Un exemple concret est présenté dans cette vidéo de 15 minutes, montrant ce qu’il se passe souvent dans l’intimité du cabinet d’un thérapeute sectaire :
https://www.youtube.com/watch?v=czW1Nxr_EuU (Médecine parallèle)
Le bien-être, jusqu’où?
Cures extrêmes pour dépolluer ses cellules, culte de l’alimentation « healthy », obsession de la pensée positive… En France comme ailleurs, le « wellness » peut rendre accro. Y a-t-il du mal à se faire trop de bien ?
Le Figaro, par Emilie Veyretout , le 06/10/2016 – Source Almaviva … L‘obsession grandissante pour la transformation de soi est en train de remodeler nos sociétés. Surtout, circonscrit dans les années 1970 à une poignée de communautés New Age, le wellness (bien-être) est devenu dans la plupart des pays occidentaux un impératif moral, qui se pose à chacun. «Être quelqu’un de bien implique de trouver sans cesse de nouvelles sources de plaisir et de nouveaux moyens d’augmenter notre bien-être, dénoncent les chercheurs Carl Cederström et André Spicer, auteurs du Syndrome du bien-être paru récemment sur le sujet (Éditions L’Échappée). Heureusement pour nous, les entreprises se dotent de salles de sport flambant neuves pour nous encourager à nous maintenir en forme ; la société de consommation s’engage à faire notre bonheur en pourvoyant à nos moindres besoins ; les centres de yoga ouvrent leurs portes pour nous aider à trouver l’harmonie et la paix intérieure ; et il est même scientifiquement prouvé que faire la vaisselle ou préparer nous-mêmes notre pain nous rendraient plus zen et plus détendus au quotidien. Cette logique est désormais partout à l’œuvre, dictant aussi bien notre façon de travailler et de vivre que d’étudier et de faire l’amour.» Les raisons de cette mutation se juxtaposent: néocapitalisme, allongement de la durée de vie, dépolitisation et digitalisation… Mais on en aura saisi les conséquences directes – un penseur slovène spécialiste de Nietzsche a même inventé le terme de «biomorale». Selon Carl Cederström et André Spicer, pour résumer, notre société se diviserait en deux camps: l’être parfait qui court, médite, pense positif et se nourrit uniquement d’aliments anti-toxines ; et les autres, gros, paresseux, gourmands, pessimistes, tristes… En réalité, le problème n’est pas tant de prendre soin de soi, au contraire. Mais qu’un choix individuel se soit transformé en idéologie dominante. Le wellness génère aujourd’hui une industrie addictive, aux chiffres vertigineux (3 400 milliards de dollars en 2014 aux États-Unis, selon le Stanford Research Institute). Et le phénomène n’est pas près de s’essouffler.
Chacun cherche son gourou. Il suffit d’observer les unes de magazines, les hordes de joggeurs dans les parcs de Paris et de province, la superficie des rayons de la Fnac consacrés au développement personnel et l’éclosion des juice bars pour s’en assurer: notre pays a largement comblé son retard par rapport aux États-Unis ou à l’Allemagne, où le bien-être est culturel. «Surtout, cet univers a changé, note Galya Ortega, une ancienne professeur de yoga devenue consultante de luxe (elle dirige les spas des hôtels Barrière, à Deauville). On est passé d’un wellness foisonnant, artisanal, très “peace and love”, à un business organisé, édité, marketé. Le corps et l’esprit se sont réconciliés, en quelque sorte.» Chaque saison offre un nouveau «gourou» et son best-seller pour booster ses performances – le médecin des stars Frédéric Saldmann (Prenez votre santé en main !, Éditions Albin Michel), le chantre de la pleine conscience Christophe André, le conférencier Frédéric Lenoir (La Puissance de la joie, Éditions Fayard) ou la coach en développement personnel Marie Kondo(La Magie du rangement, Pocket).
Encore inconnus dans l’Hexagone il y a quelques années, des figures comme l’Américain Deepak Chopra, superstar de la santé spirituelle aux millions de fans, et l’Indienne Amma, qui répand l’amour par ses étreintes, font salle comble quand ils se produisent dans nos villes. Connus pour leur sens critique ultradéveloppé, les descendants de Descartes cèdent sans scrupule aux principes de la pensée positive. «Plus vous avez une image positive de vous-même, plus vous augmentez vos chances de réussite», résume le maître en la matière, Zig Ziglar…
Voilà pour l’esprit, mais il faut nourrir aussi le corps. Le lifestyle de Los Angeles, épicentre de la culture holistique cool, a germé partout dans le monde. Difficile de résister aux superfoods et aux mélanges miraculeux censés éliminer le stress, chasser les toxines, booster l’énergie. Hier l’herbe de blé, aujourd’hui l’huile de coco ou le sésame noir… Les plaisirs de la bouche convergent vers un but: améliorer son potentiel physique et mental. Pascal Bruckner écrit que «la table n’est plus seulement l’autel des succulences, un moment de partage et d’échanges, mais un comptoir de pharmacie où l’on pèse minutieusement graisses et calories, où l’on mâche avec conscience des aliments qui ne sont déjà plus que des médicaments» (L’Euphorie perpétuelle. Essai sur le devoir de bonheur, Éditions Grasset)…
Cryothérapie et vœux de silence. De même, dans les instituts dédiés, il faut sans cesse mesurer, quantifier, évaluer le bien-être des clients. D’ailleurs, les spas ne seront bientôt plus des spas mais des centres, où cohabiteront le meilleur de la médecine traditionnelle orientale (ayurvédique, chinoise…) et la pointe du high-tech. «Même quand il s’agit de bien-être, les gens ont besoin de pourcentages, de mesures… C’est drôle, n’est-ce pas? Un peu comme cette habitude, le matin, de regarder la météo sur son smartphone alors qu’il suffirait d’ouvrir la fenêtre et de scruter le ciel, remarque Anna Bjurstam, vice-présidente spas des hôtels Six Senses. Notre groupe a mis en place un programme qui permet précisément de mettre des chiffres sur l’état de forme et la routine de chacun afin de l’améliorer, pendant le séjour puis de retour à la maison.» Un screening sophistiqué qui analyse à la fois les marqueurs physiologiques (masse grasse, rythme cardiaque…), les paramètres de stress, les risques environnementaux (via le pH et le stress oxydatif) et l’hygiène de vie (cholestérol, circulation du sang…). «C’est un luxe aujourd’hui que de pouvoir améliorer son bien-être physique et mental. Nos grands-parents – voire nos parents – n’avaient ni le temps, ni l’argent pour cela, souligne Sohal Shah, directeur d’un spa Six Senses. À travers notre programme, l’idée n’est surtout pas de faire culpabiliser mais d’accompagner chacun vers l’équilibre.»
Faut-il souffrir pour être bien? La question se pose, au regard du succès des retraites drastiques. En plein désert d’Arizona, le mirifique resort géant de Miraval est un must, avec cours de sport, cryothérapie (des cabines à – 90 °C où l’on reste, en maillot de bain, pendant trois minutes, pour détoxifier ses cellules), séances de chamanisme et même coaching professionnel. En Inde, la clinique ayurvédique indienne de Somatheeram devient le hot spot des gens de la mode après les défilés, tandis qu’en Italie l’Eremito loge ses clients dans une cellule d’ermite exigeant vœu de silence, méditation quotidienne et chants grégoriens. On ne compte plus les bootcamps (ces camps sportifs collectifs inspirés de l’entraînement des GI), les cures de jeûne (randonnée en forêt, etc.)… Les spécialités varient, les tarifs aussi (de 1 000 à 10 000 euros la semaine), mais l’emploi du temps est identique: quasi militaire. Lever aux aurores, alimentation frugale, exercices, routine antistress rodée. Défi personnel duquel on sort grandi, expiation avant de retourner à ses excès? De quoi méditer.
