Lama Djampa Gyatso, le faux défenseur des femmes. 28 juin 2021, Réseau de Prévention Sectaire -REDUNE –
…Cela m’a coûté beaucoup d’écrire ce témoignage, plus d’un an et demi depuis que j’ai quitté…j’ai découvert le groupe de ce faux lama, appelé Tantra bouddhiste, par l’intermédiaire d’un ami. Je m’intéressais au bouddhisme et j’ai été séduite par l’idée du tantra telle que le « lama » nous l’expliquait : comme une voie spirituelle sérieuse et profonde, où le sexe n’en était qu’une partie et qui était considérée comme quelque chose de sacré. Ses enseignements étaient imprégnés d’un discours en faveur de l’autonomisation du « féminin sacré » et des femmes…Cet homme, qui est un homme d’affaires prospère et qui a un masque social exquisément construit, a réussi au fil des ans à gagner ma confiance : par ses enseignements, par un exemple apparemment sans tache…Cette situation, associée à une doctrine, le Vajrayana, qui met l’accent sur la dévotion au maître, a constitué un terrain propice aux abus sexuels et de pouvoir. Cela s’est produit trois ans après mon entrée dans le groupe, alors que j’étais devenu si imprégné de dévotion qu’il m’était impossible de douter de lui. Comment aurais-je pu douter de mon professeur, qui était une personne si magnifique dans tous les aspects de sa vie et qui me l’avait prouvé chaque jour ?
A la fin d’une retraite, cet homme que je considérais sincèrement comme mon guide spirituel, m’a proposé de m’enseigner la pratique de l’union. Une pratique, comme il nous l’avait expliqué à de nombreuses reprises lors de retraites, qui était très secrète et n’était enseignée qu’aux praticiens avancés. Cette pratique impliquait, au cas où ce n’était pas clair, d’avoir des relations sexuelles avec lui. À l’époque, j’ai dit non parce que j’étais dans une relation et que je ne me sentais pas capable de faire cette pratique sans me sentir mal… Mais apparemment, il était très important pour lui d’avoir des relations avec moi car quelques semaines après cet épisode, il a insisté à nouveau, me proposant cette fois une « opportunité spirituelle » encore plus avancée : l’aider en tant que consort lors d’une retraite de pratique de longue vie. Cela impliquait non seulement de suivre un programme de retraite, comme j’en avais l’habitude, mais aussi de faire des pratiques spécifiques d’union sexuelle dans la perspective des enseignements de longue durée avec lui. Quelque chose que les grands maîtres de notre lignée avaient fait, expliqua-t-il, afin que je comprenne l’importance de sa proposition. J’ai de nouveau hésité, mais j’ai senti dans ses paroles que si je disais non, je commettrais une erreur en tant que praticien, car je ferais passer mon attachement à ma relation avant les enseignements. En outre, il m’a toujours dit : je n’appartenais à personne, la monogamie était une question patriarcale, et si mon partenaire me méritait et m’aimait vraiment, il ne se mettrait pas en travers de mon chemin spirituel. Avec beaucoup de doutes et de culpabilité, je suis finalement allé à cette retraite. Je ne vais pas raconter comment se sont déroulées ces trois semaines, mais il y a effectivement eu des relations (pas aussi spirituelles que je l’avais imaginé) et la souffrance et la culpabilité, de ce que je faisais, me rongeaient, ce qu’il n’aimait pas, car cela montrait que je ne « vivais pas dans le présent » et que je n’étais pas « libérée » de la jalousie de mon partenaire.
Lorsque je suis rentrée chez moi, et bien que cet homme m’ait fait promettre de ne parler de cette retraite à personne, mon sentiment de culpabilité était tel que je l’ai avoué à mon partenaire, qui m’a quittée et a d’ailleurs raconté à beaucoup de gens ce qui s’était passé pour découvrir l’infidélité et se venger. Pourquoi ne suis-je pas parti à ce moment-là ? Eh bien, parce qu’il y avait mon « maître » qui me donnait la version correcte de la situation : mon partenaire était « assombri » par l’émotion de la jalousie et il était le seul à m’aimer avec détachement et à se soucier de mon chemin spirituel. Le méchant, alors, était mon partenaire jaloux, pas lui. Moi, brisée et divisée, incapable de croire à ce moment-là que j’avais été abusée par mon « maître », j’ai continué à suivre le « lama », pensant qu’il avait raison. J’ai donc continué à faire partie du groupe pendant quelques années encore, jouant le rôle de l’étudiant modèle et consacrant ma vie à la méditation et au bénévolat pour la communauté, laissant mon développement professionnel complètement en veilleuse… Ce n’est qu’à l’été 2019 que j’ai enfin vu la réalité. J’ai appris qu’une femme avait raconté avoir été abusée sexuellement par mon professeur quelques années auparavant. Il s’agissait d’une femme extérieure à la communauté, qu’il avait tenté de séduire à une occasion lorsqu’il l’avait invitée à recevoir des enseignements chez lui parce que, selon lui, elle avait un lien fort avec une pratique particulière d’une divinité bouddhiste féminine. C’est dans ce contexte qu’il a fait ses avances. Cette femme n’a pas osé le signaler à l’époque, mais elle a osé le raconter…J’ai même envisagé le suicide et j’ai passé de nombreux mois à souffrir d’anxiété, de dépression et d’une faible estime de soi. Beatriz Amilibia.
Pour communiquer d’autres témoignages : redune.infoayuda@yahoo.es
( REDUNE .Réseau de Prévention Sectaire )
– (Deepl traduc.) – Boletín electrónico de información sobre el fenómeno de las sectas y la nueva religiosidad. Nº 857 – 11.08.2021 – Red Iberoamericana de Estudio de las Sectas (RIES)
Hérault-France : la congrégation bouddhiste avait attaqué un avocat en diffamation,
elle perd en justice à deux reprises
MIDI LIBRE – VINCENT LACOUR, 19 / 05 / 2021. Attaqué, c’est Me Jean-Baptiste Cesbron qui a obtenu réparation.
L‘avocat évoquait « une emprise sectaire » décrite par des adeptes mettant en cause le chef spirituel lama Sogyal Lakar. La congrégation bouddhiste installée près de Lodève l’avait attaqué pour diffamation, elle est déboutée. Le tribunal correctionnel en 2019 et la cour d’appel ce 17 mai 2021 ont débouté la congrégation religieuse bouddhiste Rigpa Lerab Ling, implantée à Roqueredonde près de Lodève, ainsi que plus de 130 adeptes qui réclamaient chacun la condamnation pour diffamation de Jean-Baptiste Cesbron, avocat de l’Union nationale des associations de défense des familles et individus victimes de sectes (Unadfi)…
Accusé d’abus sexuels, l’ancien maître spirituel du temple bouddhique de Roqueredonde est mort
2 septembre 2019 – Par Salah Hamdaoui, radio France Bleu Hérault
Le maître bouddhiste tibétain Sogyal Rinpoché est mort à l’âge de 72 ans en Thaïlande. Figure de l’enseignement du Bouddha en Occident, il avait dû quitter le centre de Roqueredonde, près de Lodève (Hérault), suite à des graves accusations, notamment sexuelles, portées par des étudiants. « La santé de Sogyal Rinpoché s’est détériorée aujourd’hui après une embolie pulmonaire et il a quitté ce monde aujourd’hui à 13H00 en Thaïlande ». Le message a été posté sur Facebook le mercredi 29 août. Né en 1947 au Tibet, Sogyal Rinpoché, figure de l’enseignement du Bouddha en Occident, souffrait d’un cancer du colon. Le maître bouddhiste avait fondé Rigpa, un réseau de 130 centres spirituels dont plusieurs en France. Parmi eux, le temple de Lérab Ling à Roqueredonde, près de Lodève, inauguré en grandes pompes en 2008 par le Dalaï Lama, et en présence de Carla Bruni-Sarkozy, Rama Yade et Bernard Kouchner.
