera les newagers amateurs de technicité psychique : « Je pensais rencontrer un monde psychique et spirituel, antique, ancien et hiératique pendant ma retraite spirituelle. Il est en effet apparu au début, un peu comme un décor, une toile peinte : les yidams, les mandalas et les formules des mantras apparaissant un peu en trompe l’œil comme aux avants scènes. Puis c’est – derrière – un autre monde qui s’est invité, comme s’il était une réalité plus active et efficiente, se  » servant  » de ces images traditionnelles et figées du bouddhisme himalayen.  Ce monde, qui s’est avéré au final prédateur et exploiteur, n’avait rien d’antique, de vieux ou de traditionnel. Il m’est apparu comme ultra moderne selon nos critères, un monde de technologies sophistiquées venues de  » mondes  » parallèles aux nôtres. Il était doté de sciences appliquées psycho somatiques subtiles agissant « par osmose ». Elles servaient en particulier à prélever nos énergies subtiles, les échantillonnant par qualités. Ces activités subtiles étaient dotées de  » feed back  » (capacités de rétroaction), de coordination et d’auto contrôle cybernétique, etc.

Il m’a semblé que ce monde psychique du tantra bouddhiste n’est pas seulement peuplé de vieux « démons » ou de vieilles « dakinis » rouges, mais mu par des activités de technologies, inconcevables encore pour nous, qui prélèvent notre vitalité subtile, nos énergies de conscience et de vie de manière rationnelle et organisée. Ces activités ne nous renvoient des leurres yoguiques et des images tantriques toutes faites que pour mieux brouiller les pistes, comme pour mieux se cacher derrière. Le monde tantrique serait habité par une réalité technologique subtile, une bio science exploitive venue d’autres mondes, d’autres dimensions imperceptibles de l’expérience consciente et collective, dont nous n’avons encore aucune idée. Nous ne serions ainsi pas seulement le « bétail des dieux », comme l’écrit le voyageur tantrika Daniélou. Nous ne serions pas seulement le bétail humain trait pour le lait de notre vitalité et de nos énergies subtiles. Nous serions aujourd’hui dans une sorte d’élevage industriel imperceptible, dont les clôtures barbelées nous sont invisibles, reliés à des dimensions peuplées de collectivités inaccessibles. Leurs activités autonomes s’installeraient progressivement et perceptiblement dans les canaux et plexus subtils à l’intérieur du corps, en particulier lors de l’adhésion au tantra et de l’ouverture dévotionnelle. Comme vous le voyez personne ne pourra y croire un seul instant, en-deçà de la faculté imaginative suscitée par l’évocation littéraire. Il est impossible de le prouver ou d’en apporter la moindre présomption de preuve. De plus je ne suis pas sûr des limites, ni des enjeux réels de ces phénomènes s’ils existent, ni qu’ils soient strictement limités au monde tantrique. »

La méditation

Le psychiatre Christophe André a introduit la méditation à l’hôpital Sainte-Anne à Paris et le docteur Dominique Servant au CHRU de Lille. Des médecins-gourous rêvent de créer un homme nouveau moins sensible aux émotions jugées négatives. Ils prétendent agir par compassion en voulant soigner l’anxiété par exemple. Mais pourquoi ne chercheraient-ils pas à supprimer aussi l’indignation qui agite les jeunes contestataires grecs, espagnols, italiens… ? Nous devons être vigilants car l’actuel totalitarisme économique, qui récupère les découvertes des neurosciences pour manipuler le comportement des consommateurs, pourrait s’enfoncer dans une dictature totale et fabriquer une créature très docile, un homme nouveau.

L’homme nouveau verrait le jour grâce à l’union de la science occidentale et de la spiritualité orientale, et parviendrait à la transformation complète de son moi. Dans un sévère réquisitoire contre le Nouvel Age, Michel Lacroix dit : « La transformation personnelle suit un déroulement à peu près invariable, qui ressemble à un chemin initiatique. Toute personne qui entreprend de se transformer doit desserrer l’étau de ses obligations extérieures. Elle doit ralentir les fonctions quotidiennes, réduire l’agitation. La transformation personnelle débute donc par un acte de lâcher prise, grâce à la relaxation et à la respiration apaisée. Il faut aussi faire lâcher prise à la conscience, ce qui suppose des exercices de méditation, mais un type de méditation qui ne vise pas à la réflexion rationnelle, car il ne s’agit pas d’élaborer un savoir. Ce n’est pas un échange d’idée avec soi-même, un effort d’idéation. On tache de faire le vide en soi, dans une parfaite quiétude, afin de permettre au moi d’être irradié par la lumière provenant de plans plus élevés. »

