• 22 décembre 2024 10 h 01 min

Association GEMPPI - SECTES INFOS

Aide aux victimes de dérives sectaires / Informations / Sensibilisation / Formations

Temps de lecture : 36 min.

Les mouvements du  New Age privilégient la pensée magique et s’inspirent globalement de l’hindouisme et du bouddhisme avec une pincée de religions païennes et d’occultisme, le tout présenté dans un vocabulaire occidentalisé et, plus récemment, modernisé de telle façon que les croyances se confondent avec la science. Ainsi le mot « quantique » pourrait être mieux traduit par « spirituel » dans le contexte new age,  ce qui implique une confusion avec l’acception scientifique du terme. Il en est de même pour les mots « énergie, énergétique », qui évoquent un concept spirituel moniste (tout est Dieu), dont la meilleure signification dans notre culture correspondrait à l’« âme », un homonyme qui n’a rien à voir avec l’énergie sur laquelle travaillent les physiciens. Une grande proportion des groupes qui se sont trouvés dans la liste des sectes du rapport parlementaire de 1995 « les sectes en France », dans le rapport parlementaire sur les enfants dans les sectes de 2007 et dans celui de 2013 sur les sectes et la santé, appartiennent à cette mouvance New Age. Elle n’est pas un groupe organisé, mais plutôt une nébuleuse, une toile de fond idéologique dont les croyances sont le ferment de nombreuses sectes. Cependant, tous ces groupes ne sont pas des sectes au sens nuisible où nous l’entendons, mais tous ont un potentiel de dérives sectaires. Tout dépend de l’intensité de l’engagement et du niveau d’aberration des pratiques qui différent d’un groupe à l’autre.

Ce genre de groupe est fréquenté par nombre de clients/patients/adeptes qui peuvent avoir plusieurs appartenances (en particuliers à des religions d’extrême orient ou à des succédanés, voire des sectes). Ceci signifie qu’il est prudent de toujours rester vigilant lorsque l’on participe aux activités de formation, de développement personnel, de yoga, de méditation, de thérapies « énergétiques » de tels mouvements. Les gens les plus sympathiques, parce que séducteurs,  y sont assez fréquemment des adeptes de sectes qui profitent de ce « vivier » pour faire du recrutement et parfois à l’insu des organisateurs de stages et formations.

Notons, l’attrait des adeptes du New Age pour les médecines parallèles, holistiques, globales, spiritualistes  ou qui n’ont pas de validation scientifique et qui sont mises en œuvre par des gens qui n’ont, la plupart du temps, pas de vraies compétences médicales. Certains sont aussi de véritables illuminés dogmatiques.  Ceci  implique dans certains cas, malheureusement fréquents,  de vrais risques pour la santé, le refus des vaccinations et des opportunités de manipulations mentales dans les prises en charges pseudo psychothérapeutiques ou spirituelles. Certains thérapeutes new age ont causé la mort de personnes malades par incitation retarder ou à s’abstenir de vrais soins médicaux. Ces groupes sont souvent suspicieux et même très souvent en opposition avec la médecine, la raison et la science qu’ils dénigrent en général au profit de l’intuition et du ressenti. Nombre d’entre eux imaginent qu’un complot médico-pharmaceutique est à l’origine d’une escroquerie à la santé institutionnelle généralisée, quand ce n’est pas pire. Nous avons observé de nombreuses fois qu’ils se couvrent juridiquement sur leur site internet par des formules du type « démarche de mieux être ne remplaçant pas une consultation médicale », en totale opposition avec le discours anti-médical (négation du SIDA, la chimiothérapie tue, etc.) tenu en interne. Cette défiance conspirationniste envers le « système » amène assez souvent des parents à scolariser eux-mêmes leurs enfants ou à les mettre dans des écoles dites « alternatives », lesquelles sont parfois aux mains ou inspirées de mouvements sectaires.

Autrement dit, pour le GEMPPI, le nouvel âge ou new age est un syncrétisme de croyances plus ou moins directement inspirées de la Société théosophique fondée par HP Blavatsky il y a un siècle, reconditionné en vue d’une adaptation au marché occidental ce qui permet souvent aux leaders de cette mouvance spiritualiste de faire un business très lucratif et onéreux, voire très onéreux (stages, séminaires, cours, formations professionnelles,  livres, DVD, prestations thérapeutiques ou autres, voyages initiatiques…). Le vocabulaire spirituel du new age exprime des croyances le plus souvent sous des formes pseudo scientifiques ou pseudo psychologiques trompeuses, ce qui provoque beaucoup de confusion dans l’esprit des usagers mis en confiance par ce biais. Les termes « vibration, énergie, harmonisation, aura, karma, chakras, méditation, holistique… », Etc. reviennent souvent. Leurs clients sont souvent l’objet d’une catéchèse alors qu’ils s’imaginent être dans une démarche ou une « technique » de mieux être, psychologique ou thérapeutique. Le new age permet d’avoir aussi plusieurs appartenances, plusieurs gourous, maitres, dénommés parfois « coachs de vie », avec l’émergence d’une mode pour le néo chamanisme et son corolaire : des drogues hallucinogènes prohibées en France (Ayahuasca, iboga).

Tous ces groupes ne sont pas des sectes, du moins nous ne pouvons l’affirmer faute de preuve tant ils sont groupusculaires et nombreux, mais compte tenu du profil global évoqué ci-dessus, il est nécessaire de rester très prudent lorsqu’on est tenté de s’y adonner. Nous avons observé de très nombreux cas de changement radical et soudain de personnalité , de repliement sur soi très égocentrique suite à des stages de type new age induisant de ce fait des divorces, de l’endoctrinement et du relâchement dans l’éducation des enfants  et parfois l’abandon inconsidéré d’un emploi rémunéré pour se livrer sans formation médicale à des activités thérapeutiques sur un marché de la santé « alternative » déjà saturé de charlatans et plus grave, l’abstention de soins médicaux nécessaires, voire vitaux.

 

Les principaux marqueurs de dérives sectaires dangereuses pour les enfants sur lesquels il serait utile d’être vigilant concernant les groupes new age:

-Refus des vaccinations obligatoires, certificat de complaisance de médecins adeptes

-Manque de soins médicaux appropriés en cas de besoin

-Alimentation problématique pour un enfant : végétarisme, végétalisme, ou pire, pranisme

-Déscolarisation, où scolarisation dans des établissement hors contrat avec l’Education nationale

-Participation à des séances collectives de transe où l’enfant est mis en situation de confondre les croyances magiques qui lui sont inculquées avec la réalité

-Phobie de l’obscurité dues à des discours sur le monde invisible terrifiant et omniprésent

-Concept de l’enfant Indigo ou Cristal pour les enfants dits précoces ou ayant des problèmes (Voir rapport de la Miviludes)

 

_________________________

La nébuleuse mystique-ésotérique selon Bernard Blandre, historien spécialiste des nouveaux mouvements religieux – Extraits  (Découvertes sur les sectes et religions n° 112, 01.10.2016).

« Le holisme caractérise la conception mystique-ésotérique de l’Univers : elle conçoit l’ensemble des mondes minéral, vivant, spirituel et divin comme un tout indivisible dont chaque élément est solidaire des autres. Les formations proposées insistent fréquemment sur l’objectif d’un retour à l’Unité et à vivre en harmonie avec l’ensemble,  et sur la nécessité d’acquérir une « conscience planétaire ». D’où fréquemment le végétarisme, en référence à l’hindouisme. D’où la contestation de la médecine occidentale accusée de ne traiter que l’organe malade alors qu’il faut soigner l’ensemble de l’être humain y compris dans sa dimension spirituelle (…)

Les documents de communication qui présentent les maîtres à penser de la nébuleuse les montrent comme des personnalités extraordinaires ou des références auxquelles on ne peut qu’avoir recours en raison de leurs niveaux de connaissance…  Ils peuvent tirer leur légitimité de leurs contacts avec le monde spirituel qui les instruit et les guide (…)

Le disciple ou adepte. Celui qui suit les formations dispensées par les maîtres est appelé à prendre conscience de l’importance de son potentiel, de redécouvrir sa vraie nature : la nature divine.