De graves accusations. Neuf ans plus tard, Sogyal Rinpocghé avait dû quitter la direction spirituelle du centre héraultais à la suite d’accusations d’abus portées par des étudiants. Des accusations détaillées dans une lettre ouverte publiée en juillet 2017 : violences physiques, psychologiques et sexuelles. En septembre 2018, un rapport commandé par le centre Lérab Ling a été rendu public par la communauté bouddhiste. Les témoignages sont accablants pour le maître bouddhiste tibétain. L’auteure de ce rapport, Karen Baxter, écrit qu’elle est « convaincue » que « certains étudiants ont été victimes de graves abus ». Ce qui conduit le centre Lérab Ling à s’excuser pour les « souffrances subies par les membres passés et présents de la communauté »… Longtemps critiqué pour sa mansuétude à son égard, le dalaï lama avait fini par déclarer que son ancien « très bon ami » était désormais « disgracié« , poussant Sogyal Rinpoché à la retraite forcée
La fiduciaire d’une organisation caritative britannique a » dissimulé des abus sexuels » de la part d’un gourou bouddhiste
Simon Murphy – The Guardian, 2 sept 2019… Patrick Gaffney était un administrateur de la Fellowship de Rigpa, fondée par le gourou tibétain Sogyal Lakar, connu sous le nom de Sogyal Rinpoché, décédé mercredi à l’âge de 72 ans en Thaïlande après s’être caché à la suite de ces réclamations. Quelques semaines avant la mort de Lakar, Gaffney – le bras droit du gourou qui a coédité son best-seller « Le livre tibétain de la vie et de la mort », s’est vu interdire par un organisme de surveillance de travailler avec des oeuvres caritatives pendant huit ans. Le dévot britannique de 70 ans, que Lakar a décrit comme « l’un de mes étudiants les plus âgés et les plus proches » après que le couple se soit réuni à l’Université de Cambridge en 1970, a fait face à la sanction après une enquête de la Charity Commission. Selon le Times, l’organisme de vigilance a découvert des preuves que M. Gaffney avait » connaissance de cas et d’allégations d’actes répréhensibles et de violence sexuelle et physique contre des élèves « . Annonçant sa décision en juin, la commission a déclaré : « M. Gaffney n’a pas pris les mesures appropriées en réponse à cette information et est donc responsable de l’inconduite et/ou de la mauvaise gestion dans l’administration de l’organisme…Parmi les lecteurs célèbres du livre de Lakar figuraient le chanteur de Radiohead, Thom Yorke, et l’acteur John Cleese. La Communauté de Rigpa a annoncé le décès de Lakar, survenu après des complications pendant son traitement contre le cancer, avec une « profonde tristesse » sur son site web. Lakar a fondé la fraternité, qui gère un centre bouddhiste à Islington, au nord de Londres, en 1979. Lakar a été le directeur spirituel de l’organisation caritative avant de « prendre sa retraite » en août 2017 à la suite de ces allégations. Gaffney a été nommé au « conseil visionnaire » de l’organisation caritative après le départ de Lakar. L’association, qui organise des cours et des séminaires, a des centres dans le monde entier…Une enquête menée par le cabinet d’avocats Lewis Silkin, à la demande de la communauté, a conclu l’année dernière que « certains étudiants de Sogyal Lakar… ont été victimes de graves sévices physiques, sexuels et psychologiques de sa part « . Elle a ajouté qu »il y avait des hauts responsables au sein de Rigpa qui étaient au courant d’au moins certains de ces problèmes et qui n’ont pas réussi à les résoudre, laissant d’autres personnes en danger ». La communauté a déclaré : « Patrick Gaffney était administrateur de l’association anglaise mais a démissionné l’année dernière. Nous avons adopté une nouvelle procédure de règlement des griefs qui comprend un conseil indépendant, qui peut recevoir les plaintes déposées par les membres et le public. »
(Deepl traduc.) https://www.theguardian.com/society/2019/sep/02/trustee-uk-charity-covered-up-abuse-buddhist-guru-rigpa-fellowship
Bouddhiste, professeur, prédateur : les sombres secrets du gourou de Triratna. Le gourou d’origine britannique Sangharakshita Jamie Doward -Sun 21 Jul 2019
Jamie Doward -Sun 21 Jul 2019 – Le gourou d’origine britannique Sangharakshita a été embourbé dans des allégations d’abus pendant des années. Maintenant, il semble que le scandale est allé beaucoup plus loin que ce qui avait été reconnu auparavant. Coddington Court, près de la ville de Ledbury, dans le Herefordshire Market, est un manoir en brique rouge de la fin du XVIIIe siècle entouré de terres agricoles. Aujourd’hui, il porte le nom d’Adhisthana, reflétant sa réincarnation en tant que siège de l’un des ordres bouddhistes les plus influents au monde, la communauté Triratna, dont le fondateur, Sangharakshita, y a vécu jusqu’à sa mort l’année dernière à l’âge de 93 ans. Avec son impressionnant parc et ses jardins, il ressemble à un endroit serein où l’on peut passer les dernières années de sa vie. Mais dans les coulisses, le tableau est un peu plus turbulent. Pendant des décennies, l’ordre a été assailli par des allégations d’inconduite sexuelle, allégations qui se sont souvent soldées par des allégations de coercition et d’abus, mais qui ne concernaient qu’une poignée d’individus au pire. Mais maintenant, un rapport interne, produit par des membres préoccupés et partagé avec l’observateur, a révélé que plus d’un sur dix d’entre eux affirment avoir subi ou observé une inconduite sexuelle dans l’ordre. Beaucoup d’allégations concernent Sangharakshita lui-même, mais d’autres indiquent clairement qu’il n’était pas le seul auteur présumé. En effet, le rapport semble indiquer que la culture licencieuse que le gourou a encouragée lorsqu’il a établi son premier centre dans les années 1960, à une époque où Timothy Leary incitait les gens à » s’allumer, se brancher et abandonner « , s’est épanouie dans l’ordre… Sur les 423 répondants à une enquête présentée dans le rapport, dont les deux tiers sont des membres de l’ordre et un quart sont des « Mitras » – des adeptes qui peuvent aspirer à devenir membres de l’ordre – 55, soit environ 13%, ont déclaré que soit eux-mêmes, soit une personne qu’ils connaissaient, avaient « été victimes, dans le passé et récemment, de comportements sexuels répréhensibles de Sangharakshita ou de membres de l’ordre Triratna »…
https://www.theguardian.com/world/2019/jul/21/sangharakshita-guru-triratna-buddhist-dark-secrets
Le Shambhala Mountain Center s’excuse de ne pas s’être attaqué correctement aux abus et à l’inconduite sexuelle.
Par Carina Julig, The Denver Post, 10 juillet 2019. L’organisation a publié une déclaration en réponse à un rapport du Denver Post. Les dirigeants du Shambhala Mountain Center ont publié mercredi une déclaration dans laquelle ils s’excusent de ne pas avoir abordé de manière appropriée la question de l’inconduite sexuelle et autres abus sexuels au centre de méditation du comté de Larimer de l’organisation bouddhiste internationale. La déclaration du directeur exécutif Michael Gayner et du conseil d’administration du centre est venue en réponse à un rapport publié dimanche par le Denver Post détaillant la longue histoire de Shambhala, né à Boulder, dans la répression des plaintes pour abus au sein de l’organisation… Le centre a révisé son code d’éthique et offre une formation régulière à tout son personnel en matière de reconnaissance des fautes professionnelles, selon le communiqué. La formation est donnée par le Sexual Assault Victim Advocacy Center de Fort Collins.
Le business de la méditation gagne le ministère de la santé, France
Le Canard Enchaîné–24/07/2019– 25 juill, 2019. La nouvelle ordonnance du gouvernement : gérez votre stress avec des coachs, allégez vos angoisses et le poids de la Sécu…L’évènement a de quoi laisser baba (cool)…Le 20 juin, le ministère de la Santé a organisé un colloque sur – fermez les yeux, inspirez!- la méditation « de pleine conscience ».
Deux morts, 13 personnes dans un état critique après la séance de guérison par la foi au Sri Lanka
08 Sep 2019 – COLOMBO
(Screengrab : Youtube/Dew Suwa Sewa) : Deux personnes sont mortes d’épuisement dû à la chaleur après avoir assisté à une séance de guérison en plein air dans le nord-est du Sri Lanka qui a laissé aussi 13 autres personnes luttent pour leur survie, a déclaré la police. Environ 10 000 personnes, dont certaines étaient gravement malades, s’étaient rassemblées dans une école pour écouter un homme qui prétendait pouvoir utiliser « les pouvoirs des dieux et du Bouddha » pour guérir les malades. La police a indiqué que 18 personnes avaient été transportées à l’hôpital, dont 13 dans un état critique. Les responsables de l’hôpital local ont déclaré que les deux personnes décédées souffraient d’épuisement par la chaleur tandis que d’autres étaient traitées pour déshydratation. Les températures ont grimpé à environ 37 degrés Celsius dans la région ce week-end. Le guérisseur, Deegoda Kumara, a utilisé sa chaîne YouTube pour nier qu’il avait causé les morts et a accusé les médias locaux de provoquer des troubles en répandant la méfiance envers son travail.