Ouvrons ici une parenthèse : Le Nouvel Age a construit une métaphysique de la lumière. Des lumières proviendraient des sphères spirituelles ou des maîtres ascensionnés. Or, durant la méditation, il n’est pas rare de percevoir des luminosités. Le « Boshan Canchan Jingce, un manuel de méditation de l’école chinoise Ch’an déclare : « Si vous voyez des lumières, des fleurs ou d’autres formes extraordinaires, et que vous prenez cela pour la sainteté, usant de ces phénomènes inhabituels pour éblouir les gens, certain que vous avez atteint le grand éveil, c’est que vous ne vous rendez pas compte que vous êtes complètement malade. »

 

Revenons à la méditation. « Ces préliminaires étant réalisés, poursuit Michel Lacroix, on entre peu à peu dans un état de conscience modifié. Le cerveau glisse dans une zone intermédiaire entre la veille et le sommeil, où les frontières entre l’objet et le sujet, entre l’extérieur et l’intérieur, le moi et autrui, l’individu et le cosmos, l’humain et le divin deviennent indécises. Cet état physiologique a d’ailleurs une traduction visible sur l’électroencéphalogramme, car le cortex cérébral se met alors à émettre des ondes non plus au rythme de quinze à quarante cycles (correspondant à l’état de veille), mais de deux à dix cycles par secondes. Ce sont les « ondes alpha ». Ces ondes alpha sont la raison d’être de la plupart des techniques que le Nouvel Age propose aux adeptes. Au premier regard, ces techniques forment un déconcertant bric-à-brac, mais il est évident que cet arsenal hétéroclite a essentiellement pour fin de provoquer des états de conscience modifiés. Voici par exemple les mantras, brèves formules d’invocation à caractère rituel que l’on récite jusqu’à ce que les cadres mentaux se dissolvent. […]

Les « new-agers » ne peuvent ignorer que les techniques d’altération de la conscience sont au fond des succédanés de la drogue. L’élargissement de la conscience et la drogue ont en commun la sensation extatique d’une communion avec la réalité, le sentiment océanique, la plénitude, l’ineffabilité, la modification de la perception du temps, la dépersonnalisation, l’euphorie, la suppression des interdits. D’ailleurs, l’histoire du mouvement montre que le Nouvel Age a souvent cherché du côté de la drogue le secret des états de conscience modifiés. […]

L’attitude du Nouvel Age vis-à-vis de la drogue est ambivalente. Il aimerait bien ne retenir de la drogue la vertu d’ouverture du mental, sans prendre le risque de la déchéance du corps. On peut se demander si le discours sur les états de conscience modifiés ne constitue pas une sorte de discours manifeste, cachant un discours latent, inconscient, où il est question de l’état hallucinogène. « L’hypothèse que l’on pourrait formuler est que le Nouvel Age est à l’image de nos sociétés, où la culture de la drogue se répand à la même vitesse que la culture du moi et de l’épanouissement personnel. » (Michel Lacroix, L’idéologie du New Age.)

« Il y a quelques années, le pape prévint les catholiques que les états de conscience modifiés peuvent être pris à tort pour une authentique expérience spirituelle. Bien que cette déclaration ait donné lieu à des réactions négatives de certains groupes de méditation, il faut reconnaître que le même avertissement est une tradition dans le bouddhisme authentique.

Un grand nombre d’Occidentaux connaissent une confusion, voire des troubles mentaux et physiologiques en pratiquant de supposées techniques orientales de méditation. Ce n’est pas qu’ils soient de mauvais adeptes mais simplement qu’ils ne respectent pas les mises en garde habituelles des sciences méditatives traditionnelles. La psychopathologie des erreurs de pratique est connue et abondamment documentée dans le bouddhisme. Certains cultes plongent leurs adeptes dans une méditation intensive sans leur donner une connaissance de base, une compréhension et une expérience suffisantes. Parfois, cet oubli est délibéré et sert des visées manipulatrices. L’esprit est particulièrement vulnérable au conditionnement lorsqu’il manque de bases solides. » (Thomas Cleary, Les secrets de la méditation.)