SEPT CURES, SEPT STYLES. Qui n’a jamais eu envie de quitter la ville, le temps d’un long week-end ou de courtes vacances, pour se vider l’esprit, alléger son corps et libérer ses énergies? Pour les adeptes de méditation transcendantale comme pour les plus débutants, notre sélection de sept destinations wellness parmi les plus pointues du moment.
-Le plus high-tech: Sha Wellness Clinic, en Espagne. Dans ce centre de détoxification futuriste bâti il y a cinq ans sur la Costa Brava cohabite le meilleur des médecines asiatique (acupuncture, shiatsu…) et occidentale (bilan génétique et injection de molécules d’ozone dans le sang notamment). Le séjour débute par un check-up de santé complet, avec des médecins, avant un agenda d’activités et de soins décliné heure par heure sur iPad. Nullement découragés par l’alimentation macrobiotique, les hommes d’affaires sous pression raffolent des formules «Récupération du sommeil», «Rajeunissement intégral» et «Life reset» (Vladimir Poutine y aurait ses habitudes).
12 950 € les deux semaines en pension complète mais sans hébergement.
–Le plus monacal: Eremito, en Italie. Perdu dans les forêts d’Ombrie, à deux heures de Rome, et construit sur un ermitage du XIVe siècle, l’Hotelito del Alma comme le surnomme son créateur propose sa «détox digitale»: on loge dans l’une des 14 cellules, on dîne en silence, on vit au rythme des méditations et des chants grégoriens. Extrême.
À partir de 160 € la nuit…
–Le plus New Age: Miraval, aux États-Unis.
Avec 60 % d’hôtes satisfaits, qui reviennent d’une année sur l’autre, le temple du wellness à l’américaine est depuis vingt ans une référence dans le monde entier. L’éventail des thérapies alternatives y est poussé à l’extrême avec presque 500 activités, dont la légendaire psychothérapie équine («It’s not about the horse», le cheval servant de miroir émotionnel et mental de l’individu), des séances de rajeunissement du cerveau, des ateliers de pensée positive, des séances de coaching professionnel mais aussi de voyance. Environ 8 000 € la semaine, sans le vol.
–Le spécialiste du jeûne: Buchinger, en Allemagne. À Uberlingen mais aussi à Marbella (Espagne), la clinique du docteur Otto Buchinger reste un classique. Au programme: tisane, jus de fruits et bouillons de légumes (environ 250 kcal par jour), Pilates, yoga, randonnées, massages et bains, le tout encadré par des médecins, psychologues et thérapeutes. Si la pratique du jeûne comme thérapie efficace n’est pas officiellement reconnue dans certains pays, dont la France, les adeptes crient à ses pouvoirs auto-guérissants, sur les plans physique et émotionnel. À partir de 2 500 € le forfait de 10 jours…
-La cure ayurvédique: Somatheeram, en Inde
Confort sommaire et prix à l’avenant, pourtant cette clinique indienne située dans le Kerala attire chaque saison ce qui se fait de plus branché. Sans doute est-ce dû à son équipe de médecins régulièrement récompensés, son programme simple mais efficace pour «traiter le corps, l’esprit et l’âme». 1 200 € le forfait de 11 jours, sans le vol…
–Bien-être cinq étoiles: les hôtels Six Senses. Sites naturels énergétiquement puissants – la vallée du Douro au Portugal, la péninsule de Ninh Van Bay au Vietnam, les montagnes de Qing Cheng en Chine… -, villas de luxe et désormais un programme de wellness intégré avec analyse des marqueurs de santé et traitements holistiques personnalisés: le groupe hôtelier promet à ses résidents une remise en forme «slow life» autour des quatre piliers du bien-être: sommeil, nutrition, exercice physique et éveil spirituel. À partir de 300 € la cure de soins.
-Cure de luxe: les hôtels Aman. Les établissements de la chaîne étaient déjà connus pour leurs décors exceptionnels et leurs spas à couper le souffle: ils accueillent désormais des retraites de 3 à 7 jours autour de stars du bien-être (professeurs de yoga, guérisseurs, acupuncteurs, etc.), sur des thèmes précis. Exemple, «Le sens de la vie» à l’Amankora, au Bhoutan. À partir de 10 000 € pour 8 jours…
http://www.lefigaro.fr/lifestyle/2016/10/06/30001-20161006ARTFIG00222-le-bien-etre-jusqu-o.php
Viol, abus, manipulation… Quand certains thérapeutes sont déviants
Par Marion Dupuis – Le Figaro, 13 avril 2016 –
Le documentaire Emprise mentale : quand la thérapie dérape, diffusé sur France 5 le 19 avril, enquête sur ces gourous qui induisent de pseudo traumatismes d’enfance et donne la parole à leurs victimes. On les appelle les dérapeuthes : ce sont les thérapeutes qui dérapent. Chaque année, en France, plusieurs milliers de patients seraient victimes de ces spécialistes autoproclamés de l’âme, parmi lesquels on trouve des psychanalystes agréé(e)s, des psychologues diplômés et même de vrais médecins. Cible de ces derniers ? Des personnes en souffrance psychique ou physique à qui on a fait croire, entres autres, que leur enfance n’était que souffrance, pour mieux les contrôler et abuser d’eux. Certains d’entre eux, « rescapés de l’enfer », racontent leur calvaire dans un passionnant documentaire diffusé le 19 avril sur France 5 et réalisé par Stéphanie Trastour.
Prescription de relations sexuelles multiples. Les témoignages sont glaçants, parfois terrifiants mais surtout instructifs. Il y a Bernard, consultant en management, qui raconte avoir perdu sa santé, sa fille et beaucoup d’argent, après être tombé entre les mains du psychanalyste Benoît Yang Ting. Ce dernier, disant s’inspirer de la psychanalyse freudienne et du cri primal de Janov, parvenait à induire de faux souvenirs –une technique de manipulation redoutable- chez ses patients. Pour Bernard, ce sera une tentative d’avortement de la part de sa mère, pour Sophie, ce sera un viol présumé de la part de son père sur elle et sa sœur.
Aux États-Unis, dans les années 1980 et 1990, ces faux souvenirs induits issus des thérapies en vogue de la mémoire retrouvée, ont défrayé la chronique judicaire pendant vingt ans, ruinant psychiquement au passage un nombre impressionnant de pères de famille accusés d’inceste par leurs enfants. La plupart seront innocentés et feront des procès aux thérapeutes de leurs enfants. En France, trois affaires similaires –Benoit Yang Ting, Jacques Masset et Claude Sabbah – étaient au cœur de l’actualité judiciaire en 2015. Le premier, psychanalyste, adepte, on l’a vu, du faux souvenir induit, facturait 150 000 francs pour accéder à sa liste d’attente. Le second, ex agent de propreté devenu psychanalyste, prescrivait, lui, à prix d’or des relations sexuelles multiples et violentes pour guérir de prétendues vieilles histoires d’inceste. Le troisième, ancien médecin, est le fondateur de la BTEV (biologie totale des êtres vivants), un pseudo procédé miracle qui promet aux personnes atteintes de maladies graves d’identifier le conflit psychologique qui a déclenché ce dernier.