Il est invité à se purifier de ce qui l’empêche de progresser : à consommer une alimentation saine, à se débarrasser des souillures héritées de ses vies antérieures voire de celles de ses ancêtres. Il lui est proposé de renoncer à son ego pour finalement se fondre dans le grand Tout –c’est-à-dire, en fait, à renoncer à son individualité. Les maîtres qui axent leur formation sur la sexualité proposent de se libérer des tabous et des inhibitions. L’objectif est de vivre le bien-être dès le présent plutôt que dans le paradis futur du christianisme. La promesse de développer des pouvoirs exceptionnels donne à la nébuleuse mystique-ésotérique un aspect particulièrement attrayant qui justifie les efforts de ceux qui s’y engagent. Ă la différence du gnostique qui recherche la connaissance pour la connaissance, le chercheur de la nébuleuse veut trouver les moyens du jouir de la vie.

Persuadé d’appartenir à une élite, l’adepte reçoit la mission de participer à la transition de l’humanité de l’âge des Poissons à celui du Verseau. Pour cela, il participe à des manifestations collectives (…)

L’initiation se donne dans des cadres divers : conférences, stages de durées diverses (d’un weekend à une semaine), séminaires, qui s’échelonnent sur plusieurs mois  et des voyages initiatiques qui peuvent avoir des continents éloignés pour destination. Les enseignements portent sur la connaissance des croyances mais peut-être surtout multiplie-t-on les expérimentations  (…)

Coûts et risques. La participation aux stages ou aux voyages initiatiques est évidemment coûteuse. Il existe par ailleurs tout un commerce d’objets censés détenir des pouvoirs bénéfiques ; on voit beaucoup mentionner des pyramides et plus encore des cristaux. Il existe une véritable marchandisation du spirituel.

Évidemment, les pratiques proposées ne sont pas sans danger. S’il faut éviter toute généralisation abusive de cas particuliers, force est de constater des faits regrettables. La dépréciation de la médecine et de la psychiatrie au profit de thérapies alternatives et de techniques parapsychologiques n’est pas sans effets : on ne peut pas sans risques affirmer que la guérison du cancer et du SIDA peut se produire uniquement grâce à la spiritualité, ni présenter comme foncièrement mauvais la vaccination et les médicaments. Plus d’une fois, des personnes sont mortes (…)

En résumé, de nombreux aspects de la civilisation occidentale sont rejetés par la nébuleuse mystique-ésotérique, qui leur oppose sa vision idéalisée des cultures de l’Inde, du Tibet ou des Amérindiens. Son essor est un effet de la crise morale d’Occidentaux déçus parce que la science et la technique n’ont finalement pas apporté le bonheur, qui désertent les églises où l’on promet le Paradis après la mort alors que le bien-être immédiat est jugé préférable, et qui ont estimé que l’utopie marxiste n’avait pas su être préférable au capitalisme libéral.

 

 

a) Visite à un salon bio santé: un exemple par la banalité

Témoignage et réflexion

Corinne Evanesse,  correspondante du GEMPPI 

Publié le 01.10.2011 dans le trimestriel du GEMPPI : Découvertes sur les sectes et religions

 

SOMMAIRE

–          les produits bios………………………………………………………………………………………….

–          les semences anciennes………………………………………………………………………………..

–          le lait de jument et le lait de vache……………………………………………………………………..

–          les produits de beauté bios……………………………………………………………………………..

–          les huiles essentielles l’aromathérapie………………………………………………………………..

–          les naturopathes………………………………………………………………………………………….

–          les régimes alimentaires des naturopathes……………………………………………………………

–          le régime dissocié………………………………………………………………………………………..

–          le régime des chasseurs cueilleurs !……………………………………………………………………………….

–          quelle est la clientèle des salons bios………………………………………………………………….

–          conclusion…………………………………………………………………………………………………

–          bibliographie………………………………………………………………………………………………

 

Voici quelques semaines, au cours d’un déplacement en province, j’ai eu l’occasion de me rendre à un salon bio-santé accompagnée d’une copine fervente écologiste et adepte  des produits  « bios ».

Ce type de salon qui n’avait qu’une audience confidentielle il y a encore quelques années, connaît de plus en plus de succès.  Les français sont inquiets des conséquences de la pollution et des différents scandales touchant l’industrie agro-alimentaires  Pour se faire une idée de la multiplication de ces salons, on peut consulter, par exemple,  le site  http://www.intelligenceverte.org/EventsFr.asp

Après avoir acquitté la somme de 5 €, nous sommes entrées à l’intérieur du salon abrité  dans le parc des expositions. Nous nous sommes retrouvées  dans une immense salle ou sont installés de multiples exposants.

Dès l’entrée je remarque l’étalage d’un maraicher que je ne m’attendais pas à trouver  là

Entre autres produits, il vend des tomates « de variétés anciennes » à 8 € le kilo et des haricots verts à 7 € 50.  Comme  je suis effarée par ces prix et que je lui demande des explications, voici celle que je reçois : « ces haricots verts sont chers d’une part parce  qu’ils sont bios,  d’autre part, ils ont été cueillis à la main et non pas à l’aide d’une machine. Les haricots verts cueillis à la machine ne permettent pas une bonne conservation des vitamines ;  celles ci coupent les haricots au niveau de la queue, or, c’est justement dans la queue des haricots que sont concentrées les dites vitamines. Les êtres humains, au contraire, savent couper les haricots correctement. »

Je dois avouer au lecteur, qu’à ma grande honte, lorsque je prépare des haricots, avant de les faire cuire,  je coupe toutes les queues…

En ce qui concerne le prix exorbitant des tomates, le vendeur m’a fait remarquer qu’il s’agissait  des tomates de variétés anciennes impossibles à trouver sur les marchés puisqu’interdites à la vente.

On commence à trouver sur les marchés des légumes  ayant comme étiquette « issus de l’agriculture raisonnée » et aussi « variété de légume ancienne ». Il ne s’agit pas d’un label reconnu, n’importe qui peut écrire cela et en profiter pour multiplier le  prix de ses légumes par 3

Le seul label officiel est AB, lettres vertes sur fond blanc (AB signifiant bien sûr agriculture biologique)

L ‘allusion du maraicher aux légumes de variétés anciennes fait référence à un film sorti sur les écrans l’année dernière et qui a connu un grand succès auprès des écologistes de base  « Solutions locales pour un désordre global» de Coline Serreau

http://www.solutionslocales-lefilm.com/accueil

 Dans ce film, il  est beaucoup question des semences anciennes , des semences hybrides, et de leur réglementation ;  de la pollution des sols et des eaux par l’utilisation des engrais chimiques et pesticides ; de la supériorité de l’agriculture biologique pour préserver l’environnement et la santé ; de la nécessité de revenir à une agriculture vivrière de                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      proximité plutôt que de subventionner une agriculture intensive  destinée à l’exportation.

N’étant pas scientifique,  je me garderai bien de porter un jugement définitif sur leurs thèses.

Toutefois, dans ce film,  il est aussi question de l’agriculture biodynamique de Rudolf Steiner*, inventeur de l’anthroposophie.  Je précise que ce type d’agriculture conseille de planter ses semences en suivant le mouvement des astres, autrement dit en utilisant l’astrologie. D’autre part, certaines de leurs pratiques en matière d’agriculture ressemblent beaucoup plus à de l’alchimie du Moyen Age qu’à  des techniques agricoles.

Voir à ce sujet le bulletin n°45 du GEMPPI et cet article important sur l’agriculture biologique qui fait le point sur les théories de Rudolf Steiner en la matière :

http://www.sceptiques.qc.ca/dictionnaire/organic.html

Personnellement, je trouve qu’un film traitant de problèmes aussi sérieux que l’environnement perd en crédibilité lorsque sa réalisatrice choisit d’y ajouter  un reportage sur l’anthroposophie.

Il est bien difficile d’emblée de savoir si l’alimentation biologique est meilleure pour la santé que l’agriculture conventionnelle. Certaines personnes font remarquer que l’augmentation du nombre de cancers serait due à l’utilisation de  produits chimiques en agriculture.

D’un autre coté, les dernières statistiques de l’INSEE annoncent que notre espérance de vie a encore augmentée ; non seulement nous vivons beaucoup plus vieux qu’autrefois , (j’entends par « autrefois » l’époque de la société pré industrielle où nous mangions tous bio et mourions à 40 ans) mais nous vivons plus âgés et en meilleures conditions.

http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=T10F035

Désirant en savoir plus sur l’agriculture biologique, ses principes et ses bienfaits, j’ai fait des recherches sur internet. Dans un domaine comme celui là, purement scientifique, je privilégie les sites conçus par des scientifiques. J’ai donc trouvé de nombreux articles qui font le point sur la question ; il s’agit d’articles de vulgarisation scientifique destinés au public et pas  pour spécialistes avec le jargon correspondant.