Source : AFP/ic (Deepl traduc.) https://www.channelnewsasia.com/news/asia/two-die-13-critical-after-sri-lanka-faith-healing-11885038
Shambhala International se bat pour survivre face au scandale sexuel
Religionnews.com 13 mai 2019, par Carina Julig – BOULDER, Colo. (RNS) – Le scandale d’inconduite sexuelle qui secoue Shambhala International, l’une des plus grandes organisations bouddhistes de l’Occident, fait souffrir financièrement l’organisation, et nombre de ses biens et programmes sont vendus ou réduits. Créé dans les années 1970 par l’enseignant bouddhiste tibétain Chogyam Trungpa Rinpoché, qui a également fondé l’Université Naropa, Shambhala est en crise depuis l’été dernier, lorsque le fils de Trungpa et le chef spirituel actuel de l’organisation, Sakyong Mipham Rinpoché, a été accusé de mauvaise conduite sexuelle. Depuis le rapport initial, d’autres allégations ont été formulées à l’encontre d’autres enseignants de Shambhala, ce qui suggère un schéma de camouflage et d’échec dans la lutte contre l’inconduite sexuelle aux niveaux supérieurs de la direction du groupe. Mais au cœur des difficultés financières de Shambhala se trouve le fait que, depuis que les allégations ont été révélées, Sakyong Mipham Rinpoché s’est retiré de son rôle de leader et n’enseigne plus… (Deepl traduc.) https://religionnews.com/2019/05/13/shambhala-international-fights-to-survive-in-face-of-sex-scandal/
Au cœur de la secte bouddhiste belge OKC
VICE – Par Constance Vilanova – 26 mars 2019 – Début mars, Robert Spatz, le guide spirituel de la secte OKC, repassait devant la justice belge. L’occasion d’entendre le témoignage de deux enfants d’adeptes du gourou, élevés dans un château du sud de la France.
…Robert Spatz, leader charismatique de la communauté bouddhiste belge OKC (pour Ogyen Kuzang Chöling), fondée en pleine période hippie dans les années 1970 et jugée en cassation en ce début du mois de mars. Depuis 1997, des voix s’élèvent contre ce gourou accusé d’abus sexuels par des femmes du groupe, mais aussi d’avoir encouragé des abus physiques sur les enfants de ses adeptes…
Pour mieux comprendre ce qui se joue ici, il faut remonter en 1972, quand Robert Spatz – ou Lama Kunzang Dorje – fonde à Bruxelles le centre d’études tibétaines Ogyen Kunzang Chöling. Des années 1980 jusqu’à 2005, une centaine d’enfants de ses adeptes sont envoyés dans le sud de la France, au Château-de-soleils à Castellane pour recevoir une éducation bouddhiste. Des petits moines tibétains en herbe dont beaucoup affirmeront des années plus tard y avoir subi des actes de maltraitances, d’exploitation et pour certaines d’abus sexuels alors que la communauté, de son côté, vante une éducation spirituelle en plein air…
Les dirigeants bouddhistes tibétains vont-ils entendre des accusations d’abus sexuels contre des lamas en Occident ?
TibetanReview.net, le 16 septembre 2018 (Deepl traduc.) – Le 14 septembre, le chef spirituel exilé du Tibet, le Dalaï Lama, aurait entrepris de soulever la question du sexe présumé des maîtres bouddhistes tibétains et de la violence psychologique qui en a résulté à l’encontre de leurs étudiants en Occident. La prochaine réunion de novembre à Dharamsala des principaux dirigeants de toutes les écoles religieuses du Tibet. Le dalaï-lama aurait donné l’assurance à quatre victimes déclarées, représentant un groupe de 12, lors d’une réunion à Rotterdam, aux Pays-Bas… Oane Bijlsma participant à la réunion Associated Press aurait déclaré : « Ce que nous voulons de lui est qu’il soit très clair sur le fait que les chefs religieux dans la tradition bouddhiste tibétaine ne sont pas au- dessus de la loi. Même s’ils prétendent que leur tradition endosse un comportement censé aller au-delà du bien et du mal, cela ne peut jamais être le cas. » Elle aurait également déclaré à l’ agence de presse Efe qu’il s’agissait « d’une réunion très compliquée ». Plus tôt dans la semaine, le groupe avait demandé au dalaï-lama de convoquer une réunion. Et pendant la réunion, le groupe – composé de trois femmes et d’un homme – a présenté des témoignages écrits des 12 victimes présumées. Le rapport de rfa.org affirme que les lamas tibétains mentionnés dans la plainte présentée au Dalai Lama lors de la réunion du 14 septembre inclus : Rigdzin Namkha Rinpoché de la Communauté Rigdzin basée en Suisse; Tulku Lobsang du centre Nangten Menlang à Vienne, en Autriche; Sogyal Rinpoché de l’organisation Rigpa, une communauté internationale comptant plus de 100 centres dans le monde entier; et Robert Spatz, un Belge portant le nom tibétain de Lama Ogyen Kunzang Dorje. Les rapports de nouvelles ces derniers mois ont fait référence à des scandales sexuels impliquant plusieurs lamas tibétains enseignement en Occident, notamment Sogyal Rinpoché de l’organisation Rigpa et Sakyong Mipham de Shambhala International. Le réseau international de centres de pratique Rigpa a publié la semaine dernière un rapport confirmant de nombreuses allégations d’abus contre son fondateur, Sogyal Rinpoché. Il avait démissionné de l’organisation en août 2017, un mois après que plusieurs enseignants chevronnés l’avaient publiquement accusé de violences sexuelles, physiques et psychologiques. Il a également été rapporté par tricycle.org le 15 septembre que le Centre de méditation Shambhala de New York pourrait devoir fermer à la fin de Septembre en raison de dons et d’adhésions en baisse à la suite des allégations d’inconduite sexuelle contre les dirigeants Shambhala. http://www.tibetanreview.net/top-tibetan-buddhist-leaders-to-hear-sex-abuse-allegations-against-lamas-in-the-west/
La pilule du Bouddha : La méditation peut-elle vous changer ?
Scott : Effets indésirables ou secondaires, Méditation, Critiques : Livres et documents | 29 juin 2015
La pratique des techniques contemplatives peut-elle apporter un changement personnel durable ? Si oui, les changements sont-ils toujours pour le mieux ? Deux psychologues d’Oxford, Miguel Farias et Catherine Wikholm, examinent les preuves empiriques et tirent des faits de fictions sur la méditation. Dans La pilule du Bouddha : La méditation peut-elle vous changer ? Farias et Wikholm examinent 40 ans d’études cliniques sur les effets de la méditation transcendantale, popularisée par Guru Maharishi Mahesh Yogi des Beatles, et enquêtent sur les revendications étonnantes des défenseurs de la méditation de pleine conscience. La pratique de la méditation semble avoir des bienfaits physiologiques. Pourtant, « un problème crucial », dit Farias, « est de savoir comment identifier l’ingrédient actif de la pleine conscience qui aide dans le cas de la dépression ». (p 111) – Les auteurs ont également réalisé leurs propres études empiriques sur des détenus de prisons britanniques : ils ont testé les effets de la méditation yoga sur des meurtriers, des violeurs et des voyous.
Examinant 40 ans de recherche sur les effets de la méditation, les auteurs ont conclu :
1.Les preuves scientifiques d’un changement durable par rapport à la pratique de la méditation sont faibles.
2.Seuls de modestes changements sont constatés pour les pratiquants de la méditation. Pourtant, beaucoup de ceux qui utilisent ou enseignent des techniques de méditation font des affirmations étonnantes sur leurs pouvoirs.
3.La méditation engendre différents états mentaux, mais il n’y a rien d’extraordinaire sur le plan physiologique.
4.Les études sont mal menées : les échantillons sont de petite taille, il n’y a pas de groupes témoins appropriés et il y a beaucoup de biais problématiques. Ils expliquent pourquoi en détail.
5.Il y a un côté sombre à la méditation – la psychose, les pannes et les comportements violents – dont les défenseurs et les praticiens de la méditation parlent rarement.
Farias et Wikholm sont favorables à la méditation. Bien que les preuves empiriques aient révélé que la méditation n’est pas une panacée et n’est pas une pilule magique, alors que certains praticiens ne ressentent rien et d’autres ont des effets secondaires négatifs.
« Je n’ai pas cessé de croire en la capacité de la méditation à alimenter le changement, mais je crains que la science de la méditation ne promeuve une vision biaisée : la méditation n’a pas été développée pour que nous puissions mener des vies moins stressantes ou améliorer notre bien-être. Son but premier était beaucoup plus radical : rompre l’idée que l’on se fait de soi-même, secouer jusqu’au plus profond de soi pour se rendre compte qu’il n’y a » rien « . (p 152)
Le chapitre Le côté obscur de la méditation donne de nombreux exemples de la violence bouddhiste et comment un Bouddha ou un bodhisattva peut justifier un meurtre. Farias raconte qu’au cours de sa visite à l’ashram d’un gourou indien du yoga, il a été confronté à des gardes armés de mitrailleuses et a été entouré d’affiches pour la peine de mort… « L’un des enseignements cruciaux du bouddhisme est celui du vide : le moi est finalement irréel, de sorte que le bodhisattva qui tue en pleine connaissance du vide du moi ne tue personne ; le moi du tueur et le moi du tué ne sont qu’une illusion (p 166).