La lutte contre les dérives sectaires. Tombé dans les mailles du filet, Claude, décèdera ainsi d’un cancer mal soigné. Le documentaire donne aussi la parole à ceux qui ont fait de la lutte contre les thérapies déviantes un combat. Elisabeth Roudinesco, grande figure de la psychanalyse en France, Serge Blisko, président de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) et Elizabeth Loftus, psychologue américaine, spécialiste de la mémoire humaine, éclairent sur le processus de manipulation de la mémoire et sur le vide juridique entourant ces professions. En France, contrairement à celui de psychothérapeute, l’usage du titre de psychanalyste n’est toujours pas réglementé. « Ce n’est pas parce qu’un évènement est raconté de manière détaillé avec beaucoup d’assurance et d’émotion qu’il faut en déduire qu’il s’est réellement produit. Rien ne ressemble autant à un vrai souvenir qu’un faux souvenir », raconte Elizabeth Loftus…
Médecines douces : gare aux dérives sectaires
Réponse A Tout – 09/03/2016 – Par Alexandra Da Rocha – Ils vous promettent bien-être et santé en dénigrant la médecine traditionnelle et s’arrangent pour avoir une emprise totale sur vous. Repérez ces charlatans qui peuvent vous mettre en danger de mort. Les adeptes des médecines dites douces ou alternatives sont de plus en plus nombreux. Depuis une vingtaine d’années, la défiance à l’égard de la médecine allopathique s’est installée, poussant les patients à préférer parfois les conseils de leur naturopathe à ceux de leur médecin traitant. Avec, à la clé, des dérives sectaires comme le souligne la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Elle estime qu’aujourd’hui en France, quatre personnes sur dix ont recours aux médecines parallèles, dont 60% sont des personnes atteintes d’un cancer. Dans le même temps, on recense 400 pratiques non conventionnelles, c’est-à-dire qui ne sont pas reconnues par les autorités médicales, 1 800 structures d’enseignement ou de formation bidon, 4 000 psychothérapeutes autoproclamés ni formés ni inscrits à un quelconque ordre professionnel, 200 bio-décodeurs qui considèrent que chaque maladie est le reflet d’un problème émotionnel, 800 kinésiologues et… 3 000 médecins en lien avec une mouvance sectaire ! Quatre signalements d’embrigadement sectaire sur dix aujourd’hui relèvent d’une pratique médicale abusive.
Nouveaux charlatans – Ces nouveaux charlatans se font connaître par le bouche-à-oreille, les salons bien-être et médecines douces, les forums sur Internet ou dans la rue via des flyers… Ils dénigrent très vite la médecine classique et invitent à arrêter les traitements allopathiques y compris dans les cas de maladies gravissimes comme le cancer. Ils promettent une guérison miracle et proposent souvent une seule technique pour une prise en charge globale du corps, du mental et d’un ensemble de diverses pathologies. Leur explication du monde est simple et ils utilisent des termes pseudo-scientifiques. Une séance découverte gratuite peut précéder la prescription de plusieurs séances, chèrement payables à l’avance. Attention aux stages et autres séminaires où vous serez captifs et deviendrez des proies faciles au lavage de cerveau. Comme dans toute dérive sectaire, la rupture avec les proches en général et la famille en particulier est souvent préconisée comme faisant partie de la thérapie…
Les adultes en quête de bien-être ou de guérisons ne sont pas les seules cibles de ces dangereux gourous, les parents d’enfants à problèmes, qu’ils soient surdoués, autistes, hyperactifs ou en échec scolaire sont des proies faciles. On leur propose du « channeling » pour entrer en contact avec l’entité de l’au-delà qui nuit à l’enfant ; on décrète que tel enfant est un « enfant indigo », c’est-à-dire doté d’une aura bleu indigo, l’aura exceptionnelle des surhommes ou des petits dieux ; on prétend que tel enfant pourtant muré dans le silence s’exprime par des moyens tout autres et on tourne en dérision la psychiatrie. Derrière ces pratiques, des structures ayant parfois des ramifications à l’étranger ou aussi un gourou entouré d’une petite poignée d’adeptes. Pour ne pas tomber dans ce piège, il faut garder à l’esprit qu’une personne censée ne vous incitera jamais à arrêter un traitement qui a fait ses preuves et que personne ne doit faire pression d’une manière ou d’une autre sur vous ou vos proches afin d’obtenir un changement radical de mode de vie. Au moindre doute, il est important de se rapprocher de la Miviludes qui vous orientera vers la structure adaptée la plus proche de chez vous ! Lire aussi : EMDR, la nouvelle thérapie qui libère
La Miviludes signe un accord avec médecins et infirmiers pour lutter contre les dérives sectaires
D’après la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), le champ thérapeutique est en tête de ses sollicitations, avec près de 40 % de signalements reçus.
La Croix 23/9/15 avec AFP – « LA RECHERCHE DE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL PEUT PRÉSENTER LES MÊMES DANGERS » La Miviludes, présidée par un ancien médecin, l’ex-député socialiste Serge Blisko, va donc signer pour la première fois des « conventions de partenariat » avec des ordres professionnels : jeudi avec celui des infirmiers, vendredi avec celui des médecins. La première vise à « sensibiliser les infirmiers au risque de dérives thérapeutiques à caractère sectaire », la seconde à « mieux informer les médecins et améliorer la prise en charge des patients victimes ».
Marseille : maladie ou mal-être, une vraie manne pour les gourous
Dimanche 04/10/2015 – LaProvence.com Delphine Tanguy.
Un colloque « les détournements sectaires du psychosomatique » a réuni hier, à Marseille, des experts des dérives sectaires. C’est un quinquagénaire plutôt débonnaire, le rire et la parole facile, un léger accent belge – normal, il l’est. D’ailleurs, on entend des rires fuser lorsqu’il lance : « Le cancer en soi n’a rien de destructeur. Le fait d’avoir quelques milliards de cellules en plus dans votre organisme, ça ne va pas vous tuer ». Ces mots-là, aberrants, prononcés par un disciple de la « biologie totale« , tant de gens en détresse ont envie de les entendre, d’y croire.
Au sein du Centre fédéral belge d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) – l’équivalent, à Bruxelles, de notre Miviludes (1) française – la psychologue Sandrine Mathen, elle, tente de les combattre. Elle est venue témoigner hier, avec ces images chocs à l’appui, du poids de certaines dérives des médecines non-conventionnelles, lors du colloque national contre Les détournements sectaires du psychosomatique.
Organisé par le Gemppi, en partenariat avec la Fédération européenne des centres de recherche et d’information sur le sectarisme (Fecris), il s’est déroulé à l’Espace éthique méditerranéen, à l’hôpital de La Timone de Marseille. Soignants, experts, les intervenants se sont succédé à la tribune pour évoquer des nouvelles thérapies ambiguës, telles l’EMDR, les ravages des faux souvenirs et de la mémoire manipulée en thérapie, etc. Des cas concrets ont été évoqués, des discours déconstruits. Promettre aux malades qu’ils guériront de leur cancer avec du jus de légumes, une cure constituée « d’air et de soleil » ou, comme les adeptes de la biologie totale, en réglant seulement « le conflit interne à l’origine » de leurs maux, mais surtout en substituant ces approches à celle de la médecine traditionnelle : pour Serge Blisko, à la tête de la Miviludes, c’est bien ainsi que l’on pourra identifier le gourou dogmatique, dangereux.
Une secte n’est pas à chaque fois en embuscade. Il y aurait, pour la mission interministérielle, vraiment urgence. « Les mouvements sectaires s’abritent derrière l’engouement des Français pour toutes les médecines dites alternatives, naturelles ou complémentaires. » Parmi les 3 000 signalements reçus par la Miviludes en 2013, la part de la santé était en hausse, jusqu’à représenter plus de 30 % des cas, 50 % cette année à Marseille, selon le Gemppi. Bien évidemment, une secte n’est pas à chaque fois en embuscade. « Mais le danger demeure, 10 à 20 % des cas présentent vraiment un risque », assure Didier Pachoud, président du Gemppi, présente dans la cité phocéenne depuis 1988. Sans non plus jeter l’opprobre sur les pratiques alternatives, dont la complémentarité peut être bénéfique dans certains traitements, apporter un vrai mieux-être au malade, les participants se voulaient pédagogues. « Car la maladie et la douleur peuvent rendre vulnérables même les esprits les plus informés et rationnels », rappelle d’ailleurs aussi le Gemppi sur son site internet. www.gemppi.org
(1) Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.