Voici, par exemple, un article très complet sur l’agriculture biologique par Léon Guéguen, directeur de recherche honoraire à l’INRA, membre de l’académie d’agriculture de France entre autres, intitulé : « Que penser de l’agriculture biologique et des aliments bios ? »

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article692

Il s’agit d’un article long mais qui mérite largement la peine d’être lu car on y trouve des informations importantes.

Voici toutefois la conclusion de cet article pour les lecteurs pressés :

« L’objectif de cette mise au point, qui n’a pas la prétention d’être exhaustive, n’est pas de dissuader le consommateur d’acheter des aliments Bio, ses choix étant défendables dans un souci de protection des ressources naturelles (sol, eau) et de satisfaction personnelle reposant sur des croyances et des critères irrationnels mais respectables, mais de contribuer à son information objective pour qu’il fasse ces choix en bonne connaissance de cause. Qu’il sache notamment que les aliments qu’il achète ainsi plus cher ne sont pas meilleurs pour sa santé et que, quoi que d’aucuns puissent en penser, l’agriculture biologique restera limitée à une production de « niche » et à une consommation de « classe », car elle ne pourrait certainement pas permettre aujourd’hui, et encore moins demain, de nourrir l’humanité. »

Un certain nombre d’écologistes prétendent pourtant qu’il est tout à fait possible et même souhaitable de généraliser ce type d’agriculture malgré son faible rendement. Il suffirait qu’une majorité de la population accepte de retourner à la terre et le problème du rendement se règlerait de lui même, surtout si nous acceptions de devenir végétariens ; en effet, une bonne partie des terres agricoles est utilisée pour nourrir le bétail.

C’est oublier un peu vite que nous allons bientôt être 9 milliards et que les surfaces destinées à l’agriculture ne sont pas extensibles à l’infini…

D’ailleurs quel citadin a envie de revenir à l’agriculture, métier ingrat, harassant et mal payé ?

Certains écologistes, je pense en particulier à ce  courant de pensée qu’on appelle « l’écologie profonde » ont bien compris cette difficulté liée à l’augmentation de la population mondiale  Ils sont aussi conscients que les occidentaux sont maintenant habitués à un certain niveau de vie, un certain confort et qu’ils ne sont pas prêts à y renoncer ou à le limiter pour préserver l’environnement.

Le lecteur désirant s’informer sur cette question lira avec profit l’article ci dessous du docteur Jean Marrat : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article134

Voici un extrait de cet article pour les lecteurs pressés ou ne disposant pas d’internet :

« La surpopulation en est un : nos doctrinaires veulent ramener la population mondiale qui est d’environ 5 milliards d’individus à 500 millions (James Lavilak).

Comment ?

C’est une question à laquelle certains extrémistes du mouvement (mais qui ne sont pas des marginaux) osent répondre. William Aiken écrit : « Une mortalité humaine massive serait une bonne chose, il est de notre devoir de la provoquer, c’est le devoir de notre espèce vis à vis de notre milieu d’éliminer 90 % de nos effectifs ».

Dans la même veine Jean Brière, ami de Waechter, suggère de tarir à la source la surproduction d’enfants dans le tiers monde tandis que Jean Frehaut rêve d’un gouvernement mondial qui puisse oppresser les populations afin de réduire toutes les pollutions et changer les désirs comme les comportements par des manipulations psychologiques.

Sans pour autant faire d’amalgame, ces doctrines ne vous n’évoquent-elles pas d’autres doctrines qui toutes avaient ou ont pour but de supprimer une partie de l’humanité, naturellement celle qui ne pense pas comme vous ou n’appartient pas à la même race ou à la même religion que vous. Tels furent, tels sont, les inquisiteurs, Hitler, les intégristes religieux, les partisans de la purification des races, les intégristes d’extrême gauche comme Pol Pot ou le sentier lumineux. Pour les uns comme pour les autres un même but : détruire un monde pervers et sur un terrain vierge construire le monde de leurs rêves. »

Continuons notre petit périple dans ce salon.

Après le stand consacré aux légumes anciens, je tombe sur un autre où on vend du lait de jument ainsi que des produits dérivés fort onéreux par exemple des savonnettes à 23 € les 3

Le lait de jument a le vent en poupe depuis quelques années  en raison  du nombre de personnes allergiques au lait, sa composition serait très proche du lait maternel. Ceci dit, il existe peut-être des solutions moins onéreuses pour remplacer ce produit ?  Des laits maternisés et pour les allergiques au lactose, on peut trouver en grande surface du lait sans lactose.

Je suis préoccupée par le discours de certains naturopathes sur les produits laitiers

D’après eux, ils seraient à l’origine de nombreux problèmes de santé : allergies bien sûr, mais aussi arthrose,  problèmes de peau, bronchites chroniques et j’en passe…

Voir à ce sujet :

http://www.medecines-douces.com/impatient/296jan03/pas_blanc.htm

Or, il se trouve que les professionnels, que j’ai plutôt envie d’écouter disent exactement le contraire. Les médecins ne cessent d’insister sur l’importance des produits laitiers à tous les âges de la vie. Lire, à ce sujet :  http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1018

J’ai connu plusieurs personnes refusant obstinément de manger des produits laitiers prétendant  que ceux-ci leur avaient donné de nombreux problèmes de santé.  Peut-être avaient ils développé  des allergies, mais j’ai aussi observé qu’ils étaient tous sous l’influence d’un naturopathe ou d’un autre thérapeute. Y aurait-il derrière cette mode un courant de doctrine hindouiste végétalienne, que se sont accaparés d’ailleurs certains groupes sectaires new age ?

LES PRODUITS DE BEAUTE  BIOS

Vous trouverez toujours dans ces salons plusieurs stands de produits de beauté, tous estampillés « bios ». Ces crèmes, masques, lotions, bains moussants, produits de maquillage ne sont pas tous à un  prix astronomique surtout si on les compare à des produits de grande marque, comme Chanel par exemple

Sont-ils plus efficaces ou meilleurs pour la santé et la peau que les autres ; absolument rien ne le prouve. Il ne faut pas oublier que les marchands de produits de beauté vendent surtout du rêve ; leurs produits font du bien au moral, pas forcément à la peau et encore moins au porte-monnaie…

Certains d’entre eux représentent de véritables escroqueries ; je pense par exemple à toutes ces crèmes censées être composées de plantes miracles, aux noms exotiques, venues le plus souvent de lointains pays (Afrique Amérique du sud…) Lorsque vous lisez les étiquettes (oui, oui, celles qui sont imprimées en lettres minuscules…), vous vous apercevez que le produit ne contient que 0,5% de la plante en question

Comme je ne voudrais pas que cet article ressemble à un catalogue de la Redoute du « bio », je vais me contenter de dire quelques mots des tisanes et autres gélules.

Il s’agit là d’un exemple parmi d’autres d’un business où les commerçants profitent  de ce que le « bio » est à la  mode.

Vous trouverez donc dans ces salons de multiples plantes, sous diverses formes : tisanes, gélules, comprimés, huiles essentielles, sans parler des compléments alimentaires divers dont l’efficacité n’est absolument pas prouvée. De toutes façons, une alimentation variée et équilibrée suffit largement à assurer les besoins de l’organisme en vitamines diverses….

Pour ne pas alourdir cet article qui commence à devenir fort long, je me contenterai de traiter des HUILES ESSENTIELLES car elles peuvent représenter un danger réel pour la santé des consommateurs.

Pendant des années,  de 15 à 30 ans environ, j’ai souffert de poussées d’acné handicapantes et qui me donnaient des complexes. Les traitements habituels prescrits par un dermatologue n’étaient  pas très efficaces.  Certes, après avoir fait pelé ma peau, ces gels décapants finissaient par sécher mais quelques mois plus tard, les boutons revenaient de plus belle et tout ça pendant des années.

J’ai fini par me lasser de ce traitement et je suis allée voir un naturopathe. Il m’a prescrit, en plus d’une séance fort désagréable d’hydrothérapie du colon (sorte de gigantesque lavement rectal), censée rendre plus efficace l’effet des médicaments, diverses plantes devant m’aider à purger mon foie et éliminer les « toxines » dont mon corps était infecté, d’après lui, d’où ces poussées d’acné  et des masques à l’argile pour le visage  mélangées avec plusieurs gouttes d’huiles essentielles diverses.

Je devais me faire un masque tous les jours et le garder jusqu’à séchage complet, autrement dit près d’une heure.

 Au bout de 2 jours, je constatai que mes joues me piquaient alors que je portais le masque.  Après m’en être débarrassé je constatai que mes joues étaient rouges et me brulaient. Je téléphonai au naturopathe qui me dit que tout cela était normal et que le produit agissait.