« Les données les plus récentes, qui analysent des dizaines d’études menées sur plus de quarante ans, suggèrent que si vous êtes généralement anxieux ou émotionnellement instable, la MT (Méditation Transcendantale) vous aidera dans une certaine mesure, et sera plus efficace que la simple relaxation. Si vous souffrez d’hypertension artérielle, l’American Heart Association recommande la MT (bien que la pleine conscience ne soit pas recommandée), bien que l’exercice physique, comme la natation ou la course, serait préférable. » (p 14)
Un livre révolutionnaire, La pilule du Bouddha, promeut la pensée critique sur la méditation dans un ton facile à suivre et adapté au yoga. Farias et Wikholm amènent le lecteur à s’interroger et à réfléchir de manière critique sur les revendications étonnantes des défenseurs de la méditation. (Deepl traduc.) https://www.macon.com/news/nation-world/article223308290.html
Pourquoi le bouddhisme tibétain fait-il face à ses propres scandales, Sogyal Rinpoché…
Telegraph.co.uk – Joe Shute, 9 SEPTEMBRE 2018…Pour de nombreux esprits occidentaux, ce sont les symboles des religions les plus pacifiques, une source d’éveil spirituel et de contrepoint attrayant à la vie moderne – et qui a largement échappé au scandale qui a pesé sur d’autres institutions. Pourtant, les étudiants londoniens de Rigpa, un réseau international regroupant une centaine de centres répartis dans 40 pays, se sont réunis mercredi soir pour assister à l’annonce d’un nouveau rapport accablant détaillant «de graves abus physiques, émotionnels et sexuels» de son fondateur et ancien chef spirituel, le célèbre lama tibétain Sogyal Rinpoché. L’ année dernière, le Telegraph a publié une série d’allégations faites par huit anciens et actuels étudiants contre Sogyal, auteur de Le livre tibétain de la vie et de la mort qui s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires…Le rapport, entrepris par le cabinet d’avocats Lewis Silkin pour enquêter sur les plaintes à la demande de Rigpa, confirme un catalogue choquant de sévices physiques, sexuels et émotionnels commis par Sogyal contre des étudiants. Il conclut également: «Les hauts responsables de Rigpa étaient au moins au courant de certains de ces problèmes et n’ont pas réussi à les résoudre, laissant les autres en danger». Pourtant, ces allégations d’abus généralisé – et de dissimulation subséquente – au sein de la communauté bouddhiste tibétaine ne se limitent pas à Rigpa.
En juillet, Sakyong Mipham Rinpoché, le chef de la communauté bouddhiste Shambhala – une organisation qui compte plus de 200 centres de méditation dans le monde – a annoncé qu’il «renoncerait à ses responsabilités administratives et pédagogiques». D’autres accusations similaires tournent autour d’autres centres en Europe. « Il y a d’énormes couvertures dans l’église catholique, mais ce qui s’est passé dans le bouddhisme tibétain va tout à fait dans le même sens », affirme Mary Finnigan, une auteure et journaliste qui raconte de tels délits depuis le milieu des années 80… L’auteur du rapport, Karen Baxter, détaille les nombreux témoignages selon lesquels les membres du cercle restreint de Sogyal – qui répondaient à tous ses besoins- ont été victimes d’actes répétés de violence brutale. Le backscratcher en bois du lama était une méthode privilégiée pour battre les gens, tout comme les frapper dans l’estomac. Baxter dit avoir reçu des preuves selon lesquelles une personne était assommée, d’autres laissaient des saignements et des commotions cérébrales. Bien que le rapport n’ait pas trouvé de preuves suffisantes pour confirmer certaines des allégations d’abus sexuel, y compris le fait que Sogyal a eu des relations avec des filles de moins de 16 ans, elle présente des preuves de première main montrant que de jeunes femmes sont forcées, manipulées et intimidées… Un témoin, une adolescente qui est arrivée dans une retraite de Rigpa à la recherche d’un répit contre la dépression et l’automutilation, a été priée de se déshabiller une semaine après être venue travailler dans la cuisine du lama. Quand elle a refusé, elle allègue qu’elle a été battue et ensuite forcée à avoir des relations sexuelles… En 1994, un étudiant américain utilisant le pseudonyme juridique Janice Doe lui a intenté un procès en prétendant qu’il avait utilisé son statut spirituel pour l’abuser sexuellement et physiquement. L’affaire a été réglée hors cour pour un montant non divulgué…Le rapport sur Sogyal révèle en 1992 qu’une lettre a également été envoyée au dalaï-lama pour souligner les préoccupations concernant Sogyal, mais il n’en a parlé que l’année dernière, le qualifiant de «disgracié». Sogyal a pris sa retraite en tant que directeur spirituel de Rigpa quelques jours plus tard et réside semble t-il en Thaïlande recevant un traitement contre le cancer. Il a refusé d’être interviewé pour le rapport…Un communiqué publié le 5 septembre par le «comité de vision» de Rigpa et tous ses conseils nationaux individuels a déclaré: «Nous sommes profondément désolés et nous nous excusons des souffrances subies par les membres passés et présents». L’organisation s’est également engagée à donner suite à toutes les recommandations du rapport … https://www.telegraph.co.uk/news/2018/09/09/tibetan-buddhism-facing-abuse-scandal/
Bouddhisme. Le Dalaï Lama « avait connaissance » d’agressions sexuelles
Ouest-France avec AFP – 16/09/2018 – Des enseignants bouddhistes auraient agressé sexuellement dans les années 1990 des élèves. Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama a affirmé qu’il était au courant. Le Dalaï Lama a affirmé samedi à la télévision publique néerlandaise avoir eu connaissance depuis les années 1990 d’agressions sexuelles présumées commises par des enseignants bouddhistes. Le chef spirituel tibétain effectuait une visite de quatre jours aux Pays-Bas où il a rencontré vendredi des victimes d’agressions sexuelles présumées commises par des enseignants bouddhistes. Il répondait ainsi à l’appel de douze d’entre elles qui avaient lancé une pétition afin qu’une réunion soit organisée… « Je savais déjà ces choses là, rien de nouveau », a déclaré le Dalaï Lama auprès de la télévision publique néerlandaise NOS.
Marion Dapsance. « Qu’ont-ils fait du Bouddhisme ? » et « Les dévots du Bouddhisme »
Qu’ont-ils fait du Bouddhisme ? Marion Dapsance – Bayard 2018
Il faut entendre bouddhisme moderne au sens de pseudo-bouddhisme. Ce que l’auteur critique n’est pas le bouddhisme des Asiatiques mais le produit hybride qu’ont créé les Occidentaux, comme solution imaginaire à leurs propres problèmes. Produit de la sécularisation européenne, ce bouddhisme imaginé est battu en brèche par l’auteure, notamment en ce qui concerne la méditation, les pouvoirs surnaturels, les dogmes, l’expérience mystique. Elle critique également le rôle parfois ambigu de personnalités médiatiques comme Sogyal Rinpoché ou Matthieu Ricard.
Biographie: Marion Dapsance est docteur en anthropologie de l’École Pratique des Hautes Etudes et a enseigné l’histoire du bouddhisme en Occident à l’Université de Columbia (New York). Elle est également l’auteur des Dévots du bouddhisme.
Une critique sévère du bouddhisme à l’occidentale
• Qu’ont-ils fait du bouddhisme ? Marion Dapsance, Éd. Bayard, 175 p., 16,50 €
La Croix – Claire Lesegretain , le 18/05/2018. ESSAI L’anthropologue Marion Dapsance démontre comment le bouddhisme en Occident a été transformé en une sorte de philosophie progressiste visant à la fois l’épanouissement individuel et une réforme sociétale.
En dénonçant, dans Les Dévots du bouddhisme (Éd. Max Milo, 2016), les agissements et pratiques de Sogyal Rinpoché, fondateur des centres tibétains Rigpa, la jeune anthropologue Marion Dapsance avait fait preuve de clairvoyance. Quelques mois plus tard, ce lama était démis de ses fonctions par la direction spirituelle du réseau Rigpa pour « abus physiques, émotionnels, psychologiques et sexuels »(lire La Croix du 29 août 2017). Marion Dapsance poursuit ici sa remise en cause du bouddhisme tel qu’il est trop souvent présenté en Occident. Comment en est-on arrivé, s’interroge-t-elle, à expurger le bouddhisme de ses éléments constitutifs pour en faire une espèce de sagesse universelle, capable d’apporter le bien-être et la paix ? « Le Bouddha est devenu philosophe quand nous avons cessé d’être chrétiens », répond-elle, en dénonçant l’objectif idéologique de faire du Bouddha « un anti-Christ », ou plutôt un « messie oriental duquel viendrait la régénérescence de l’Occident moribond ». Une idéologie qu’elle fait remonter au début du XIXe siècle, avec le Français Eugène Burnouf, anticlérical et libre-penseur. À partir de 1870, d’autres Occidentaux souhaitant promouvoir à l’échelle mondiale une religion « rationnelle » non chrétienne, ont fait du Bouddha un « initié ». Or une telle présentation du Bouddha est une erreur, non seulement en considération du Bouddha historique qui n’a jamais rien écrit, mais aussi des traditions asiatiques. Le Bouddha n’a jamais été considéré en Asie comme « ce penseur de l’immanence, cet intellectuel concerné uniquement par des questions liées à la nature et au fonctionnement de l’esprit », comme on le présente en Europe. Le Bouddha n’est pas non plus un « révolutionnaire ». La seule révolution qu’il a opérée, rappelle l’auteur, est la loi de causalité (2). Le bouddhisme postule l’absence de toute âme individuelle et de tout dieu créateur. De plus, pour les bouddhistes traditionnels, notamment pour le dalaï-lama, le Bouddha est un être pourvu de pouvoirs surnaturels. Or ces pouvoirs, obtenus par les pratiques tantriques, sont systématiquement gommés par les Occidentaux qui préfèrent évoquer des notions psychologisantes et floues. L’auteur s’en prend aussi aux « quatre porte-parole français de l’idéologie de la pleine conscience dont l’efficacité serait prouvée par la science » : Matthieu Ricard, Christophe André, Fabrice Midal et Frédéric Lenoir. Selon cette idéologie, « les personnes heureuses et épanouies étant naturellement respectueuses et altruistes, si leur nombre augmentait dans la société, celle-ci s’en trouverait automatiquement apaisée ». Là encore, cette idéologie est totalement étrangère au bouddhisme qui ne conçoit pas un « retour rapide sur investissement » et qui encourage à faire le bien sans aucune intention égoïste – au risque sinon d’annuler les effets karmiques positifs des actions altruistes.