Médecines douces : méfiez-vous des dérives sectaires
Top Santé, 15 septembre 2015. Certaines pratiques peuvent s’avérer peu conventionnelles, certaines peuvent même être dangereuses. Et d’autre peuvent encore dériver dans le domaine sectaire. De quoi faut-il absolument se méfier? Il est indispensable de rester vigilant face aux méthodes de pseudo-thérapeutes qui exercent une véritable emprise mentale sur les malades, mais aussi celles de distributeurs de produits complémentaires de santé. Le nombre de concepts et de méthodes s’avérant dangereux est en augmentation. Bien souvent ils sont protégés par des droits d’auteurs, des droits de marques ou des droits de propriété intellectuelle. Outre leur dangerosité, ces pratiques de soins ou de bien-être non conventionnelles et à visée thérapeutique ont en commun de permettre à leurs concepteurs d’obtenir des revenus très confortables. Elles peuvent conduire à des dérives, soit en raison de leur dangerosité propre, soit en raison de l’absence de formation réglementée et/ou validée des praticiens qui les mettent en œuvre.
La liste noire du ministère de la Santé
Elle met en avant une quarantaine de pratiques potentiellement dangereuses, notamment :
Le biomagnétisme, qui prétend débarrasser une personne de toutes les énergies usées, stagnantes, qui perturbent sa santé
L’éleuthéropédie, imposant aux enfants une alimentation composée exclusivement de produits crus, ce qui peut entraîner des retards de croissance
La fasciathérapie, une thérapie manuelle centrée sur le patient qui dit le traiter dans toute sa globalité et le rend acteur de sa santé. Elle sollicite les forces d’autorégulation somatique et psychique
La gemmothérapie, une méthode de soins utilisant des tissus embryonnaires végétaux en croissance (bourgeons, radicelles). Le figuier serait par exemple un analgésique et un antidépresseur
La méthode Hamer, prônant que chaque type de cancer trouve son explication dans le psychisme. Cette méthode prône également l’arrêt de tout traitement conventionnel par les malades atteints de cancer
La kinésiologie, basée sur des tests musculaires pour trouver l’origine des blocages et sur des exercices permettant au corps de s’autoguérir
La médecine énergétique qui permet d’équilibrer les énergies du corps pour atteindre une santé, une joie et une vitalité optimale
La naturopathie, englobant l’étude, la connaissance, l’enseignement et l’application des lois de la vie afin de maintenir, retrouver et optimiser la santé par des moyens naturels
La psychobiologie, qui consiste à étudier le rapport entre psychisme et fonctions biologiques
Le reiki, prônant la guérison par imposition des mains, le praticien servant de canal pour faire passer l’énergie
La méthode Simonton, qui prétend prendre en charge psychologiquement les malades du cancer avec pour objectif d’apprendre à maîtriser la dimension psychologique et émotionnelle et favoriser ainsi des transformations en profondeur face aux difficultés, aux situations de crises, aux maladies.
En cas de doute sur une pratique, n’hésitez pas à consulter les sites Internet : www.sante.gouv.fr, rubrique «Dossier», et «pratiques de soins non conventionnelles» à la lettre P, ou le site www.derives-sectes.gouv.fr
Les nouveaux gourous de la santé inquiètent
Le Soir (Belgique), 30/09/2015, Ludivine Ponciau. Sectes. Le nombre de questions liées à ces pratiques augmente. Kinésiologie, biologie totale,… ces pratiques peuvent mener à des abus des thérapeutes. Le Centre d’information sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) traite de plus en plus de dossiers. Atteinte d’un cancer du sein, la patiente devait subir au plus vite une mastectomie. Une opération que lui déconseillait vivement son thérapeute en biologie totale. Son oncologue, lui, avait été clair : sans cette opération, il lui restait un an à vivre, tout au plus. Tiraillée entre l’avis de son médecin et celui de son gourou, la patiente s’est adressée au Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles. Elle a finalement opté pour la mastectomie… Ces derniers temps, on a vu émerger une série d’alternatives à la médecine traditionnelle, axées sur le bien-être physique et mental. Dans certains cas, des praticiens exercent une emprise sur leurs « disciples-patients ». « Cela peut concerner l’acupuncture, la méditation, la kinésiologie, la braingym (mouvements du corps permettant de doper les capacités intellectuelles, NDLR) ou même le tai-chi et la fish pédicure. Des pratiques pour lesquelles notre rôle est plutôt d’informer », illustre Sandrine Mathen, psychologue au Ciaosn. « Mais il peut aussi arriver qu’une personne, manipulée par son thérapeute, en vienne à se détourner de la médecine classique et que ce choix soit préjudiciable pour sa santé. Ça peut aller jusqu’à la mort. » Dans le collimateur de l’organisme de lutte contre les sectes mais aussi de la justice (lire ci-dessous) : la biologie totale. Pratique selon laquelle la plupart des maladies résultent d’un stress ou de conflits psychologiques. Ce n’est donc, estiment les thérapeutes qui la pratiquent, qu’en soignant les causes que l’on peut soigner le mal. Problème : comment prouver que le thérapeute abuse de sa position, joue de son influence ? « On ne peut parler d’abus de faiblesse que s’il est prouvé que le thérapeute avait connaissance de la vulnérabilité de la personne, de sa fragilité physique ou psychologique. Et que cette faiblesse a été utilisée soit pour s’approprier ses biens ou son argent, soit pour exercer un pouvoir sur elle. » Comme c’était sans doute le cas pour cette patiente atteinte d’un cancer du sein et qui hésitait à se faire soigner. « Attention », tempère la psychologue, « certains de ces thérapeutes qui représentent un danger pour leurs patients sont intimement convaincus d’avoir raison, que leur méthode marche. Tous ne recherchent pas le pouvoir ou le gain. Il n’y a pas de profil type. »
Il n’y a pas que les médecines alternatives qui posent question. La pratique religieuse peut, elle aussi, entrer en conflit avec la médecine générale. « On a par exemple eu le cas d’un pasteur protestant qui s’immisçait dans le traitement d’un patient atteint du sida. Qui voulait le détourner de la trithérapie », relate Sandrine Mathen. « Le problème est le même avec les témoins de Jéhovah et la transfusion sanguine. La justice a réglé le problème des enfants en donnant la possibilité de prononcer une déchéance parentale temporaire, le temps que la transfusion soit accomplie. Mais en ce qui concerne les adultes, on se heurte à nouveau au droit du patient. »
Un procès emblématique en 2011 – En septembre 2011, un praticien de la biologie totale a été condamné en justice pour pratique illégale de la médecine, coups et blessures involontaires, et escroquerie. Louis Vliegen avait promis à Maria Schommers, atteinte d’un cancer de l’estomac, qu’il viendrait à bout de sa maladie. Il lui avait prescrit un suivi psychologique et de la poudre de zinc. Après sa première visite chez le psychothérapeute, Maria avait abandonné son traitement médical. Quelques semaines plus tard, elle succombait à la maladie. Au procès, l’époux de Maria avait expliqué comment le praticien s’y était pris pour détourner la patiente du corps médical : « La première fois que nous sommes allés chez lui, c’était pour guérir le cancer. Au bout d’une heure de discussion, nous étions convaincus qu’elle allait guérir. » Avant de se rendre chez Louis Vliegen, qui leur avait été recommandé par leur fils qui avait vaincu le cancer quelques années plus tôt bien qu’il ait arrêté sa chimio, les Schommers avaient pris un rendez-vous à l’hôpital. Mais ils ne se sont jamais présentés à la consultation. « Il nous a dit que selon lui, ce n’était pas nécessaire. Il nous a garanti 80 % de chances de guérison. » « Il nous disait que le cancer c’était quelque chose qu’on a dans la tête », avait ajouté l’époux. Louis Vliegen a écopé de six mois de prison avec sursis et d’une amende de 5.500 euros. Ce signal que la justice a adressé à ceux qui s’improvisent guérisseurs a-t-il été bien reçu ? Sandrine Mathen n’en est pas convaincue. « Disons que depuis le procès, certains sont passés dans la clandestinité. On voit bien que le ménage a été fait sur les sites internet pour gommer les références à la biologie totale. »
Plus récemment, un nouveau courant aurait causé la mort de plusieurs personnes en Australie, en Grande-Bretagne, au Canada, en Allemagne et en Autriche. Le « respirianisme », qui propose tout bonnement de se passer de nourriture solide. Un jeûne de 40 à 60 jours durant lequel l’adepte puise son énergie dans l’air et la lumière…
Cannes: deux ans de prison à un magnétiseur aux mains baladeuses
Nice Matin 27 mai 2015. Un magnétiseur aux méthodes peu orthodoxes a été condamné mercredi au tribunal correctionnel de Grasse à deux ans de prison pour agression sexuelle. Il prodiguait des soins à une femme en lui « libérant ses chakras sexuels » apposant ses mains et des pierres à des endroits intimes. L’individu est un récidiviste. Déjà condamné à six ans fermes par le tribunal de Nice, il pratiquait des cunnilingus pour soigner des sciatiques. http://www.nicematin.com/cannes/cannes-deux-ans-de-prison-a-un-magnetiseur-aux-mains-baladeuses.2229851.html
Manuel Valls : « Les sectes, c’est la négation de l’individu »
Edité par B.L.avecAFPle 23 .11.2013. « La lutte contre les dérives sectaires est un combat essentiel », a affirmé samedi soir Manuel Valls en clôture d’un colloque sur l’emprise des sectes, car « les sectes, c’est la négation de l’individu ». Le ministre de l’Intérieur, en charge des Cultes, a annoncé que ses services allaient s’atteler notamment à la question des « exorcismes extrêmes » pratiqués par certains mouvements religieux et des « écoles de fait » qui utilisent des méthodes éducatives alternatives.