Dans la Chine du 5ème siècle, pour remédier aux troubles physiques et psychologiques provoqués par la méditation (dhyana), les moines bouddhistes avaient recours aux conseils thérapeutiques d’un ouvrage : Les Fondements secrets du traitement des troubles dhyana (Tche tch’an-ping pi-yao fa).

 

 

La santé, un business

Le Nouvel Age est une matrice de thérapies alternatives, tout le monde veut guérir tout le monde. On veut nous soulager des blocages, de la peur et des soucis, on veut nous guérir de tout. Que révèle cette croisade pour une rémission des maux de l’âme et du corps ?  Cela montre d’abord que les gens souffrent et qu’il y a des euros à se faire sur leur dos douloureux. De plus, s’occuper des autres permet d’oublier notre médiocrité. On peut aussi pomper l’énergie des gens en détresse, être reconnu, et pour les idéalistes, on peut se rêver en bienfaiteur de l’humanité. Lorsqu’on est dégoûté de l’informatique et du bureau, il reste la thérapie-bizness. Il suffit d’investir dans un stage, mais souvent la lecture d’un manuel suffira.

 

Le Bouddha de médecine

Des manuels écrits par les lamas enseignent comment guérir toutes les maladies grâce à leur méditation thérapeutique. Mais ils sont truffés de pieux mensonges, par exemple : « Le Tantra du Bouddha de médecine a été enseigné directement par le Bouddha Sakyamuni», ça reste à prouver. Et on ajoute : « Peu avant la venue d’Atîsha (au Tibet), un autre Pandit indien appelé Mrtijnana s’installa au Kham, dans l’est du pays, dans la province de Dergué Dingo. Il y apporta la même tradition qu’Atîsha à savoir la tradition des « Sarma ». C’était un bodhisattva qui vivait comme un mendiant mais après sa mort, un monument funéraire (Skt. ; stoupa ; Tib. : Chorten) fut élevé à sa mémoire. Depuis lors, chaque fois qu’une épidémie de variole menace le pays, des pustules apparaissent sur les parois extérieures du stoupa. Les gens ont l’habitude d’absorber ces pustules qui ont un effet immunisant contre la variole, et le lama auteur de ses lignes, un tantinet charlatan, conclut, « ce qui fut vérifié officiellement. » (Source : Shamar Rinpotché, Editions Dzambala.)

Cette fable est reprise par de nombreux centres du bouddhisme tibétain. Elle est répandue en Occident grâce à la contribution de tibétologues occidentaux. Ces éminents docteurs, enseignants d’universités laïques, sont souvent inféodés à des maîtres ou à des lignages tantriques et tenus par des serments de fidélité. Malgré les stoupas miraculeux, la pratique du Bouddha de médecine, les pilules de « nectar » et la méditation-panacée universelle, les tibétains étaient terrorisés par la variole ou la petite vérole. Il faut relire le livre du Père Évariste Huc (1813-1860), « Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie et le Tibet », pour comprendre l’effroi des tibétains :

« La crainte que les tibétains ont de la petite vérole, est inimaginable. Ils n’en parlent jamais qu’avec stupeur, et comme du plus grand fléau qui puisse désoler l’espèce humaine. Il n’est presque pas d’année où cette maladie ne fasse à Lhassa des ravages épouvantables ; les seuls remèdes préservatifs que le gouvernement sache employer, pour soustraire les populations à cette affreuse épidémie, c’est de proscrire les malheureuses familles qui en sont atteintes. Aussitôt que la petite vérole s’est déclarée dans une maison, tous les habitants doivent déloger et se réfugier, bon gré mal gré, loin de la ville, sur les sommets des montagnes ou dans les déserts. Personne ne peut avoir de communication avec ces malheureux, qui meurent bientôt de faim et de misère, ou deviennent la proie des bêtes sauvages. Nous ne manquâmes pas de faire connaître au régent la méthode précieuse usitée parmi les nations européennes pour se préserver de la petite vérole. Un des motifs qui nous avaient valu la sympathie et la protection du régent, c’était l’espérance que nous pourrions un jour introduire la vaccine dans le Tibet. »  Le Père Régis-Evariste Huc était au Tibet en 1845-46.