Rappel au sujet du précédent ouvrage de Marion Dapsance : « Les dévots du bouddhisme » (Max Milo 2016)
Soumission, dévotion et abus sexuels : j’ai enquêté sur le bouddhisme en France – Témoignage.
Nouvel Obs. Publié le 15-09-2016. Édité et parrainé par Julia Mourri.
Hérault : 133 membres de la communauté bouddhiste de Roqueredonde s’estiment diffamés
2 plaintes en diffamation, dont
une collective… Au delà de la plainte collective des 133 plaignants et de celle de la
congrégation bouddhiste, 345 autres personnes ayant fréquenté Lérab Ling, ont
tenu à témoigner par écrit qu’elles n’ont pas fréquenté une secte, n’ont jamais
subi, ni n’ont été témoins, de harcèlement sexuel ou des violences physiques,
pas plus d’humiliations quotidiennes
De ces témoignages écrits, 100
seront mis à la disposition de la justice. «Ces deux plaintes répondent à
une campagne nationale et régionale de diffamation. Nous avons attendu la 3e
vague diffamatoire avant de nous résoudre à nous tourner vers la justice. Nous
ne sommes plus dans l’ère des rumeurs, mais dans celle des ragots. Il
appartient à la justice et à elle seule, de dire si Rigpa Lérab Ling est une
congrégation religieuse ou le repère d’une secte» a expliqué à France 3
Languedoc-Roussillon, par téléphone, Jean-Robert N’guyen Phung, avocat de
la congrégation bouddhiste Lerab Ling de Lodève et des 133 plaignants.
France 3 régions. Par Fabrice Dubault Publié le 22/02/2018…le 15 février, 2 plaintes pour diffamation ont été déposées à Montpellier contre l’avocat Jean-Baptiste Cesbron, contre le directeur de publication de «Midi Libre» et contre la journaliste ayant écrit l’article.La direction de la congrégation religieuse Rigpa Lerab Ling de Roqueredonde, près de Lodève et 133 plaignants, membres de la communauté bouddhiste, accusent l’avocat, la journaliste et son directeur de publication, de les avoir diffamés en faisant comprendre, notamment, qu’ils étaient membres d’une secte. Des propos publiés dans le quotidien régional Midi Libre, le samedi 9 décembre 2017. Cet article-entretien intitulé, Centre bouddhiste Lerab Ling de Lodève : « La parole se libère », explique que l’avocat de Montpellier Jean-Baptiste Cesbron, a recueilli depuis l’été 2017, des témoignages d’anciens membres, notamment de femmes, accusant l’ancien lama Sogyal Rinpoche de coups, d’humiliations, d’insultes voire de harcèlement et d’agressions sexuelles. D’autres témoins parlent d’abus de faiblesse et d’escroquerie. Des agissements qui selon l’avocat sont ceux utilisés dans les mouvements sectaires. Pour beaucoup, ces faits sont prescrits et aucune plainte dans ce dossier n’a été enregistrée. Mais la gendarmerie a mené des investigations et a recueilli des témoignages. Le parquet de Montpellier, désormais en possession du dossier d’enquête, doit décider des suites à donner à l’affaire dans les semaines à venir.
Pour Jean-Baptiste Cesbron, avocat et prévenu dans cette affaire, joint mercredi par France 3 :
En droit comme en fait, la diffamation n’est pas effective. Et je maintiens mes propos. Tous les témoignages recueillis depuis des mois font penser aux agissements que l’on constate dans les mouvements sectaires. Certains entendus dans le cadre d’une enquête de la gendarmerie pourraient faire l’objet de poursuites. (…) Je suis très surpris de cette action en diffamation, d’autres ont tenu des propos plus précis et plus sévères sur ces dérives et sur les agissements de l’ancien lama Sogyal Rinpoche, notamment le Dalaï lama et la direction du temple est restée mutique. Par ailleurs, l’accusation de diffamation de mon confrère envers moi est pour le moins indélicate… https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/herault-133-membres-communaute-bouddhiste-roqueredonde-s-estiment-diffames-1427407.html
Le scandale qui secoue la communauté bouddhiste tibétaine
France inter – lundi 28 août 2017 – Par Delphine Evenou – Le leader spirituel de l’école de pensée bouddhiste Rigpa, a annoncé sa retraite forcée, frappé par un scandale d’agressions sexuelles et physiques, et d’abus financiers. Au cœur de la tempête, Sogyal Rinpoché, l’un des artisans de la popularisation du bouddhisme en Occident et auteur en 1992 du « Le livre tibétain de la Vie et de la Mort », paru en 1992 et vendu à 2,8 millions d’exemplaires. Une figure donc, qui est définitivement tombée de son piédestal mi-juillet, lorsque huit de ses plus proches disciples, comme l’a révélé Marianne, envoient une lettre à 1 500 membres de Rigpa. Sur sept pages, on lit les claques, les humiliations, les agressions sexuelles, le train de vie trop luxueux.
Cette lettre, Olivier Raurich l’a lue, avec soulagement. Ancien traducteur de Sogyal Rinpoché, il a quitté Rigpa en 2014. Il avait dénoncé en vain ces agissements. Deux femmes lui ont confié avoir été violées. Olivier Raurich a constaté lui même des abus financiers : « En 2014, dans une grande retraite pour 600 à 800 personnes dans le centre principal près de Montpellier [NDLR : le centre de Lerab Ling], Sogyal Rinpoché nous a demandé des offrandes abondantes en argent liquide, et il a insisté pour que ce soit abondant et pour que ce soit en liquide. J’ai regardé les enveloppes tomber dans les paniers et je me suis dit que ça faisait beaucoup d’argent liquide et que si c’était destiné à des causes humanitaires et pures, pourquoi faire cela sous cette forme illégale ».
La dénonciation d’Olivier Raurich, et quelques mois plus tard, la parution du livre « Les dévots du bouddhisme » (éd. Max Milo) de l’ethnologue, Marion Dapsance, n’ont rien changé. La lettre des disciples, en revanche, a créé un électrochoc, car elle émane de bouddhistes qui n’ont pas voulu quitter la communauté. Le moine Matthieu Ricard a fini par qualifier les actes de Sogyal Rinpoché d’« inadmissibles ».
Le Dalaï Lama en personne a dû prendre position, début août, lors d’une conférence à Ladakh en Inde : « Certaines institutions lamaïques sont influencées par le système féodal. C’est dépassé, ça doit s’arrêter. Ces gens ne suivent pas l »enseignement du Buddha.
La seule chose à faire c’est de rendre ça public, dans les journaux, à la radio. Rendez ça public ! Sogyal Rinpoché était mon grand ami, mais c’est fini, il est tombé en disgrâce…Dans la foulé, la communauté Rigpa a annoncé une enquête interne et la mise en place d’un code éthique.
Le scandale Rigpa est-il l’arbre qui cache la forêt ?