Constatant que ça empirait, je pris rendez-vous chez mon généraliste qui m’apprit qu’il s’agissait d’une brûlure due aux huiles essentielles et que je devais cesser immédiatement ce traitement stupide. Il me dit aussi que l’acné n’avait rien à voir avec des problèmes de foie, ni avec de quelconques toxines, mais qu’il s’agissait d’un problème hormonal.

Autant dire que ma confiance dans la naturopathie en prit un coup.

Souhaitant ne pas écrire de bêtises, j’ai choisi de poser quelques questions à un pharmacien  à l’occasion de l’écriture de cet article. Voici un résumé de ce qu’il m’a apprit

Huiles essentielles et aromathérapie (HE).

Les HE sont des produits extraits des plantes par divers procédés plus ou moins agressifs. Il s’agit de composés peu solubles dans l’eau qui n’ont rien à voir avec les huiles proprement dites mais qui ont en général une affinité importante pour les huiles et les graisses. Le terme original est « essence », qui avait l’avantage de connoter un produit bien moins doux que l’huile. On les utilise depuis des lustres en thérapeutique et en parfumerie surtout. Elles furent une étape dans la recherche pour ne prendre que la partie efficace des plantes, comme les tisanes et les extraits divers et variés. Leur usage s’est un peu perdu en médecine « classique », puisqu’on a des moyens plus fins maintenant de séparer les composants, ou de les synthétiser. On les utilise encore souvent sous forme de suppositoires ou d’inhalation, surtout pour des affections respiratoires bénignes.

Actuellement une mode remet au goût du jour l’usage de ces produits, et on parle d‘aromathérapie. Ce terme vient sans doute du caractère prononcé de l’odeur des huiles essentielles. On laisse à penser qu’un effet synergique très particulier serait à l’origine de propriétés thérapeutiques importantes. Aucune étude sérieuse ne vient en fait corroborer les dires des tenants de cette théorie. Les HE contiennent des composants qui ont des propriétés potentiellement puissantes, mais leur concentration est souvent trop faible pour un effet notable et le concept de potentialisation synergique reste bien flou. Par contre les effets indésirables peuvent être importants. L’aromathérapie est donc une manière de faire de la phytothérapie, de la pharmacie très traditionnelle. Actuellement les fabricants d’huiles essentielles ont les moyens d’analyser les composants de façon extrême, ceci leur permet de justifier leurs allégations, mais ce n’est pas parce qu’on donne une explication à un phénomène potentiel que celui-ci existe. Le caractère naturel, l’apparente douceur des HE plaide pour leur utilisation en tant que médecine dite douce. En fait les HE sont des produits qui peuvent être extrêmement agressifs, et sont soumis à des restrictions d’utilisation. Ceci fait que l’usage des HE doit être très prudent, surtout chez les enfants. Ces produits ne doivent donc pas être utilisés à la légère Si on se contente de placer  quelques gouttes d’HS dans un diffuseur de parfum pour chasser les odeurs de poissons, on ne risque rien. Toutefois, si vous rencontrez un naturopathe qui vous raconte que ces produits, grâce à leurs arômes vont rééquilibrer vos chakras, harmoniser vos corps subtils, méfiez vous, vous entrez en religion ou en croyance. Si on vous dit que quelques gouttes d’HE de lavande placées sur votre oreiller vont améliorer votre sommeil, c’est possible mais on peut supposer un effet placebo plus qu’autre chose. Le problème vient du fait que l’aromathérapie en temps que spécialité médicale n’existe pas ; les médecins ne sont pas formés pour soigner à l’aide des HE. Ce sont les naturopathes et les guérisseurs divers, donc des gens sans aucune formation sérieuse qui les utilisent, ce qui représente un certain danger pour votre santé.

 

Pourquoi les gens consultant les naturopathes sont-ils si nombreux ? J’y ai réfléchi et je vous livre ces quelques pistes de réflexion.

Je me suis posée la question suivante : pourquoi ai-je moi même consulté ce type de personne comme je vous l’ai raconté plus haut ? Parce que j’ai été déçue par la médecine conventionnelle. Je pense que la clé du problème, ou au moins une des clés se situe ici : les failles et les insuffisances de la médecine conventionnelle permettent à des charlatans ou des bricoleurs de s’y engouffrer et de récupérer une partie de ce marché juteux, celui de la santé.

Car il est certain que notre médecine n’est pas parfaite, elle n’est surtout pas infaillible. Elle ne guérit pas toutes les maladies, et les médicaments allopathiques présentent souvent des effets secondaires, tout simplement parce que ce sont des produits actifs.

Observons mon comportement, Lorsque je me suis aperçue que le traitement que m’avait donné mon dermatologue n’était pas assez efficace, j’ai choisi de changer de type de médecine ; c’était une décision radicale ; j’aurais dû, comme on le dit souvent « ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain » et me contenter de poser des questions à ce dermatologue sur l’inefficacité de son traitement et le cas échéant aller en consulter un autre.

Cela n’aurait peut-être pas résolu mes problèmes d’acné, mais m’aurait évité d’aller consulter un charlatan.

Le comportement que j’ai adopté là est typique et j’ai pu l’observer chez d’autres partisans des médecines douces ; ils y viennent souvent par déception vis à vis de la médecine conventionnelle. Les malades devraient pouvoir poser toutes les questions qu’ils souhaitent à leur médecin et ne pas hésiter à en changer au besoin, adopter une attitude active  vis à vis de leur maladie et développer leur sens critique.

Malheureusement, il faut bien reconnaître que par le passé, et encore parfois de nos jours, la médecine conventionnelle a encouragé les malades à adopter un comportement passif et soumis vis à vis de l’autorité des médecins, le mot  « patient » pour nommer un malade est particulièrement significatif. Trop souvent,  j’ai pu observer de la part de certains médecins, une attitude hautaine et désagréable et un refus de répondre à des questions légitimes. C’est en particulier le cas dans la médecine hospitalière où certains chefs de service  peuvent être passablement odieux. ; tant vis à vis de leurs « patients » que vis à vis de leurs collaborateurs.

Les naturopathes et autres thérapeutes holistiques eux, se montrent toujours particulièrement aimables, font preuve d’empathie et de compassion, ils savent fort bien caresser leurs malades dans le sens du poil. Mais, du fait qu’ils n’ont aucune formation sérieuse (comparez à ce sujet la formation d’un naturopathe avec celle d’un infirmier par ex), ils mettent parfois en danger la vie de leurs patients comme nous allons le voir dans l’exemple suivant :

Appelons le Marc ; il a 33 ans et souffre du dos. Un de ses amis en qui il a toute confiance est naturopathe  Il va donc le consulter et celui-ci lui prescrit un massage avec des huiles essentielles ; il lui conseille d’aller voir un  ostéopathe. Les douleurs de Marc ne passent pas. Il retourne vois son naturopathe qui lui dit que le stress en est la cause et lui propose de consulter un sophrologue afin d’apprendre à se relaxer et à détendre les muscles de son dos.

Le temps passe, malgré plusieurs visites chez des rebouteux divers (chiropracteurs, kinésiologues…), les douleurs empirent. Finalement, il se retrouve aux urgences où des examens cliniques permettent de détecter l’origine de ces douleurs : les métastases d’un cancer du poumon et  il est trop tard pour intervenir.

Cet homme meurt quelques mois plus tard ; jamais son « ami » naturopathe n’est allé le voir à l’hôpital. Une copine de cette époque, qui consultait ce naturopathe m’avait alors dit que Marc était en partie responsable de son malheur et qu’il aurait dû aller consulter un médecin plus tôt, ce qui m’avait mise fort en colère.

Les naturopathes ne possèdent pas les compétences nécessaires pour poser un diagnostic, faire la différence entre un trouble bénin et une maladie grave ; de ce fait, vous mettez votre vie en danger chaque fois que vous les consultez au lieu d’aller voir votre généraliste.

Notons que nombre de naturopathes et de thérapeutes se positionnent avec justesse  en complément de la médecine classique en non en substitution, ce qui leur enlève ce potentiel de nuisance. (Il en est un qui est signataire de la charte du GEMPPI)

2ème exemple.  Appelons la Adriana ; elle a une cinquantaine d’années et a pris du poids suite à sa ménopause. Elle choisit d’aller consulter un naturopathe En plus d’un traitement à base de plantes fort couteux et non remboursé, celui ci lui prescrit un régime alimentaire. Les naturopathes ont toutes sortes de théories sur l‘alimentation, ses bienfaits et ses dangers. Ils ne sont d’ailleurs pas d’accord entre eux car les écoles divergent fortement.