Manuel Valls s’exprimait en clôture d’un colloque de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les Dérives sectaires), où psychiatres, magistrats, responsables de santé publique, parlementaires ont évoqué le processus d’emprise de gourous dont « tout un chacun peut devenir victime », selon le sociologue Gérald Bronner. « C’est comme gravir un escalier, dont les premières marches sont si peu élevées qu’on ne se rend pas compte qu’elles mènent à des marches de plus en plus hautes qui vous éloignent de plus en plus du sens commun », a-t-il expliqué.
Evoquant la personnalité des gourous, le psychiatre Daniel Zagury, expert auprès de la Cour d’appel de Paris, a noté, que « ces gens ont des radars, une extraordinaire habileté à saisir les failles de l’autre ». Une « emprise », un « abus de transfert » selon le psychiatre, qui pour Manuel Valls, conduit à « la négation de l’individu. Dans toutes ses dimensions: sociale, citoyenne, libre bien sûr. Mais aussi sa dimension personnelle familiale.
« Un combat essentiel »
Lutter contre les dérives sectaires, a poursuivi le ministre, « c’est un combat essentiel. Il doit mobiliser, car les sectes portent atteinte à ce qui nous est le plus cher collectivement, et bien souvent, à ce qui nous est le plus cher, individuellement ».
Le sénateur du Vaucluse Alain Millon, président de la commission d’enquête 2012/13 sur l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé, a souligné que « cela va de l’adoption d’une nouvelle manière de se nourrir, aux rituels de purification, promesses de miracles, mais aussi traitements les plus farfelus ».
Manuel Valls a rappelé à ce sujet que « quatre Français sur dix ont recours à la médecine alternative ou parallèle, et près de 3.000 médecins seraient en relation avec des organismes présentant des risques de dérives sectaires ». « Le travail d’observation et d’information, selon le ministre, est d’autant plus compliqué que de plus en plus, on assiste à l’atomisation, au développement de microstructures et de réseaux informels ». « Ils agissent au sein des grands courants de pensée véhiculés par les mouvements sectaires, principalement au sein de la mouvance nouvel âge, nébuleuse mélangeant spiritualités orientales, ésotérisme occidental, thérapies alternatives et univers du développement personnel », a-t-il détaillé.
Dérives sectaires en santé : l’offensive des mutuelles – Pseudo-thérapies complémentaires
Le Nouvel Observateur, 3 Décembre 2013.
Les gourous profitent de l’attrait des Français pour les médecines alternatives. La Miviludes et la Mutualité Française s’associent pour faire le tri dans les thérapies complémentaires.
« Les sectes et les pseudo-thérapeutes en tout genre ont parfaitement su tirer profit d’Internet, que ce soit pour repérer les personnes vulnérables sur les forums de patients ou pour inonder la toile de soi-disant résultats positifs de leurs méthodes », s’alarme Serge Blisko, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).
Pour contrer ces stratégies de communication qui piègent chaque année de plus en plus de Français rendus vulnérables par la maladie ou la souffrance d’un proche, la Miviludes pourra désormais compter sur le concours des quelques 500 mutuelles fédérées au sein de la Mutualité Française. Son Président, Etienne Caniard, doit signer ce matin avec Serge Blisko pour la Miviludes une convention-cadre visant à mener des actions communes de prévention sur les dérives sectaires potentielles dans le domaine de la santé.
Il y a urgence car les mouvements sectaires s’abritent derrière l’engouement des Français pour toutes les médecines dites alternatives, naturelles ou complémentaires. 4 Français sur 10 ont aujourd’hui recours à ces thérapies et ils sont 6 sur 10 parmi les malades du cancer. « Parmi les près de 3000 signalements que la Miviludes a reçu au cours de l’année, la part de la santé est en hausse, elle représente aujourd’hui 30% des signalements. Heureusement, il n’y a pas un groupe sectaire derrière chacune de ces dérives thérapeutiques », souligne le président de la Miviludes.
Identifier les charlatans et les gourous
Toute la difficulté est de faire la part des choses entre une thérapie complémentaire bénéfique, par exemple dans la lutte contre la douleur, et une méthode miracle pouvant cacher une dérive sectaire. Pour Serge Blisko, il faut s’inquiéter lorsque le « thérapeute » impose de substituer sa méthode aux traitements conventionnels suivis jusqu’alors. « C’est toute la différence entre une thérapie complémentaire et une alternative. Quand on pousse un malade du cancer à arrêter sa chimiothérapie en le convaincant que sa maladie provient d’un traumatisme psychologique d’ordre familial comme dans la « nouvelle médecine germanique » ou qu’on lui conseille de préférer le jus de fruit ou une méthode d’imposition des mains comme le reiki, il y a grand danger », insiste le président de la Mission.
Serge Blisko, président de la Miviludes : « Certaines médecines complémentaires sont très utiles pour améliorer le confort du malade. Mais quand on prétend soigner le cancer de quelqu’un en lui prescrivant de boire sa propre urine, il faut dire halte ! …
Ou lorsqu’on entend : Avec ma méthode, vous n’avez pas besoin de vous faire opérer et vous n’aurez aucun effet secondaire. Tout le monde a envie d’entendre ça ! Evidemment, c’est plus séduisant que le chirurgien qui vous propose d’opérer sans être sûr que ça va marcher à 100% ».
La maladie et la douleur peuvent ainsi rendre vulnérables même les esprits les plus informés et les plus rationnels. « Steve Jobs est l’exemple terrible et parfait d’une personne tombée aux mains de naturopathes divers et variés », cite Serge Blisko. « On ne peut pas dire si préférer une alimentation riche en fruits plutôt que l’ablation de sa tumeur l’a tué mais ce qui est sûr, c’est que ça ne l’a vraiment pas aidé à guérir ».
Quand les pratiques « New Age » mènent aux dérives sectaires
metronews 28-11-2013. La Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) et l’ARS de l’Île-de-France viennent de signer une convention pour mieux lutter contre les dérives des thérapies dites « non conventionnelles »…
Guérir son cancer avec du jus de légumes ou entamer une cure constituée « d’air et de soleil ». Les thérapies dites « non conventionnelles » se multiplient ces dernières années, particulièrement avec le renouveau du courant « New Age ». Retour vers la nature ou circulation des énergies, beaucoup de personnes se tournent vers des pratiques dites « naturelles », alternatives à la médecine traditionnelle, qui peuvent parfois dériver vers des pratiques sectaires.