Tous les interlocuteurs, même ceux qui ont eu à accompagner des victimes d’abus, soulignent qu’il ne faut pas jeter l’opprobre sur la communauté bouddhiste dans son ensemble. Les dérives sont rares et localisées, mais elles existent. Quand on demande à Olivier Raurich s’il avait eu vent d’autres abus, ailleurs, quand il était encore chez Rigpa, il le confirme, tout en ayant lui même du mal à y croire : « J’ai quelques bruits par des amis qui sont dans d’autres centres, mais bizarrement je pensais que c’était réservé aux autres. Quelque part c’est presque impensable, car les grands maîtres sont de droit divin, donc il faut avoir le nez dessus pour l’accepter et même dans ce cas, c’est difficile.«
Ces soupçons, l’Union Bouddhiste de France, qui condamne toute dérive et vient d’exclure Rigpa, en a également entendu parler, comme l’explique l’un de ses dirigeants, Olivier Wang Genh. « Je pense que ça touche la communauté bouddhiste dans son ensemble et ça montre que toute forme d’angélisme ou de naïveté n’a pas sa place. On doit écouter des enseignements avec clairvoyance et toujours rester dans cette vigilance. Mais on fait très attention à ce que ça n’arrive pas ou le moins possible. »
Reste que malgré tout cela arrive, parfois. Certains interlocuteurs, qui ne veulent pas en faire état au micro, évoquent la Dordogne, l’Auvergne, Montpellier. Des témoignages aussi sur les forums bouddhistes, avec toutes les précautions indispensables. Et puis un cas un peu plus concret. C’était en 2011 au Temple des 1000 bouddhas en Saône-et-Loire. Trois lamas ont été exclus, après des dépôts de plainte. L’une est toujours en cours d’instruction, les trois autres avaient abouti à des relaxes fautes de preuve. Et on touche là le cœur du problème
Une parole qui a du mal à se libérer. Difficile de dénoncer, par honte de s’être laissé avoir, par douleur, par peur que son affaire ne discrédite tout le bouddhisme. Ceux qui franchissent la porte des associations d’aide aux victimes renoncent parfois aussi à porter plainte sur les conseils de ces mêmes associations qui ont peur que les personnes soient broyées par des années de procédure, peut-être inutile… L’ADFI Paris Île de France a répertorié 18 cas de signalements d’abus dans la communauté bouddhiste l’an dernier… Si la lettre envoyée cet été pour dénoncer les actes de Sogyal Rinpoché est une révolution, c’est parce qu’elle montre que la parole commence à se libérer. Le linge sale continue à se laver en famille, mais plus de manière aussi confidentielle. En attendant, les associations et les Bouddhistes eux mêmes le disent : il est temps que la lune de miel entre l’Occident et le bouddhisme se termine, chacun doit prendre conscience que toute religion peut avoir ses brebis galeuses. https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-28-aout-2017
Scandale chez les bouddhistes : Matthieu Ricard recommande aux disciples plus de vigilance
Marianne 28/07/2017. Par Elodie Emery. Pour la première fois, Matthieu Ricard, proche conseiller du dalaï-lama, qualifie d' »inadmissibles » les agissements de Sogyal Rinpoché. Régulièrement brocardé pour ses violences et abus sexuels, le lama qui officie dans l’Hérault jouissait jusqu’à maintenant d’un silence total de la part des plus hautes instances du bouddhisme tibétain. Depuis des années, le lama Sogyal Rinpoché agit en toute impunité, dans son centre de retraite situé dans l’Hérault, mais aussi ailleurs en Europe et dans le monde. Malgré sa position à la tête d’une association bouddhiste d’envergure internationale (Rigpa), aucune des plus hautes autorités bouddhistes n’a jusqu’à maintenant dénoncé les abus sexuels dont le tibétain est régulièrement accusé. Hier, Marianne publiait de larges extraits d’une lettre signée par huit de ses plus proches disciples, qui révélait des détails inédits et glaçants sur la violence des pratiques du maître. Suite à nos sollicitations, le plus célèbre moine bouddhiste de France et proche conseil du dalaï-lama, Matthieu Ricard, a fini par envoyer un texte de réaction à notre journal.
« Je connais personnellement deux des auteurs de la lettre récemment envoyée à Sogyal Rinpoché et suis convaincu qu’ils sont honnêtes et que leur parole est fiable,écrit le co-auteur du best-seller Trois amis en quête de sagesse. Les comportements décrits dans cette lettre et dans d’autres témoignages passés sont à l’évidence inadmissibles, du point de vue de la morale ordinaire et à plus forte raison de l’éthique bouddhiste, notamment du fait que les comportements incriminés ont été sources de nombreuses souffrances »…
Contacté par téléphone, et pour justifier que des années se soient écoulées avant qu’il ne prenne la parole à ce sujet, Matthieu Ricard argumente « qu’il n’y a pas de police des mœurs dans le bouddhisme » et que c’est « aux personnes qui connaissent les choses de l’intérieur de les dénoncer ». Et, le cas échéant, de porter plainte auprès de la justice. Dans son courrier, le moine insiste sur ce point en rappelant que les enseignements recommandent « de ne pas se confier à un maître avant de l’avoir minutieusement examiné, de loin d’abord, en s’informant auprès de tierces personnes, puis de près en vérifiant par soi-même si l’opinion que l’on s’est faite est conforme à la réalité. Il est même conseillé d’attendre plusieurs années avant d’accorder toute sa confiance à un maître et de suivre ses enseignements. On ajoute que se confier à un maître non qualifié revient à absorber du poison »…
Autrement dit, Sogyal Rinpoché a beau avoir été adoubé par le dalaï-lama et Matthieu Ricard lors de l’ouverture de son temple en 2008, charge aux disciples, et à eux seuls, de démasquer l’imposture. « Ce n’est pas notre rôle d’œuvrer en justiciers », affirme Ricard. « Il existe maintenant des milliers de centres bouddhistes dans le monde, tous indépendants les uns des autres »,rappelle-t-il, soulignant que « le bouddhisme n’est pas organisé de façon hiérarchique comme c’est le cas, par exemple, de l’Eglise Catholique ».
A ceux qui accusent le dalaï-lama (ci-contre aux côtés de Sogyal Rinpoché) de s’être tu pour des raisons financières ou pour protéger le bouddhisme, Matthieu Ricard oppose un démenti catégorique. Selon lui, le seul rôle qui incombe au maître spirituel est de « servir de référence en enseignant et en incarnant clairement ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour être un pratiquant du bouddhisme digne de ce nom ». Et pour expliquer que l’organisation de Sogyal Rinpoché, Rigpa, figure à la liste des donateurs de sa propre association Karuna shechen, il évoque une donation d’à peine 5 240 € en 2015, destinée aux victimes du tremblement de terre au Népal. Matthieu Ricard a beau minimiser la portée de sa prise de parole, se décrivant comme « un pauvre moine errant de droite à gauche », nul doute que ses mots auront un impact sur les 600 000 pratiquants de la religion bouddhiste en France. Et plus encore sur les victimes, qui craignent toujours, en prenant la parole, de nuire au bouddhisme tibétain dans son ensemble.
Le bouddhisme en France, fausses idées et vraies dérives
« Ferme la porte à clés. » J’ai été dévouée à un grand maître bouddhiste, avant de m’enfuir
L’Obs – le 06-11-2016, par Mimi, ancienne dakini. Sogyal Rinpoché est un maître bouddhiste tibétain soutenu par le dalaï-lama. Il est l’auteur du best-seller « Le Livre tibétain de la vie et de la mort ». Il dirige l’association Rigpa, un réseau de centres qui enseignent la tradition bouddhiste du Tibet à travers le monde. Ce maître puissant ne se déplace jamais sans ses « dakinis », des femmes sensées l’aider à avoir des révélations. Mimi a été l’une d’entre elles. Elle raconte les abus psychologiques et physiques que le maître tibétain a exercé sur elle et ses semblables… Avant qu’elle ne réussisse à s’enfuir. L’expérience de Mimi à ses cotés est en partie retranscrite dans le livre d’enquête de l’anthropologue Marion Dapsance, « Les Dévots du Bouddhisme » (Max Milot). Ci dessous, Mimi apporte une forme de complément plus personnel à ce qui est déjà énoncé dans le livre.
Édité et parrainé par Julia Mourri – Le bouddhisme, tel qu’il est enseigné en Europe, porte le jugement qu’on serait tous capables de créer une société idéale, parfaitement juste et compassionnée…L’adolescence peut nourrir l’envie de vivre un tel idéal, profondément. Du moins, c’était mon cas. Quand j’ai eu 14 ans, mon père est devenu disciple du grand maître bouddhiste Sogyal Rinpoché. Je l’accompagnais dans ses retraites pour passer du temps avec lui. Ça lui faisait plaisir. Au bout de quelques années, au cours d’un enseignement en Allemagne, Sogyal Rinpoché m’a aperçue et m’a fait venir à lui. Il a décrété que j’avais un bon karma et que je pouvais accéder directement à son intimité. Pendant une semaine, il m’a invitée à venir chaque soir dans sa chambre pour lui masser les mains pendant qu’il regardait la télévision. Je n’ai pas refusé, c’était présenté par sa garde rapprochée comme un privilège qu’il m’adresse la parole, que je puisse toucher cette incarnation du divin. Mon père était fier et je savais que je lui faisais extrêmement plaisir. L’image que j’avais du maître était magnifiée par la sienne. À la fin du séjour, alors qu’il montait dans sa berline, le maître m’a donnée son emploi du temps pour l’année à venir et m’a dit : « Tu peux venir me retrouver où tu veux. J’aimerais te voir. Je vais enseigner en Australie pendant un moment. » J’avais alors 22 ans.