Leur seul point commun : ces théories sont toutes plus fantaisistes les unes que les autres, non validées par la médecine et prônent des régimes alimentaires déséquilibrés et menant à des carences.

Le régime proposé à Adriana est basé sur la théorie des combinaisons alimentaires, appelé aussi « régime dissocié .»
Les protéines se combinent avec les légumes, et jamais avec les féculents qui eux mêmes  se combinent avec les légumes, et jamais avec les protéines.
Les matières grasses font retarder la digestion.
Les fruits ne se combinent qu’avec d’autres fruits.
Après un repas de protéines, patienter 4 heures avant de consommer féculents ou fruits.
Après un repas de féculents, patienter 4 heures avant de consommer protéines ou fruits. 
Après un repas de fruits, patienter 2 heures avant de consommer protéines, féculents ou légumes etc. Les produits laitiers sont à éviter si possible.

Est-il possible de tenir longtemps un régime aussi contraignant  et restrictif ?

Parmi ses dangers, on peut citer le risque de se couper de toute vie sociale ou au moins de s’éloigner de sa famille ou son entourage habituel. Dans en pays comme la France où les repas en commun (communion) représentent un rite essentiel, ne pas manger la même chose que les autres vous en sépare.

Parmi ses autres théories, le naturopathe préconisa des jeûnes prolongés non seulement pour maigrir mais pour débarrasser l’organisme de ces fameuses « toxines », théorie très prisée par les naturopathes.

L’inventeur de ces théories alimentaires serait un certain docteur Shelton dont les livres sont toujours publiés sous les titres suivants : « le jeûne » et « les combinaisons alimentaires ». De nombreux articles sur ce médecin et ses conceptions en matière d’alimentation se trouvent sur internet.

La copine ayant suivi ce régime alimentaire et ces périodes de jeûne a-t-elle réussi à perdre du poids durablement ?

Et bien, en 10 ans, elle est passée de la taille 42 à la taille 50.

Il s’agit là d’un des nombreux régimes farfelus que conseillent de nombreux naturopathes.  On pourrait  en citer aussi, outre le végétarisme, le végétalisme (qui exclut les produits laitiers et les œufs) l’alimentation crue  (sous prétexte que nos lointains ancêtres chasseurs cueilleurs mangeaient cru et que par conséquent le corps humain ne sait pas digérer les aliments cuits) ; il y a aussi les adeptes des  céréales anciennes qui brocardent le blé. Il s’agit pour eux d’une céréale dégénérée ayant souffert de multiples mutations  du fait de l’influence humaine. Seule serait légitime l’ancêtre du blé le petit épeautre.

Voici un exemple de ce qu’on peut trouver sur le net sur les dangers des céréales cultivées :  http://daudon.free.fr/page123.html

Le titre de l’article s’intitule : « les dérives alimentaires modernes » ; il s’agit d’une critique élogieuse d’un livre du docteur Seignalet : « l’alimentation ou la 3ème médecine ».

Ce titre ne manque vraiment pas de sel ; car il s’agit bien de dérives alimentaires ! Que penser de gens qui souhaitent nous faire revenir à l’alimentation des hommes des cavernes, l’époque bénie où nos ancêtres étaient chasseurs cueilleurs…

Si vous reprenez les diverses informations  que j’ai données  dans cet article (les légumes de variété ancienne, les régimes alimentaires,  mais aussi le pain d’Alep (ancêtre du savon de Marseille…)  vous remarquerez qu’elles sont toutes marquées par la même idéologie , il s’agit du mythe du « bon sauvage » cher à Jean Jacques Rousseau selon lequel il serait nécessaire de revenir à un état de « nature », une époque ancestrale bénie par les Dieux où l’être humain vivait en paix et se contentait de satisfaire ses besoins vitaux par ce que lui apporte la nature.

Depuis l’époque de Rousseau, il a pourtant été prouvé que le propre de l’être humain est justement de sortir de l’état de nature qui est par contre le propre du chimpanzé…

La croyance en un âge d’or, sorte de paradis terrestre se  trouvant dans un passé lointain n’est pas propre à Rousseau ; on trouve déjà ce mythe chez Platon ; les civilisations antérieures à l’ère industrielle ne croyaient pas au progrès mais bien au contraire à la nécessité d’un retour  aux valeurs anciennes, à un mode de vie  censé être plus proche du paradis perdu…Cher à tous les sous produits de la théosophie de Blavatsky

Il s’agit là au sens propre d’un courant de pensée que l’on peut qualifier de réactionnaire.

Il est aussi possible d’analyser  les documents que j’ai donné à partir du vocabulaire employé. Derrière des pratiques à vocation thérapeutique où hygiénistes, on trouve toujours une influence religieuse. De multiples exemples peuvent être trouvés :

1)    le végétarisme est un régime alimentaire pratiqué dans les monastères, en période de carême et dans les religions orientales, idem pour le jeûne. Les interdits alimentaires dont regorgent ces régimes font partie des piliers de nombreuses religions. Quelle est leur raison d’être ? Elle est avant tout sociologique, il s’agit d’une façon de souder un groupe donné, groupe qui partage les mêmes croyances ; il s’agit surtout d’empêcher l’adepte d’aller manger avec des étrangers, donc des personnes ne partageant pas les croyances  du groupe. Partager un repas avec l’étranger, c’est voir comment il vit, pouvoir faire des comparaisons et commencer à se poser des questions sur ses propres croyances et ses pratiques L’autorité des chefs religieux  ou non peut alors être remise en cause.

2)    la recherche  de la pureté le refus de souiller son corps  en avalant une nourriture polluée, donc impure rappelle l’idée de péché.

3)    L’idée selon laquelle l’être humain serait responsable de ses maladies, punition d’une sorte de péché (refus de la restriction alimentaire, gourmandise, intempérance) d’où sa conséquence logique : la santé est un bien qui se mérite, résultat d’un effort, d’une ascèse, d’un sacrifice, voire d’un travail sur soi 

4)    L’idée de décroissance, chère à certains courants écologistes est proche des mouvements de simplicité volontaires que l’on retrouve chez Gandhi et Lanza Del Vasto.

Notons également la collusion constante entre les prétendues « médecines douces » (qui rejettent le plus souvent la médecine moderne) certains courants écologistes extrémistes (qui rejettent la société moderne), certaines croyances orientalistes très à la mode dans les milieux New Age.

Il convient d’être vigilant et de surveiller de près ce qui se passe dans ces milieux ; leurs valeurs, leur projet de société, sont peu compatibles avec la laïcité et le progrès social pour tous y compris pour les habitants des pays du tiers monde qui ont bien le droit eux aussi de bénéficier d’un logement chauffé l’hiver et de l’électricité…

Les quelques informations que j’ai données dans cet article ne représentent qu’un échantillon de toutes les blagues qu’on essaie de nous faire avaler, voire escroqueries parfois, que l’on peut trouver dans ces salons bios. Malheureusement,  je n’y ai pas trouvé grand chose de sérieux, de fiable et de valable. De plus, tous ces produits sont extrêmement chers ; à qui sont-ils donc destinés ? Pas aux classes populaires qui ont du mal à joindre les deux bouts, ni même aux classes  moyennes mais à  un nouveau groupe apparu  au cours des années 70-80 et qu’on appelle les « bobos », autrement dit les « Bourgeois Bohèmes ».

Il s’agit de bourgeois, donc de personnes ayant un revenu plus que confortable, mais qui ne s’acceptent pas en temps que tel, qui refusent les valeurs associées à la bourgeoisie  (donc aux valeurs de leurs parents avec lesquelles ils sont souvent en conflit ou en désaccord): conservatisme, attachement aux valeurs traditionnelles, au Christianisme, à l’économie de marché qui a permis leur fortune, etc.

Ils s’identifient souvent aux valeurs d’une certaine gauche, surnommée  gauche caviar par ses détracteurs. Officiellement, ils adorent les pauvres ; ils cherchent à s’en rapprocher géographiquement, investissent en masse les anciens quartiers populaires de Paris, ce qui fait exploser les prix de l’immobilier dans ces quartiers et en chassent les pauvres ; ils achètent des produits bios,  s’habillent de coton bio mais n’en veulent nullement aux pauvres qui s’habillent de vêtements synthétiques fabriqués en Chine en disant d’un air navré : « ce n’est pas de leur faute n’est-ce pas  ? », sous entendant que leur éducation laisse à désirer.