Abandon de la chimiothérapie. Pas facile pour l’usager de décrypter le message, entre thérapie alternative « bien-être » et glissement sectaire. « Tous les mouvements sectaires, de la Scientologie aux Raëliens s’occupent de la santé, explique Catherine Picard, de l’Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes). Car la santé touche à l’intime. Et le patient est facilement manipulable ». Mais à ces mouvements déjà connus s’ajoutent des dizaines de praticiens isolés, qui développent leurs propres théories.
« Fasciathérapie », « instinctothérapie », « crème Budwig » ou « kinésiologie », autant de pratiques aux noms savants qui sont particulièrement surveillées. « Des faux praticiens essaient de faire adhérer leur ‘patient’ à un nouveau mode de pensée, détaille Serge Blisko, président de la Miviludes. La victime, en état de fragilité, va se soumettre à son ‘gourou' ».
Des dizaines de morts chaque année.
Principaux indices : la captation financière, la rupture progressive avec les proches ou l’endoctrinement. « Si vous avez un doute, interrogez un professionnel, conseille Karine Galaup, de l’Agence régionale de santé (ARS). Les médecins doivent tous obéir à un code déontologique précis ». Car le phénomène n’est pas anecdotique. Les dérives peuvent déboucher sur une issue tragique, notamment quand « le praticien » recommande d’arrêter les traitements des maladies graves, comme le cancer ou le Sida. Pour ceux-là, le président de la Miviludes n’hésite pas à employer le terme de « meurtriers ». »On estime que chaque année, entre dix et trente personnes en meurent, se désole Serge Blisko. Il y a aussi ceux qui arrivent trop tard à l’hôpital et pour qui le mal est déjà fait ».
Buveurs d’urine, Enfants divins, Réunion des crânes: sectes …
20minutes – 21/11/2013 – Alors que Serge Blisko, le président de la Miviludes alerte sur les dangers d’Internet, «20 Minutes» a recensé trois mouvements en vogue sur la toile…
Amaroli ou les buveurs d’urine
Florissants en ce moment, les mouvements préconisant des médecines alternatives représentent, d’après Serge Blisko «30% des dérives sectaires en France». Un chiffre en perpétuelle augmentation qui inquiète la Miviludes. «Parmi eux, il y a tous les adeptes de l’urinothérapie qui se retrouvent beaucoup sur Internet».
Présentée comme l’une des plus anciennes thérapies au monde, l’urinothérapie préconise de se soigner en buvant un «Elixir» constitué de sa propre urine. Sur la toile, on trouve ainsi beaucoup de recettes d’Elixir et de communautés qui se retrouvent autour de cette pratique. «La première gorgée a été toute une expérience, avoue sur un forum Christianne. Je me sens différente depuis cette rencontre. Plus en Amour avec mon corps et avec la Vie. Je me prépare pour un jeûne de sept jours…»
Les Enfants divins
Les forces de l’ordre, vigilantes sur Internet, ont pu éviter deux suicides en Bourgogne en février 2011. Deux adeptes correspondaient en effet avec «Flot», gourou des Enfants divins installé au Québec. Invitant ses adeptes à vivre «une relation divine», il promettait aux élus «une ascension pour naître dans un vaisseau de lumière et quitter ce monde pour un nouvel univers». Les deux Français qui se soumettaient à la discipline du mouvement étaient, selon le gourou, «pratiquement prêtes pour le décollage». De fait, elles avaient pris des dispositions avec les pompes funèbres et projetaient de se suicider pour profiter de l’ascension de lumière.
La réunion des crânes
«Quand il s’est présenté, un matin, à la Miviludes, le jeune homme était perplexe et sans solution», raconte Serge Blisko. Un peu déprimée, sa copine surfait tous les jours sans véritable but. Jusqu’au jour où, à travers un forum de discussion, elle a été approchée par le membre d’un mouvement sectaire. Après l’avoir rassurée, il a invité la jeune fille à participer à une réunion à Paris. «Elle a dû acheter un crâne avant, raconte encore Serge Blisko. Le jour de la réunion, il fallait poser ses mains sur le crâne pour expulser ses soucis. Cela n’est pas dangereux. Sauf qu’à la fin de la conférence, elle a été invitée à un séminaire en province qui, lui, était payant…»
L’an I de la résistance
Le Journal du médecin, N°2302 pages 6-7
01/03/2013
« C’est que dalle, ton cancer, c’est de la merde. C’est un rhume. Un cancer, en soi, n’a rien de destructeur pour l’organisme. »(1) Ceux qui pensent que ce type de propos méritent d’organiser une réaction auraient apprécié la table ronde organisée par le SPF Santé et consacrée aux «pratiques sectaires et soins de santé».
«Le cancer du poumon est donné par le conflit dans la tête par peur du message tabac=cancer». « De 80 à 90 % des maladies et 100% de leurs aggravations sont dus uniquement au message médical ». « Le sida n’existe pas. » « 2,5 milliards de personnes ont été assassinées par la chimio, celle que les médecins juifs se gardent bien de faire aux autres Juifs ». « Il a fait un scanner montrant des métastases au cerveau. Je lui ai dit : c’est génial, là, ce qui t’arrive. Là, tu es en train de guérir. »
« J’ai vu les guillotines destinées aux camps de concentration pour ceux qui refuseront la vaccination » « Il me demande s’il doit faire de la chimio. Je réponds : si t’as envie de crever. Ça tue plus de 85% des gens. »
Les images et les textes présentés par Sandrine Mathen, analyste au CIAOSN(2), lors de la table ronde consacrée aux pratiques sectaires et soins de santé, auraient sans doute suffit à justifier l’organisation d’une journée sur cette problématique.
Mais les médecins, les policiers, les autorités judicaires, tout comme la ministre de la Santé présente ce jour-là ont, tous, rappelé également l’importance de l’enjeu : les soins de santé sont devenus un vaste (et dangereux) «terrain de jeux» pour les dérives sectaires.
« Les organisations sectaires ou les gourous dangereux s’attaquent aux personnes fragilisées, y compris sur un plan psychique, ou qui ont perdu espoir dans la médecine », a relevé le Dr Dirk Cuypers, du SPF Santé. «Mais », a complété le Dr Martine Luyckx, inspecteur d’hygiène au SPF Santé, « ils visent aussi un public intellectuellement élevé, qui absorbe un discours et des préceptes non basés sur les résultats scientifiques les plus récents ». En fait, « que l’on présente de l’intérêt pour une recherche de spiritualité, de bien-être, une nouvelle alimentation ou que l’on soit déçu par la médecine scientifique, tout le monde peut être touché », a résumé la commissaire Alice Croonenberghs (Police fédérale).
« Les thèmes de séduction utilisés correspondent à des attentes et la santé est un point d’entrée facile pour les gourous de tous bords, dont certains représentent de véritables dangers. »
On aurait bien tort de craindre des offensives venant uniquement de sectes «connues». En effet, à côté des grands mouvements organisés, on trouve de petites organisations, tout comme des réseaux autour d’une philosophie ou d’une doctrine commune que l’on peut appliquer de manière isolée. De petites structures diffuses, par exemple autour de psychothérapeutes autoproclamés, ou des plates-formes d’échange souvent orientées bien-être ou ressourcement, complètent le tableau. Au final, les risques peuvent venir de médecines qui se présentent comme alternatives et qui excluent les autres, telles la naturopathie ou la biologie totale, comme l’a souligné le Pr Jean-Jacques Rombouts, vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins, mais pas seulement.