Des filles le suivent partout. Je l’ai rejoint. J’ai été reçue comme une princesse. Sogyal Rinpoché avait loué des maisons de vacances au bord de la mer. L’endroit était désertique. Je passais mes journées à la plage. Je participais aux prières, sans être assidue. Je ne voyais le maître que quelques heures par jour lors des repas. Il était accompagné de deux hommes, ses chauffeurs, et de plusieurs filles, peut-être huit. On les appelle les dakinis. Ces femmes sont censées aider le maître à avoir des révélations. Elles le suivent partout. C’est à ce moment là que j’ai aussi découvert ses premières crises de colère. Je partageais une maison un peu en retrait avec l’une d’entre elles. Elle avait un enfant. J’ai pensé qu’il s’agissait de celui du maître. Pendant ce séjour, mon petit-ami m’a fait envoyer des fleurs pour la Saint-Valentin. Les filles me sont tombées dessus : « Ne dis surtout pas que c’est un garçon qui t’a envoyé ces roses ! Offre-les au maître, il croira que c’est pour lui. »
Ce soir-là, il a organisé un dîner de Saint-Valentin. Les deux chauffeurs n’étaient pas conviés. Il était seul avec nous, les filles. Je trouvais ça étrange, mais je me sentais assez libre…
Dévouée, 24 heures sur 24. Tout a basculé quelques mois plus tard, quand j’ai perdu ma grand-mère. Ce décès a été un bouleversement et je suis tombée malade. Sogyal Rinpoché est alors venu me voir chez ma mère… Il m’a invitée à passer tout l’été à ses cotés dans le centre de Lérab Ling, dans l’Hérault, pour recevoir ses enseignements en personne. J’ai accepté. Dès que je suis arrivée, tout est allé très vite. Les autres dakinis mettaient généralement plusieurs années pour accéder à la fonction qui m’avait été confiée cet été là. En quelques semaines, je me retrouvais à superviser toute l’équipe de filles. Il m’a confié les talkies walkies et les téléphones portables et j’ai fini par être 24 heures sur 24 à ses cotés. Je l’accompagnais partout, sauf quand il enseignait. Dans ces moments-là, je devais organiser le nettoyage de ses appartements et ses lessives, ranger ses papiers et ses placards, commander ses repas et réserver ses transports, préparer ses sacs, exécuter ses listes d’exigences … J’étais épuisée mais je passais les tests. Ses demandes étaient de plus en plus excessives, mais je ne disais rien. La règle, c’était d’être dévouée, pour avoir droit à l’éveil. Je pense surtout que ça me soulageait émotionnellement de ne pas avoir le temps de réfléchir…
« Ferme la porte à clés ». La première fois qu’il y a eu contact sexuel, j’étais coupée d’une certaine conscience de moi-même. Il m’a dit : « Ferme la porte à clés. » Toute une délégation nous attendait dans les voitures. Il ne manquait plus que lui et moi. Depuis deux mois je dormais très peu. J’avais pris l’habitude de me faire abuser par des exigences et des paroles. Nous acceptions tout. Je n’écoutais plus. Je faisais ce que j’avais à faire, sans plus poser de question. J’étais dans l’adrénaline de l’urgence et de la fatigue continues. Après le premier rapport sexuel, il a formulé des menaces très explicites, m’interdisant d’en parler à quiconque. Toutes les dakinis étaient au courant, mais nous ne devions pas aborder le sujet. Pourtant, nous nous relayons pour surveiller la maison lorsque l’une d’entre nous passait dans la chambre du maître. Personne ne devait approcher. Plus les filles vieillissaient, plus elles sentaient la fin venir. Elles devenaient anxieuses.
Loyauté envers le groupe. À la fin de l’été, j’ai eu une période d’aménorrhée et j’ai eu peur d’être enceinte. J’en ai parlé à un disciple médecin. Comme j’étais la fille la plus proche de Sogyal Rinpoché, avoir d’autre relation m’était impossible. Ce médecin m’a prescrit une prise de sang sans me poser la moindre question. Dans les centres Rigpa, la loyauté envers le groupe prime sur tout le reste. Pourtant, il s’agit d’une communauté de gens souvent instruits : médecins, magistrats, avocats, hommes d’affaires ou encore pilotes… Les maîtres bouddhistes ne vont pas chercher des Tibétains qui vivent avec trois dollars en Inde, mais des Blancs qui ont de l’argent, en Occident. Les adultes qui baignent dans cet environnement réadaptent la réalité pour pouvoir la supporter. Ils parlent de compassion toute la journée mais assistent à des humiliations en public. Ils remettent en question puis refoulent toute forme d’instinct ou de ressenti… Pour soulager ces frustrations, le maître encourage la mutilation de l’empathie pour la famille et l’entourage immédiat. À ce vide, il substitue alors une autre forme de compassion pour une humanité réduite a l’état de concept, abstraite et lointaine.
J’ai cru que j’allais mourir. Je me suis éloignée très progressivement du groupe, en trouvant des excuses. Je pense que le processus de rupture s’est confirmé lorsque j’ai commencé à prendre des cours de chant. Une chanteuse lyrique m’avait entendue et avait décidé de me donner un cours gratuit tous les mois. Elle m’a appelée pour que je vienne, en insistant. J’ai commencé alors à revivre mes émotions. Pendant plusieurs années, j’ai été incapable d’admettre ce qu’il s’était passé. Il a fallu que ça prenne le dessus sur mes rêves et ma santé. Je faisais des cauchemars tous les soirs, j’ai commencé à avoir de l’asthme et des fièvres. J’ai senti que j’allais mourir si je gardais tout ça pour moi. Sur un coup de tête, je me suis rendue à Londres sur une invitation du maître. Un de ses chauffeurs est venu me chercher et je lui ai demandé : « Tu sais très bien que toutes les filles couchent avec lui, tu trouves que c’est normal ? » – Il m’a répondu : « Vous seriez toutes des prostituées et des droguées si vous n’aviez pas trouvé ce maître. Estime-toi heureuse, tu n’as rien à lui reprocher. » Sa réaction m’a confortée dans l’idée que je prenais la bonne décision. Arrivée sur place, j’ai offert au maître un dessin que j’avais fait la nuit précédente. Je l’avais représenté au centre, avec moi sur lui en position du lotus. Autour de nous, en ronde, j’avais noté le nom de chacune des dakinis. Il a compris tout de suite et m’a demandé si je voulais de l’argent. Je suis partie.
La vraie colère derrière la fausse compassion. Mon départ a provoqué l’affolement. Le pouvoir est dans le groupe, pas dans le maître. Sogyal Rinpoché est inculte, pas particulièrement intelligent. Il a surtout des centaines de milliers de gens qui lui permettent d’asseoir sa souveraineté. Je ne suis pas certaine qu’il soit lui-même convaincu par ce qu’il raconte. Il récite ce que les gens ont besoin d’entendre. Soudain, le groupe a eu peur d’être remis en question, de se révéler. Qu’on réalise que les disciples passent leurs journées prostrés à embrasser les pieds d’un maître qui n’a jamais été à l’école et se balade avec un tas de minettes qu’il humilie. Qu’on perçoive toute la colère qui anime réellement cette communauté derrière le paravent de la compassion. Pendant un long moment, j’ai cru que je délirais toute seule. Comment était-il possible qu’à travers le monde, autant de personnes soient en adoration pour Sogyal Rinpoché et que je sois la seule à être écœurée par sa présence ? Les menaces que j’ai reçues après mon départ m’ont rassurée : je prenais la bonne décision.
Humiliations publiques. Il est possible que, d’une manière un peu tordue, Sogyal Rinpoché ait été amoureux, je ne sais pas. Même s’il m’enfermait, même s’il n’y avait que son plaisir. Je ne sais pas comment il a vécu ou comment il vit encore ces situations. Je pense qu’il peut s’attacher, parce qu’il est extrêmement isolé émotionnellement. En tous cas, il avait établi avec nous une forme de confiance et de rapport affectif qui lui a permis d’abuser de nous, physiquement et psychologiquement, de manière continue. Sogyal Rinpoché frappe les dakinis et montre fièrement leurs cicatrices. Les humiliations ont toujours lieu en public. Je me souviens d’une fois où on était toutes autour de lui dans son jardin privé. L’une des filles ramassait les feuilles mortes. Elle avait une démarche lente, un peu comme une Brésilienne. Il l’a attrapée par les cheveux et l’a traînée par terre avant de la cogner contre le mur pour la punir d’avoir « trop d’égo ».