Rejetant le Christianisme (pas assez dans le coup) ils adoptent différentes religions orientales, ce qui les conduit à se faire escroquer par des mouvements sectaires d’obédiences diverses ou par des vendeurs de poudre de perlimpinpin (ce sont parfois les mêmes…)

BIBLIOGRAPHIE (pour aller plus loin)

–          Gérald Bronner : comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques

–          Michel de Pracontal : l ‘imposture scientifique en 10 leçons

–          Patrick Lemoine : le mystère du placebo

–          R Marhic et E Besnier : le New Age  son histoire, ses pratiques, ses arnaques

–          Pierre Feillet : peut-on encore manger sans peur ?

–          Gérard Kafadarof : agriculture durable et nouvelle révolution verte

–          Cyrill  Di Meo : la face cachée de la décroissance

–          Gérald Bronnet : vie et mort des croyances collectives

–          Jean Brissonnet : les pseudos médecines

–          Luc Ferry : le nouvel ordre écologique

 

 

 

b) Randonnée chez les illuminés

 

Témoignage vécu et réflexion de Corinne Evanesse…(p 2)

Publié le 01.01.2012 dans le trimestriel du GEMPPI : Découvertes sur les sectes et religions

Cet article a été inspiré par une discussion à propos des guérisseurs qui enlèvent le feu  que j’ai lue sur le forum des sceptiques du Québec. Un des intervenants demandait si ces pratiques existent encore en France. L’échange est visible sur  :     http://www.sceptiques.qc.ca/forum/enlever-le-feu-t6030.html

 

Voici ma réponse

REPORTAGE A VOCATION TOURISTIQUE A L’INTENTION D’UN QUEBECQUOIS SCEPTIQUE DESIREUX DE VISITER LA FRANCE PROFONDE

     Cher ami sceptique,

     Vous m’avez fait part dans votre dernière lettre de votre désir de visiter le pays de vos ancêtres. La fréquentation de nos grands auteurs que vous avez côtoyés au cours de vos études universitaires vous a  fait admirer de loin le pays de Voltaire, de Diderot et de Descartes. Vous adhérez aux valeurs du siècle des Lumières (apprendre à penser par soi-même), de la Raison, de la Laïcité et des Droits de l’Homme que mon pays a cherché à diffuser dans le monde entier.

Permettez-moi de vous dire que si c’est là votre image de la France vous risquez de tomber de haut en venant chez nous. Ce pays a bien changé et pas toujours en bien hélas ; mes compatriotes délaissent de plus en plus ouvertement ces valeurs d’autonomie pour se jeter dans les bras de gourous, maitres  à penser, psychothérapeutes et guérisseurs de tout poil  dans le seul but d’éviter de se prendre en mains. Les superstitions et l’obscurantisme gagnent sans cesse du terrain. De plus, les français semblent avoir désormais peur de tout : des OGM, des ondes électro magnétiques, du nucléaire, des vaccins, des nano technologies, des pesticides, des conservateurs, de la vache folle et de la grippe aviaire…

Pour vous prouver que je n’exagère pas, je m’en vais vous conter la série d’incidents qui se sont déroulés voici quelques semaines lors d’un banal week-end de randonnée pédestre organisé, il est vrai, par des gens que je connaissais peu.

Nous sommes partis,  de bon matin en voiture avec quelques amis, rejoindre ce groupe, le lieu de réunion étant  le gîte d’étape qui devait nous héberger le temps d’un week-end. La randonnée avait lieu dans une région de France peu fréquentée par le tourisme de masse et faisant partie de ce qu’un sociologue avait appelé il y a quelques années « le désert français ». Il s’agit d’une vaste partie du territoire allant des frontières de l’Est (Lorraine) au Centre (Massif Central). Autrefois relativement peuplées,  ces régions abritaient des petites villes prospères et de nombreux villages où vivait une importante population d’agriculteurs.

Mais avec la désertification des campagnes, on n’y trouve de nos jours  que des retraités et des personnes faiblement qualifiées survivant  grâce à des allocations et des petits boulots. De vastes parties du territoire ont été transformées en parcs régionaux, ce qui permet d’y attirer pour les vacances une population de citadins en mal de verdure.

Nous avons eu bien du mal à trouver ce gîte qui était situé à l’écart d’un village dans une zone encore plus déserte que les autres. Il s’agissait d’un ancien corps de ferme massif et austère qui depuis longtemps accueillait les pèlerins traversant la France pour rejoindre des lieux saints.

De nos jours, on ne croise plus gère de pèlerins, la France est un des pays les plus déchristianisés d’Europe ; mais les chemins empruntés autrefois par eux sont commodes et bien entretenus ; de plus, ils traversent des régions pittoresques : on les appelle GR (sentiers de Grande Randonnée). Ils sont très fréquentés par les vacanciers ; depuis que mes compatriotes sont devenus citadins, ils trouvent plaisant de vivre pendant quelques jours comme leurs ancêtres.

Où l’on voit un groupe de sympathiques randonneurs se transformer en une tribu de bouseux réactionnaires

Les autres randonneurs du groupe étaient déjà arrivés ; nous nous sommes installés dans l’herbe pour pique-niquer. C’est à ce moment là qu’une réflexion lancée par un des membres du groupe et approuvée par les autres me fit avaler de travers :

« Au moins ici, on est à l’abri des mauvaises ondes ! ».

La conversation au sujet de la nocivité des ondes dura un moment ; manifestement, la plupart des gens réunis là en étaient persuadés

Une question perfide de ma part me permet d’apprendre que tous possédaient néanmoins un téléphone portable, par obligation, par obligation professionnelle, à cause des enfants etc. Mais ils l’utilisaient avec parcimonie, bien sûr. Un des hommes présents assura qu’il ne voulait pas d’ordinateur chez lui car il sentait la présence des ondes et elles lui donnaient d’affreuses migraines ; lorsqu’il voulait aller consulter internet il se rendait dans un café.

Je me souviens avoir lu il y a quelques années dans un hebdomadaire un article ayant pour titre « l’hystérie est morte ». D’après les psychiatres, on ne rencontre plus de nos jours de ces grandes paralysies d’origine hystérique qui étaient fréquentes du temps du professeur Charcot.

Et bien, ils feraient bien d’aller faire un petit séjour au sein d’une population adepte des mouvements New Age et d’écologistes intégristes ! Quand je pense que ces misogynes assuraient qu’il s’agissait d’une maladie typiquement féminine.

Certes, il faut poursuivre les recherches sur les éventuelles conséquences négatives des ondes sur le cerveau, mais je trouverais  judicieux de publier aussi  une étude indiquant le nombre de vies qui ont été sauvées par un appel aux urgences donné  à partir d’un téléphone portable…

Bien entendu, je fis part de mon scepticisme au sujet de l’importance des dégâts causés par les ondes ; une femme me passa alors une revue qu’elle avait amenée dans laquelle les dangers des téléphones, ordinateurs, téléviseurs et ampoules à basse consommation étaient détaillés à qui mieux-mieux. Il s’agissait d’une de ces revues ciblant les écologistes vendues par abonnement ou disponibles dans les boutiques de produits diététiques. En la feuilletant, j’y découvris toute une page de petites annonces vantant les mérites de monsieur Mammadou X grand marabout, madame Y astrologue, Madame Z guérisseuse magnétiseuse, d’autres publicités pour des formations bidons : devenez professeur de yoga par correspondance, naturopathe en 2 ans, sous forme de stages d’un week-end par mois (il faut 3 ans ½ à temps plein pour former une infirmière…), sans parlant des guérisseurs par les cristaux (sortes de gri gris modernes), objets mystérieux protégeant des ondes maléfiques des ordinateurs , j’en passe et des meilleures…

Que penser d’un rédacteur en chef qui autorise ce type d’annonces ?  Qu’il fait preuve d’un manque certain de déontologie. On peut douter qu’un tel individu vérifie le sérieux et la justesse des articles qu’il publie. Manifestement, nos adeptes du retour à la vie simple d’autrefois n’étaient pas troublés par ces petites annonces. La femme m’expliqua que, certes, certaines ne semblaient pas très sérieuses mais qu’une revue indépendante, n’appartenant à aucun grand groupe financier avait du mal à assurer son financement ; les petites annonces constituaient avec les abonnements un moyen de faire paraître la revue, d’autant plus que l’équipe des journalistes refusait d’ouvrir ses colonnes à la publicité commerciale !