 

Voltaire

Le peuple tibétain était asservi par l’obscurantisme des lamas. Les superstitions, les mantras de guérison et les gris-gris firent régresser le discernement et l’intelligence. Des peuples moins aliénés par les croyances magiques furent capables de lutter contre la terrible maladie. Ce sont les arabes qui trouvèrent les premiers l’inoculation préventive de la variole. Au début du XVIIIe siècle, les Anglais l’apprirent des Turcs. En France, Voltaire fut le premier avocat de l’inoculation, il écrit : « J’apprends que depuis cent ans les Chinois sont dans cet usage, c’est un grand préjugé que l’exemple d’une nation qui passe pour être la plus sage et la mieux policée de l’Univers. Il est vrai que les Chinois s’y prennent d’une façon différente ; ils ne font point d’incision, ils font prendre la petite vérole par le nez comme le tabac en poudre ; cette façon est plus agréable, mais elle revient au même, et sert également à confirmer, que si on avait pratiqué l’inoculation en France, on aurait sauvé la vie à des milliers d’hommes. »  En réalité, Voltaire ne fut pas le premier avocat de l’inoculation. Il y avait eu en France, surtout de 1723 à 1725, tout un mouvement en faveur de l’insertion (inoculation) de la petite vérole. La première mention de l’inoculation qui ait été faite en France est de 1717. En cette année, une thèse fut soutenue sur ce sujet à Montpellier par Boyer (Encycl., art. INOCULATION).

La variole ou petite vérole a été totalement éradiquée en 1977 grâce à la vaccination.

Comment se soignent les dignitaires du bouddhisme tibétain ?

Des lamas affirment que la méditation peut guérir toutes les maladies. Mais quand ils tombent eux-mêmes gravement malades, ils s’en remettent toujours à la médecine moderne.

Par exemple, les deux hiérarques tibétains qui dirigent un monastère Bönpo du Népal sont en vie grâce à la médecine occidentale. Un vieux lama, affecté par de graves complications de son diabète, a recours depuis des années aux soins de médecins occidentaux. Le jeune Abbé du monastère, malade de la tuberculose, n’a pas effectué de retraite spirituelle sous les auspices du Bouddha de médecine pour guérir, il a pris lui aussi l’avion pour être soigné dans l’une des meilleures cliniques de France.

 

Le lamaïsme, le Nouvel Age et la guerre froide

C’est au début des années soixante que prend naissance le mouvement du Nouvel Age qui rejette les valeurs matérialistes de la société de consommation. A cette époque, dès 1959, le dalaï-lama, les riches prélats et l’aristocratie tibétaine s’installent en Inde et incarnent la lutte des spiritualistes et des « initiés » contre l’ogre chinois communiste et matérialiste.

La guerre froide opposera l’Amérique et ses alliés aux puissances communistes jusqu’à la chute du mur de Berlin. Durant cette période le Nouvel Age et le lamaïsme rencontreront un étonnant succès. En 1960, la Fondation Rockefeller implante huit centres d’études tibétaines aux USA et invite 17 lamas tibétains. Le Dalaï-lama devient rapidement le chef de file emblématique d’un nouveau spiritualisme scientifico-newageux.

 

L’aveuglement jusque dans l’enseignement public

 

Mais qui voit la véritable nature du lamaïsme ? Il faut croire que l’amour d’une prétendue sagesse tibétaine rend aveugle. En effet, quand le musée Guimet expose, du 6 novembre 2002 au 24 février 2003, les objets liturgiques et les visions secrètes du Ve dalaï-lama représentées dans le Manuscrit d’or, qui s’indigne des rituels comprenant une tête humaine fraîchement coupée, un cœur d’enfant et d’autres organes ?

Un rituel du Ve dalaï-lama est véritablement infernal et utilise du sang humain à la place d’eau lustrale, un cœur et des yeux en guise de fleurs. De la chair humaine brûlante remplace l’encens. Les lampes rituelles sont alimentées par de la graisse humaine fondue. Des tormas (gâteaux d’offrande) sont faites de chair et d’os…