Un rapport incestueux. Dans mon cas, et certainement dans celui des autres dakinis, il y a une relation au père difficile. Celui-ci vous confie à un homme avec l’idée que vous pouvez tout faire pour lui et que vous devez tout faire pour lui. Il est heureux que vous entreteniez un rapport privilégié avec ce maître plus âgé et autoritaire. Il sait que vous êtes isolée, que vous dormez dans la même chambre, mais ne pose aucune question… Aujourd’hui, j’ai coupé les ponts avec mon père. Je crois qu’il me prend pour une folle, quelqu’un qui vit trop d’émotions. Il pense que la seule erreur du maître, c’est de ne pas m’avoir suffisamment enseigné la folle sagesse [concept introduit par Sogyal Rinpoché selon lequel la folie du maître ferait de lui quelqu’un de sage, libéré des contraintes sociales, ndrl.]
Le bouddhisme en France, fausses idées et vraies dérives
LIVRE Dans «Les dévôts du bouddhisme», l’auteure Marion Dapsance décrit l’apparence sectaire que prennent certains centres tibétains en France…
20 MINUTES – Olivier Philippe-Viela – 12.09.2016 – Le dalaï-lama est en France cette semaine pour donner une série de conférences, au moment où paraît, le 15 septembre, Les dévots du bouddhisme (Max Milo), un « journal d’enquête » écrit par Marion Dapsance, anthropologue qui a passé sept ans à étudier la version occidentale du bouddhisme. Dans cette plongée au sein des centres Rigpa, organisation internationale dont le vaisseau-amiral, le Lérab Ling, est situé en France, dans l’Hérault, l’auteure décrit un microcosme étonnant tout entier tourné vers son astre central, le controversé Sogyal Rinpoché, lama fondateur de Rigpa connu pour son Livre tibétain de la vie et de la mort.
Un « enfant » ultra-matérialiste et libidineux. Ce best-seller, publié en 1993 et préfacé par le 14ème dalaï-lama dans sa réédition de 2005, est un texte essentiel pour ses adeptes. Combien sont-ils exactement en France ? Impossible de savoir, tant le turn-over est important dans la dizaine de centres hexagonaux, explique Marion Dapsance. Sogyal Rinpoché y est considéré comme un « grand maître » du bouddhisme tibétain, et ses apparitions publiques (au centre de Levallois-Perret par exemple), attirent foule de curieux. Mais il traîne aussi quelques controverses depuis les années 90, nourries parune plainte en 1994 pour « abus sexuel, mental et physique » (affaire réglée par un accord financier à l’amiable) et de nombreux témoignages très critiques d’anciens fidèles.Le portrait que dresse l’auteure de l’un des plus célèbres lamas à avoir exporté sa religion en Occident va dans le même sens et tranche avec l’aura quasi divine que lui confèrent ses disciples. Rinpoché est décrit comme un « enfant » ultra-matérialiste, gérant Rigpa comme une multinationale. La liste de ses besoins lors de ses déplacements ne correspond pas exactement à l’idée que l’on se fait d’un sage décryptant les mystères de l’esprit : une télévision (avec la BBC et CNN), un lecteur DVD, un parc et une piscine (chauffée à 30°c minimum) à proximité, un lit double, un steak-frites pour le repas, etc…Le tout dans des hôtels luxueux avec une délégation pour s’occuper du moindre de ses besoins, et notamment celui de se faire masser.
De très chères retraites pour apprendre à satisfaire Rinpoché. Car dans « l’apprentissage » – moyennant au moins plusieurs centaines d’euros pour une retraite dans un centre Rigpa – dispensé par Sogyal Rinpoché, le travail sur soi consiste aussi à satisfaire le « grand maître ». Au sein de Rigpa, on appelle cela le « lama care » (les soins apportés au lama), officiellement une forme de « méditation en action » mis « au service des enseignements », décrit l’anthropologue.
D’anciennes « dakinis », des femmes au service de Rinpoché que Marion Dapsance a rencontrées, racontent leur passage dans la chambre d’un chef qui retournait alors les peintures de divinités pour laisser apparaître des photos de nus, avec manifestement un fort intérêt pour Emmanuelle Béart. Et quand il n’est pas là (il a environ 130 centres à gérer dans le monde), les séances de méditation « en présence » de Rinpoché se font via un téléviseur, ce qui n’aurait aucune incidence selon « le grand maître » sur la capacité à échanger les chakras, même par écran interposé. (…) Le dalaï-lama sait mais ne dit rien. « C’est le truc à la mode, un peu bobo. Ils rejettent la figure d’un Dieu monothéiste, et se tournent vers des religions que l’Occident connaît mal et encense pour de fausses raisons, et qu’ils voient comme une alternative au christianisme, mais sans aller jusqu’au bout de la démarche athée, le nihilisme. Le bouddhisme est vu comme à mi-chemin », décrit Marion Dapsance. Ce besoin de « psychologisation » d’une religion rappelle les groupuscules New Age des années 70 aux Etats-Unis, influencés par la psychologie analytique et la théosophie, qui promettaient de rendre l’Homme meilleur par une forme de spiritualité rationnelle. « C’est tout à fait ça », confirme l’auteure. Le dalaï-lama est-il au courant des pratiques du lama Rinpoché ? Marion Dapsance assure que oui : « Après des premières accusations dans les années 90 au sujet de Sogyan Rinpoché, le dalaï-lama avait refusé de signer une charte de bonne conduite pour les lamas qui enseignent en Occident. Soit il y a des questions d’argent, soit, et c’est plus probable, ils veulent garder une vitrine d’unité car le dalaï-lama est en exil et ne veut pas donner une mauvaise image du bouddhisme tibétain », ajoute l’auteure du livre. A l’occasion de son passage en France, du 12 au 18 septembre, la question pourrait lui être posée.
*Les Dévots du bouddhisme, éditions Max Milo, 20€, 15 septembre 2016.
Je n’ai aucune foi en la justice. Je n’ai pas voulu attaquer Sogyal Rinpoché en justice. L’une de ses dakinis l’avait fait en Californie, il y a quelques années. Elle le regrette encore aujourd’hui. Ça a détruit son mariage, sa famille. Elle est repartie de zéro. Je n’ai d’ailleurs aucune foi en la justice. Mes témoignages n’ont jamais déclenché de procédure judiciaire. Quant à Marion Dapsance, l’auteur des « Dévots du bouddhisme », elle a envoyé à plusieurs reprises un dossier à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Elle n’a eu aucun retour. Si Sogyal Rinpoché n’était plus là, un autre prendrait sa place. Ce visage du bouddhisme semble véritablement difficile à accepter pour certains. Beaucoup continueront à ne pas y croire. Ils penseront que je suis celle qui a trahi le maître, que je suis vénale. En revanche si l’un d’entre eux commence à douter, il pourra réaliser qu’il n’est pas seul : une autre information, libre, existe et circule. Un ancien directeur de centre vient étonnamment, cette année, de se retourner contre Sogyal Rinpoché en confessant explicitement les dérives de l’emprise psychologique et des violences que ce dernier faisait subir a son entourage, et notamment aux femmes. Il dénonce également les faveurs sexuelles et une domination qui passe par l’infantilisation. Cruel, mauvais, tortionnaire. …C’est un sentiment très vif chez moi. Chez chaque personne que je rencontre, je vois désormais quelqu’un capable de devenir cruel, mauvais, tortionnaire, selon sa capacité à s’assumer émotionnellement et son besoin d’appartenance a un groupe. Je vois le meilleur comme le pire, dans les choix de résignation ou d’amour de soi. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1577666-ferme-la-porte-a-cles-j-ai-ete-devouee-a-un-grand-maitre-bouddhiste-avant-de-m-enfuir.html
Epilogue affaire du temple des Mille Bouddhas
Le Journal de Saône et Loire, 21/06/2011. Le délibéré dans l’affaire des trois moines bouddhistes qui ont comparu devant le tribunal de Chalon, pour y répondre d’abus de faiblesse sur une personne vulnérable a finalement mis hors de causes les trois moines bouddhistes qui devaient répondre devant la cour d’abus de faiblesse sur une personne vulnérable. La plaignante, une femme dépressive depuis 2004, avait perdu son emploi et avait tenté de trouver refuge dans la religion bouddhiste. Une rupture sentimentale et la disparition brutale de son enfant l’avaient entraînée dans un état de dépersonnalisation et d’errance. Dans sa recherche intérieure, elle avait tenté de trouver refuge dans la religion bouddhiste. Elle avait réalisé un don de 50 000 euros au profit de la congrégation religieuse et rédigeait 2 chèques de 1 000 euros à deux moines à titre de don et pour des prières. À l’époque, le directeur à l’époque du temple des Mille Bouddhas avait expliqué que le don et la générosité font partie de la religion bouddhiste, se défendant d’avoir connu l’état de faiblesse de la généreuse donatrice. Les faits se seraient produits entre 2006 et 2007 au temple des Mille Bouddhas situé à La Boulaye, près de Toulon-sur-Arroux.
Voir : http://www.lejsl.com/saone-et-loire/2011/06/21/la-boulaye et
http://www.lejsl.com/faits-divers/2011/06/20/affaire-du-temple-des-mille-bouddhas-l-epilogue