Traduisons : une revue traitant des problèmes d’environnement ne se déshonore pas en acceptant une petite annonce de monsieur Mammadou X grand marabout, par contre, elle risquerait de se déshonorer en acceptant de publier une publicité pour L’Oréal méchante entreprise capitaliste qui détruit la planète.

Ce genre de revue « torchon » cause  bien du tort à l’écologie.  Nous aurions pourtant bien besoin que des personnes sérieuses et compétentes se penchent sur les problèmes d’environnement.

A ce moment là, je sus que ce séjour qui aurait dû être pour moi un moment de détente risquait de tourner à la bataille rangée… Je décidai de ne plus tenir de discours hostiles  sachant que j’y perdrais mon temps et mon énergie. Je préférai adopter l’attitude d’une ethnologue en pays zoulou : me taire, observer et écrire un compte rendu détaillé de ce que j’aurais vu et entendu.

Avec cette discussion sur les ondes, nous avions failli oublier le but de notre voyage ; le pique-nique étant terminé, nous partîmes pour une première randonnée dite de « mise en jambes » afin de nous préparer à la grande randonnée du lendemain.

Les sentiers empruntés traversaient des paysages doux et charmants, vallonnés juste ce qu’il faut pour ne pas être monotones, des prairies herbeuses, des villages pimpants dotés de belles églises romanes…

« Halte là ! Me direz-vous, comment des villages abandonnés par leurs habitants en plein cœur du « désert français » pourraient être pimpants ? Ne devraient-ils pas plutôt être en ruine ?

– Que nenni, cher ami, que nenni… C’était effectivement le cas, voici quelques dizaines d’années ; mais ces villages ont été rachetés, maison par maison pour une bouchée de pain par des masses de Hollandais* qui les ont depuis retapés et astiqués à souhait. Ces anciennes maisons de paysans ont été transformées en résidences secondaires et sont inoccupées la majeure partie de l’année. »

Après la ballade, nous rentrâmes au gîte préparer le diner ; j’avais crains un moment de devoir avaler cette nourriture à la fois insipide et infecte qu’affectionnent les végétariens (ce que mon estomac n’aurait pas supporté), mais ce ne fut pas le cas ; les produits issus de l’agriculture biologiques ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Les personnes réunies là n’étaient pas  issues du milieu « bobo » (bourgeois bohèmes). Il s’agissait d’employés et de fonctionnaires ; il y a loin de la coupe bio aux lèvres…

Où l’on voit un danseur de bourrée auvergnate se transformer en adorateur de la déesse Litha

Comme il était encore tôt, un des membres du groupe proposa d’aller faire un tour à un bal folk qui avait lieu dans un hameau tout proche à l’occasion de la fête des feux de la Saint  (24 juin). Il s’agit là d’une récupération par l’Eglise de l’antique fête païenne du solstice d’été (21 22 juin), que l’on appelait chez les celtes « fête de Litha ». On y rendait hommage à cette occasion au Dieu solaire, alors au sommet de sa puissance.  Le retour au celtisme fait fureur en France depuis quelques années. Les charlatans adeptes de la magie des druides ont  créé de multiples sites  pour attirer les clients.

Les français se détournent de plus en plus des religions traditionnelles ; ce n’est pas pour autant qu’ils deviennent athées.  Ils ne croient plus en Dieu, ils croient en tout.  Ils adoptent simplement d’autres croyances plus exotiques, empreintes de magie et surtout moins exigeantes sur le plan de la morale et des mœurs.

Comme la tradition celte  est éteinte depuis 2000 ans,  on rencontre dans ce milieu  des escrocs et des individus au cerveau plus ou moins dérangé…

Après avoir déambulés un certain temps sur des routes mal entretenues et pleines de nids de poules, nous aperçûmes enfin un feu de joie qui avait été allumé non loin d’une grange ; des danseurs tournaient en rond autour au son d’une musique folklorique jouée par plusieurs musiciens.

Les danses folkloriques reviennent à la mode en France alors qu’elles étaient considérées comme totalement ringardes voici quelques dizaines d’années. Des cours de danses traditionnelles sont organisés partout ; les jeunes y côtoient leurs ainés. Cela participe d’un  puissant sentiment de nostalgie qui étreint le cœur de mes compatriotes depuis qu’ils ont compris que la France n’est plus le centre du monde. Un célèbre journaliste français, Alain Duhamel a d’ailleurs décrit cet état d’esprit dans un livre fameux : « le complexe d’Astérix. »**

Je sais bien que vous êtes d’avantage familiarisé avec l’œuvre de Tacite qu’avec  celle de Goscinny et Uderzo, mais, tout de même, ce petit village gaulois entouré de palissades  et qui résiste  encore et toujours à l’envahisseur romain, ça vous dit quelque chose non ?

De nos jours les romains devraient être remplacés par les Anglo-Saxons et plus particulièrement tout ce qui vient d’outre Atlantique, excepté le Québec bien sûr…

Il ‘agit là de cette vieille antipathie réciproque qui oppose depuis des lustres les francophones aux anglophones et qui remonterait pour les uns à la guerre de cent ans, pour les autres à l’invasion de l’Angleterre par Guillaume, le bâtard de Normandie

Mes compatriotes  ont tendance à rendre les Anglo-Saxons responsables de tout ce qui fonctionne pas dans notre pays ; ils préfèrent se replier sur eux même et des traditions  appartenant au passé au lieu d’accepter de vivre dans un monde en pleine transformation et qui ne les attendra pas.

J’en étais là dans mes réflexions  tout en observant mes camarades randonneurs qui s’étaient lancés sur la piste de danse lorsqu’un cri déchirant me fit soudain tourner la tête en direction du feu : un homme en voulant sauter par dessus  comme le veut l’antique tradition avait raté son coup et s’était manifestement brûlé le mollet. Ces gens avaient beau vouloir remettre au goût du jour le culte de Litha, ce n’est pas pour autant  qu’ils étaient capables de faire apparaître d’un coup de baguette magique un chamane druide authentique capable de transformer un être humain en puce sauteuse.

Le type braillant lamentablement, un des danseurs l’aida à atteindre la ferme toute proche et lui installa le mollet sous le robinet d’eau froide ; il y resta un bon moment. Heureusement qu’un des participants à cette fête avait son brevet de secourisme, sinon nous aurions eu bien du mal à trouver un médecin dans cette région. Nos jeunes généralistes ne se bousculent pas pour aller installer leur cabinet à la campagne. Ils préfèrent de plus en plus devenir salariés et travailler avec des horaires de bureau ; sinon ils ouvrent un cabinet dans un quartier résidentiel d’un grand centre urbain et se spécialisent en médecine esthétique ou en homéopathie ; ils n’ont plus à s’occuper alors que d’une clientèle de gens aisés et hypocondriaques.  A faux malades, fausse médecine ; pendant ce temps, les vrais malades ne sont pas soignés…

Oui, oui, je sais… Je suis en train de faire le mauvais esprit, dans le genre vieux Caton qui peste contre la décadence de sa civilisation… Que voulez vous, les français ont toujours du sang latin !

Enfin, revenons à nos moutons et au sujet de ma lettre ; j’y viens enfin :

C’est à ce moment là qu’un homme qui ne s’était pas encore manifesté jusque là s’avança pour proposer ses services. Il se présenta comme magnétiseur spécialisé dans les brûlures .Il se proposait de soigner gratuitement notre blessé ; il ne faisait pas profession de guérisseur ; ce don, il ne pouvait pas le monnayer, sinon, la sainte Vierge qui le lui avait transmis par l’intermédiaire de sa grand-mère peu avant sa mort, aurait été  furieuse et le lui  aurait retiré.

Notre blessé fut donc amené à la ferme et y resta pendant un long moment ; nous n’eûmes pas droit d’assister à la séance. Lorsqu’il reparut enfin, nous rentrâmes au gîte, il était tard, et nous avions prévu une longue marche le lendemain ; enfin, en principe…

Connaissant les inconvénients des dortoirs, j’avais anticipé certains problèmes (ronflements, inconfort du matelas) ; je m’étais munie de boules Quiès et je pris un demi somnifère.