« Dans différents mouvements, on propose la guérison par la prière, par la lumière, par l’imposition des mains. On pratique aussi la dissuasion/interdiction du recours à la médecine scientifique, on promeut des règles de nutrition avec des régimes carencés, des refus de vaccination, de transfusion. Les personnes, ou les doctrines, avancent des solutions miracles et dissuadent d’aller vers la médecine.
Parmi les manipulateurs, on compte des médecins », a souligné la commissaire.
Selon le commissaire Dany Lesciauskas (Police judicaire), actuellement, un certain néo-chamanisme semble également très en vogue, avec l’utilisation de produits illicites comme le breuvage Ayahuasca (un hallucinogène proposé dans le cadre d’un rite spirituel mais, aussi, à des fins thérapeutiques et utilisé, par exemple, comme antidépresseur) ou bien le kambo (à base de sécrétions de grenouilles que l’on applique sur des brûlures superficielles pour obtenir un effet euphorisant).
Des dérives fréquentes
« Nous ne parlons pas d’un non-phénomène : toutes les semaines, je suis contacté par une personne inquiète pour un proche », constate Dany Lesciauskas.
« Et il existe systématiquement un aspect thérapeutique dans les dossiers traités. »
En l’absence d’une définition légale de la secte, au niveau policier, pour ouvrir un dossier, il faut une infraction, un contexte, des critères comme l’assujettissement ainsi qu’une situation de déstabilisation mentale : toute dérive thérapeutique n’est pas forcément sectaire. Les policiers se disent en tout cas vigilants à un usage abusif ou exclusif de certaines thérapies qui font miroiter guérison et bien-être, avec un verbiage pseudo-scientifique ou des explications simplistes à des phénomènes compliqués (comme un cancer).
Mais, sans plainte, pour les policiers, il n’existe aucune possibilité d’aller plus loin. Or, les plaintes restent rares face à la gravité du problème, constate Alice Croonenberghs.
« Pour 10 contacts, 1 seul au mieux ouvre sur une plainte et une enquête », admet Dany Lesciauskas. Quand enquêtes il y a, elles restent longues, fastidieuses et butent parfois sur les difficultés de la preuve. Au final, elles doivent être suffisamment étayées pour «convaincre» un magistrat de l’enjeu et de l’importance d’une procédure… A ce stade, les outils législatifs existent pour mener une procédure : parmi eux, on compte la (nouvelle) loi sur l’abus de situation de faiblesse, l’article relatif à l’exercice des soins de santé, l’exercice illégal de l’art médical, mais aussi le harcèlement, la non-assistance à personne en danger, etc., etc. « Sur un plan judicaire, un arsenal complet permet de répondre aux dérives des sectes », assure Christophe Caliman, magistrat fédéral. Comment mieux articuler les différents acteurs concernés pour protéger davantage ceux et celles qui se font piéger ? Les participants à cette journée ont rappelé qu’il manquait encore et toujours une indispensable information destinée au grand public afin de l’alerter… avant toute entrée dans une mouvance sectaire. Du côté des soignants, cette communication n’exclut pas d’identifier les moments de vulnérabilité des patients, et d’y être vigilant, par exemple en s’ouvrant à une médecine globale. Alors qu’Alice Croonenberghs avait parlé d’une « nécessaire vigilance du corps médical parce qu’il est à la fois une cible de démarchage et parce qu’il peut être confronté à des patients manipulés », des soignants ont signalé leur absence de formation, et le manque de conscientisation ou de sensibilisation face aux dérives sectaires. Ils ont signalé les besoins actuels pour une meilleure information, permettant de savoir comment réagir. Les méconnaissances des rôles des différents acteurs impliqués (du CIAOSN aux commissions provinciales, de la police au parquet et aux Ordres) ont également été mis en évidence. Au final, le SPF Santé l’a promis : un plan d’action sera élaboré. Protection du patient oblige.
Pascale Gruber
1. Propos extraits de reportages projetés par Sandrine Mathen, du CIAOSN, lors de la table ronde «Pratiques sectaires et soins de santé : un débat nécessaire», le jeudi 21 février.
2. Centre d’Information et d’Avis sur les Organisations Sectaires Nuisibles.
Les raisons du silence
Méfiance envers les autorités, déni, complicité : telles sont entre autres les raisons pour lesquelles les victimes se taisent.
Pour la victime, expliquent les policiers, il est parfois trop tard. Ou il lui est difficile d’admettre qu’elle a été dupée. Lorsqu’elle le réalise, plutôt que de porter plainte, sa priorité est de rattraper le temps perdu (surtout médicalement), ou de tourner la page, d’autant que, souvent, elle se sent coupable (« Mes proches m’avaient prévenu »).
De plus, les victimes se méfient des autorités : la secte ou le gourou lui a mis dans la tête qu’on ne les croirait jamais puisque, pendant des années, l’adhésion a été volontaire. Enfin, certaines personnes ne sont pas «seulement» des victimes : elles ont participé à en entraîner d’autres dans la mouvance…
Explosion de plaintes contre les pseudo-guérisseurs
MARIE-CLAUDE MALBOEUF
LA PRESSEle 31 janvier 2013
Les victimes et les autres dénonciateurs de pseudo-guérisseurs ont fait cette année un nombre record de plaintes au Collège des médecins du Québec.
Depuis avril dernier, le Collège a déjà été alerté 87 fois relativement à des imposteurs ou à des centres qui font des promesses farfelues ou mettent carrément le public en danger. Si la tendance se maintient, l’organisme enregistrera environ deux fois plus de plaintes en 2012-2013 qu’au cours des années précédentes (voir tableau au bas du texte).
«Il y a une recrudescence de cas, donc il y en a de plus en plus qui se font prendre», explique le Dr Charles Bernard, président du Collège. L’automne dernier,La Pressea publié une vaste enquête sur le sujet, ce qui a sûrement contribué à l’explosion du nombre de plaintes, ajoute-t-il.
L’immense majorité des charlatans continuent toutefois de s’enrichir en toute impunité. Leurs victimes sont souvent trop accros ou ont trop honte pour les dénoncer. De son côté, le Collège dispose d’un seul enquêteur pour tout le Québec. Résultat: on compte 10 fois moins de poursuites que de plaintes. «La preuve est difficile à recueillir», explique le Dr Bernard.
Malgré l’explosion du marché de la pseudo-guérison – et malgré le fait que des victimes sont mortes ou ont vu leur état s’aggraver -, Québec ne finance pas les poursuites contre les gourous. Le Collège utilise une partie des cotisations professionnelles des médecins.
Et la clémence des sanctions donne beau jeu aux récidivistes.
Récidiviste
Le 17 janvier, le Collège a ainsi obtenu une injonction contre Douglas Dawson – un cas lourd. Déjà semoncé en 1995, 2000, 2005 et 2009 (alors qu’il a écopé d’une amende quasi record de 32 000$), il ne cessait d’ouvrir de nouvelles «cliniques» à Saint-Laurent.
Il a ensuite commencé à recevoir ses clients dans les appartements de personnes âgées, qu’il «soignait» en échange. Lorsqu’un enquêteur du Collège l’y a visité incognito, Dawson s’est dit médecin, chirurgien et ingénieur. Il a ensuite fait mine de le soigner avec un éventail d’outils bizarres, dont une pompe reliée à une caméra et censée détecter les cancers.
Il a enfin affirmé qu’il fabriquait des crèmes dans un laboratoire et y réalisait des tests de fécondité.
La cour annoncera sa sanction le 20 avril.
http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201301/31/01-4616882-explosion-de-plaintes-contre-les-pseudo-guerisseurs.php
Médecine parallèle : le refus des doyens
Par Frédéric SOUMOIS
Le Soir – Samedi 26 janvier 2013
Santé : Les enseignants refusent d’enseigner « ce qui n’a pas été démontré par la science »
L’annonce fait l’effet d’une bombe : ce vendredi, unanimes, les doyens des dix facultés de médecine du pays ont affirmé ensemble « qu’il ne peut être question pour leurs facultés d’enseigner des pratiques non conventionnelles de médecine, dont l’efficacité n’a pas été scientifiquement démontrée ».