Les spécialistes de la religion tibétaine n’ignorent pas que des lamas ont réellement utilisé ces ingrédients dans de répugnants rituels et n’ont pas reculé devant le sacrifice humain. Sir Charles Alfred Bell (1870-1945), chargé des relations diplomatiques du gouvernement britannique avec le Tibet et le Bhoutan, évoque le sacrifice d’enfants dans l’un de ses livres. Ces spécialistes du Tibet, souvent des professeurs de l’enseignement public et laïc, se taisent sur les crimes du lamaïsme parce qu’ils sont soumis aux lamas tibétains par des samayas (serments initiatiques d’allégeance). Mais ils font ouvertement l’apologie des doctrines tibétaines les plus acceptables. Dans l’un de ces livres Michel Strickmann dénonce cette situation en ces termes : « Des relents d’un exotisme qui fait long feu ont encouragé les pires formes d’esprit sectaire à pénétrer dans les institutions laïques, où aucun apologiste chrétien ne serait jamais autorisé à prêcher ou à enseigner ainsi. Les études tantriques et taoïstes ont été imprégnées de cette ambivalence. Le chercheur occidental, soi-disant objectif, se transforme soudain en apôtre et en cryptoinitié, regrettant seulement que son engagement spirituel ne l’autorise pas à vous confier les faits dont il détient le secret. »

 

Loi du silence

Les convertis au bouddhisme magique du Tibet ne peuvent pas critiquer les enseignements des lamas. La critique, considérée comme une rupture du serment initiatique, est punie de mort. Ce sont les dharmapalas, démons gardiens de la doctrine, qui feraient office d’exécuteurs des hautes œuvres, de bourreaux invisibles du lamaïsme.

 

Le bouddhisme tibétain light

Le silence des convertis permet la diffusion d’un bouddhisme tibétain allégé. Elisabeth Martens, écrit : « Si, dans nos pays, le Bouddhisme tibétain ne fait pas énormément de convertis effectifs et reste un phénomène assez marginal, il s’immisce toutefois de manière continue et insidieuse jusqu’au cœur de nos foyers douillets. Ce n’est pas tant l’enseignement du Bouddha qui nous pénètre, mais un vocabulaire et une manière d’être, épousés, souvent inconsciemment, par un public de plus en plus large. La tranche de la population susceptible d’être touchée en premier, c’est nous : petits bourgeois moyens, assis plus ou moins confortablement dans nos névroses et nous débattant avec plus ou moins de vigueur pour parvenir à un bonheur ronronnant et une bonne santé relative. Le BT-light – traduisons : le Bouddhisme tibétain à doses homéopathiques – n’exige pas de nous une conversion radicale. Si le cœur nous en dit, nous pouvons même garder la religion de notre baptême, telle est la grande tolérance du Bouddhisme ! Pour adhérer au BT-light, il suffit d’adopter un langage pacifiste, ouvert, compatissant, et d’afficher le sourire correspondant. Le drapé rouge-orangé est de bon ton aussi, tandis que sandalettes, carpettes et trompettes se procurent sur le site de Sa Sainteté. Un catalogue « Agenda Plus » – que vous trouverez dans n’importe quelle bonne épicerie bio – vous offre un « condensé sucré » de pratiques qui, de près et de loin, font allusion au Bouddhisme tibétain. C’est que le BT-light se meut avec aisance parmi les nombreux satellites du New Age ! De même qu’avant la Seconde Guerre Mondiale, avec la Théosophie, l’Anthroposophie, les « Amis de Rampa », l’École Arcane, etc., les mouvements du New Age ont aujourd’hui le vent en poupe ; et, de même, ils utilisent un vocabulaire emprunté au Bouddhisme tibétain. L’extraordinaire production du New Age va bien au-delà d’un phénomène de mode. Un siècle après son envol, nous voguons encore entre ses multiples galaxies : une petite cure de massage ayurvédique sur l’une, un pique-nique macrobiotique sur une autre, puis c’est une troisième qui nous ouvre les bras pour une séance de Shambala-yoga…, et pourquoi ne pas finir la soirée sur un air de biodanza, mariage sacré du Yin-Yang assuré ! Au préalable, n’oublions pas de tirer les cartes du Tarot ou les baguettes du Yi King afin de nous assurer un bon Feng Shui : garantie nécessaire pour réussir à vivre, de l’intérieur, notre spiritualité particulièrement dense !

Ces multiples pratiques se concentrent exclusivement sur le développement de l’individu et la « recherche de soi ». Comme dissolution de l’ego, on peut trouver mieux ! Tout cela est très amusant et peut effectivement apporter un certain épanouissement à beaucoup d’entre nous, mais faut-il oublier pour autant que le New Age est soutenu par une trame ultraconservatrice dont l’objectif inavouable est de désamorcer notre esprit critique ? »

Félix Crespo

 

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