Le lendemain matin, lorsque je descendis pour le petit déjeuner dans la salle commune, le hasard voulut que je me retrouve assise à coté d’une femme étudiante en médecine chinoise ; elle discutait avec sa voisine qui avait passé une mauvaise nuit et lui prodiguait moult conseils pour mieux dormir. Le nez dans mon bol de café, je n’en perdais pas une miette et me gardai bien d’intervenir Cette femme était maigre, de cette maigreur osseuse typique de ces gens qui ne mangent que des légumes vapeur et du tofu. Elle avait la bouche fine et  les lèvres pincées, tout à fait l’allure de ces infirmières cathos d’autrefois, enfin, ce que j’en imagine …

« Dans la médecine chinoise, pérorait-elle, nous disons que l’insomnie est due à une mauvaise circulation du ying et du yang. Le yang, énergie masculine est  liée à  l’activité du jour et à l’agitation mentale et superficielle qui est caractéristique des sociétés modernes ; elle a tendance à s’accumuler dans la tête au cours de la journée ; le yang est une énergie qui monte.

Pour bien dormir, il est nécessaire de permettre à cette énergie yang de s’apaiser et de descendre, ce qui va la transformer en énergie ying, celle de la nuit et du repos. Je te conseille de concentrer ton mental agité sur la sensation de tes pieds, au besoin en plaçant un objet lourd, par exemple un sac sur tes pieds pour accroitre la sensation. Le fait de penser à tes pieds va permettre à l’énergie yang accumulée dans ton crâne de redescendre et cela favorisera ton sommeil. »

Je vous avoue que j’eus bien du mal à me retenir de rire et je faillis avaler ma tartine de travers. Voici donc, me dis-je la version chinoise de notre méthode traditionnelle occidentale censée favoriser le sommeil : compter les moutons. Effectivement, si vous obligez votre cerveau à se concentrer sur une occupation très ennuyeuse, il y a de fortes chances que vous finirez  par vous endormir.

A ce moment là notre blessé de la veille apparut, déclarant qu’il avait passé une fort bonne nuit, sans doute grâce au magnétiseur. En fait, il s’agissait d’un des ronfleurs traditionnels du groupe, un homme qui s’endormait très vite, avait le sommeil lourd et empêchait tout le monde de dormir…

Il  affirma aller beaucoup mieux et être prêt pour la randonnée. Plusieurs personnes s’extasièrent sur l’efficacité du magnétiseur ; il aurait mieux valu parler de l’efficacité de l’eau courante sur la brûlure. Je tentais d’en parler mais personne n’écoutait.

Si vous demandez conseil à votre médecin  ou si vous recherchez des informations sur les brûlures en ligne, vous apprendrez que laisser la partie du corps brûlée sous l’eau froide pendant plusieurs minutes  est le traitement le plus efficace  pour les brûlures superficielles ; or, c’est précisément ce qu’avait fait notre blessé la veille.

Les guérisseurs ont l’habitude de se servir de cette confusion pour entretenir l’idée que leurs pratiques sont efficaces.

Or, ce n’est pas parce que 2 événements se suivent dans le temps (ici, l’intervention du magnétiseur suivi de la diminution de la douleur chez le patient), qu’il faut en déduire  que l’événement numéro 2 est causé par l’événement numéro 1. Dans l’exemple ci dessus, le soulagement du patient est du à l’eau. Or, l’intervention de l’eau semble avoir été oubliée, occultée par les personnes présentes.  Les guérisseurs sont très doués pour utiliser ce type de subterfuge. Ils ont l’art de mettre en scène leurs pratiques, jettent de la poudre aux yeux de la même façon que les prestidigitateurs détournent l’attention du public au moment où ils utilisent leurs fameux trucs.

Par exemple,  les homéopathes prescrivent  rarement ce type de médicament seul. Leurs ordonnances comportent souvent autre chose de plus efficace ; un traitement aux plantes, par exemple. Mais, comme ils sont répertoriés comme homéopathes, la guérison du patient sera attribuée aux granules plus qu’au second médicament.

Autre possibilité à laquelle le public pense rarement : un grand nombre de maladies ne nécessitent aucune prise de médicament et guérissent spontanément ;  le corps sait très bien faire ce travail tout seul. Je ne parle bien sûr pas des cancers ou scléroses en plaques mais de tous ces « bobos » du quotidien pour lesquels nous consultons le médecin généraliste. Remarquons d’ailleurs que de plus en plus de médicaments prescrits par les généralistes ne sont plus remboursés pour cause de manque d’efficacité ; ce qui est une façon courtoise de dire qu’il ne s’agit pas de réels médicaments mais de « grigris » destinés avant tout à rassurer le patient

Dans l’exemple ci dessus, la cicatrisation d’une brûlure superficielle prendra un certain nombre de jours que nous soyons d’accord ou pas. Or, dans nos sociétés modernes, nous sommes trop pressés et voudrions être remis sur pieds en 48 heures, ce qui est impossible.

De nombreuses guérisons sont attribuées à tort aux guérisseurs ou à la poudre de perlimpinpin alors que la cause en est le temps.

Certes, me direz vous, mais plutôt que de me dire ça à moi qui suis déjà convaincu pourquoi ne pas l’avoir dit à vos randonneurs ?

Parce que je n’ai pas de tendances suicidaires ; il est impossible de discuter avec un groupe de fondamentalistes ; leurs prétendus arguments en faveur des médecines parallèles n’ont rien de rationnels ; il s’agit de croyances dont les origines sont émotionnelles ;  la peur est une émotion particulièrement archaïque

                       

 

Nous partîmes enfin marcher. Le temps était beau et sec ; la température monta très vite  et nous eûmes de multiples occasions de transpirer et de haleter à fore de monter et de descendre des côtes… Le pique-nique de midi fut bienvenu et me donna l’occasion d’observer plus attentivement ce que mes compagnons avaient apportés avec eux. Et bien figurez vous qu’un des randonneurs n’avait rien emporté du tout, sauf de l’eau. Il prétendit que la randonnée était pour lui une excellente occasion de jeûner ; les bienfaits du jeûne n’étaient plus à démontrer, surtout lorsqu’il était pratiqué en même temps qu’une activité physique. Entre autres vertus, il permettait d’éliminer les toxines accumulées dans l’organisme par une alimentation trop copieuse et industrielle.

Voici encore un exemple d’une conception religieuse et punitive de l’alimentation caractéristique de certains milieux New Age. Posez la question à un médecin : le jeûne n’a non seulement aucune vertu médicale mais, bien au contraire, il risque d’entrainer des malaises et des carences

L’après-midi se déroula sans incidents notables, si ce n’est qu’une fois de plus, j’eus l’occasion de remarquer l’incohérence du comportement de ces gens…

Exemple : le soleil printanier avait beau taper dur, peu de gens avaient pensé à apporter une protection solaire ; ils randonnaient en bermudas et tee-shirts  sans chapeau  ni crème solaire.

Voilà des gens qui avaient peur des ondes mais qui ne craignaient pas les rayons du soleil, bien cancérigènes pourtant.  J’en fis la réflexion à une de ces dames qui laissait son fis gambader sans protection ; elle me répondit que la coopérative bio n’avait pas reçu de crèmes solaires et que pour rien au monde elle aurait acheté une de ces crèmes vendues dans le commerce, d’après elle cancérigènes.

Autrement dit, il existerait les bons cancers amenés par la grâce du soleil et les mauvais, amenés par ces maudits laboratoires qui détruisent la planète (avec la complicité de la CIA sans doute).

J’en avais plus qu’assez de ces gens et je m’enfermai dans un silence morose…

Même les petites chansons niaises que ces transfuges du scoutisme ne peuvent pas s’empêcher de claironner en chœur, ne parvinrent pas à me dérider.

Dans la troupe

Dans la troupe y-a pas d’jambes de bois

Y a des nouilles mais ça n’se voit pas

La meilleure façon d’marcher

C’est encore la notre,

C’est ce mettre un pied d’vant l’autre

Et d’recommencer.

Pas en avant (un pas en avant)

Pas en arrière (un pas en arrière)

Sur le côté (On écarte les jambes)

Collé (On joint les pieds en faisant un saut)

 

PS

Figurez vous qu’au moment de mettre ma lettre dans l’enveloppe, j’ai bien failli la déchirer ; en fait j’ai honte de ce qu’est en train de devenir mon pays et ses habitants, une bande de vieux « chnocs réacs » .

Et puis, je me suis dit que j’étais peut-être trop pessimiste après tout…

Tenez, quand vous viendrez en France, nous en profiterons pour faire quelques descentes de cave, nous trinquerons au bon vieux temps, cette époque bénie où la moitié des femmes mourait en couche et où l’espérance de vie ne dépassait pas 40 ans…

______________________

* La Hollande est un petit pays situé au nord de l’Europe et qui manque terriblement d’espace.

**Alain Duhamel : le complexe d’Astérix, essai sur le caractère politique des français

 

Partagez cet article :

By admin