On les appelle couramment médecines « alternatives ou parallèles », mais c’est ignorer que depuis 1999, une loi reconnaît l’existence de quatre « médecines non conventionnelles », soit l’homéopathie, la chiropraxie, l’ostéopathie et l’acupuncture. Depuis cette date, il fallait définir, pour protéger le patient, quel diplôme détenir pour les exercer et quel geste médical serait autorisé à ces praticiens. Mais la mise en œuvre a tardé. « Il fallait avancer pour protéger le patient qui a recours à ces techniques », explique la ministre de la Santé Laurette Onkelinx : un Belge sur 3 a déjà consulté un thérapeute non conventionnel au moins une fois dans sa vie. En l’espace d’un an, 7 % avaient consulté un ostéopathe, 6 % un homéopathe, 3 % un acupuncteur et 2 % un chiropracteur. L’on compte en Belgique 600 acupuncteurs, 340 homéopathes (dont 75 % de médecins), 110 chiropracteurs et un millier d’ostéopathes (kinés dans 83 % des cas).
Mercredi, une commission d’experts, qui associait des praticiens de ces médecines à des représentants des facs de médecine, a présenté à la Chambre des propositions de critères minimaux de reconnaissance. La commission d’experts propose par exemple que l’homéopathie soit réservée aux médecins, dentistes et sages-femmes. L’acupuncteur devrait passer un diplôme de bachelier ou un master en soins infirmiers ou kiné et avoir suivi 1.500 heures de formation pendant trois ans… L’ostéopathe devrait être bachelier universitaire en sciences médicales, de la motricité ou en kinésithérapie et avoir suivi d’un master en ostéopathie.
Un danger pour le patient
Si l’avis de la commission d’experts est suivi, il faudra donc créer ces nouvelles formations. Mais, d’ores et déjà, les patrons des facultés de médecine disent qu’ils ne le feront pas. Au nom de la sécurité des patients. Pour eux, ce qui n’a pas été scientifiquement démontré porte en soi un danger pour le patient. Pour autant, ils ne ferment pas totalement la porte : « Nous sommes prêts à intégrer les éléments de ces pratiques non conventionnelles qui, à l’issue d’une évaluation scientifique sérieuse et basée sur une expérimentation rigoureuse, se révéleraient porteurs d’une efficacité démontrée. » Si les patients désirent recourir à ces médecines non conventionnelles, les doyens « recommandent fermement l’obligation d’un diagnostic et d’une indication de traitement par un praticien diplômé médecin ou dentiste ». En outre, accorder à ces praticiens l’accès à la prescription d’examens médicaux tels que de la radiologie, « s’apparenterait à de l’exercice illégal de la médecine ».
Au cabinet Onkelinx, on souligne que les représentants des facultés de médecine ont hélas souvent joué « à la chaise vide » lors des réunions paritaires qui ont abouti aux actuelles propositions, se privant ainsi de faire entendre leur voix. Si les actuelles propositions des experts ne sont pas définitives, il faudra justifier précisément pourquoi on s’en écartera. On n’est pas près d’enseigner l’acupuncture dans uneunif belge…
pourquoi cette position ?
« La médecine que nous pratiquons est basée sur les preuves scientifiques »
Pour le professeur Yvon Englert, doyen de la faculté de médecine de l’ULB et président des doyens francophones, cette prise de position n’est pas une réaction de rejet a priori. « S’il y a des éléments à prendre dans ces pratiques, prenons-les. Mais nous ne pouvons enseigner que ce que la science a démontré et ce qui a été testé, prouvé, modifié sur la base des essais cliniques et de bonnes pratiques qui sont sévèrement élaborées. Au nom précisément de la sécurité du patient, nous refusons d’enseigner ce que la science ne démontre pas. Nous ne pouvons pas enseigner la magie et les techniques qui ne sont fondées sur aucune connaissance sérieuse. »
Pourtant, l’ULB diplôme déjà des étudiants en ostéopathie ? « Précisément : cet enseignement-là porte sur une forme d’ostéopathie articulaire proche de la kinésithérapie qui développe la validation scientifique de certaines de ces pratiques. Mais cet enseignement ne peut être de nature à faire valider dans son ensemble l’ostéopathie qui prétend souvent traiter de manière irrationnelle un grand nombre de plaintes et maux. Le développement de la médecine moderne est basé sur l’évidence, sur la preuve. Si l’on vous donne un médicament, si l’on vous opère, si on fait passer un examen douloureux ou pénible, vous exigez très normalement que cela soit sur la base de règles précises, de bonnes pratiques et d’essais cliniques. De la science publique, partagée, vérifiée. Pour des millions de patients. Par des millions de praticiens. Une science qui doit évoluer au fil des découvertes, voire des déconvenues, bien entendu. Mais qui n’est pas basée sur une simple opinion ou une simple conviction. »
Mais le succès des médecines alternatives n’est-il pas l’aveu d’impuissance de la médecine conventionnelle ? « Sans doute. Et je ne jette la pierre à aucun patient. Si les gens utilisent ces pratiques, il est normal de les encadrer. Mais on ne peut pas nous obliger à enseigner les pratiques de rebouteux au même titre que la médecine expérimentale qui, même si elle n’est pas parfaite, est le fruit de standards scientifiques élevés, de démonstrations rigoureuses. Que nous voulons absolument conserver. »
Une pseudo-thérapeute punie en cour criminelle
MARIE-CLAUDE MALBOEUF
La Presse le 24 janvier 2013
(Saint-Jérôme) Une pseudo-thérapeute et formatrice aux méthodes brutales a été punie en cour criminelle, hier, pour avoir sauvagement giflé une ancienne cliente en plein cours. Prétendue spécialiste de la «psychologie corporelle», Lisette Métayer s’est vu imposer une probation de 12 mois et devra verser 3000$ à sa victime.
«Personne ne l’avait dénoncée avant moi. Si quelqu’un l’avait fait, je ne me serais peut-être pas inscrite à son cours. Alors je suis fière d’avoir laissé une trace et j’espère que ça pourra en protéger d’autres», a dit Nelly Allard, qui avait les larmes aux yeux à la sortie du palais de justice de Saint-Jérôme.
»Des sévices inacceptables»
En expliquant la sentence, le juge Gilles Garneau a affirmé que la jeune femme a subi «des sévices inacceptables», mais que l’événement semblait isolé. Bien qu’elle n’ait pas d’antécédents officiels, Lisette Métayer n’en est toutefois pas à sa première agression, et n’avait jusqu’ici affiché aucun remords. Après avoir attaqué Nelly Allard, en février 2011, la femme de 69 ans a prétendu qu’autrement, sa cliente aurait dû être internée en psychiatrie.
Interrogée par La Presse au sujet de deux autres élèves – l’une, qu’elle avait frappée, et l’autre, dont elle avait tiré les cheveux -, elle a continué à dire qu’il s’agissait de «gestes thérapeutiques», tout en affirmant que la violence n’avait «absolument pas sa place en thérapie».
Elle a expliqué un quatrième et un cinquième dérapages par le fait qu’elle s’était sentie menacée (elle avait alors donné un coup de pied à une femme et avait agrippé un homme par le collet pour mieux le gifler).
«Certains la croyaient au point de lui dire: Moi, je te donne le droit de me frapper», s’indignent d’anciens élèves queLa Pressea retrouvés. Ils affirment que leur ex-formatrice hurlait parfois sans raison, affichait «une attitude hautaine et méprisante» et rapportait publiquement des confidences faites en thérapie. La formatrice pouvait aussi demander à ses élèves de se donner des coups de poing.
Autre problème: Lisette Métayer diplôme beaucoup de gens vulnérables, recrutés en thérapie, et qui s’improvisent ensuite psychothérapeutes – sans supervision et sans les connaissances requises pour repérer les cas lourds. Ses cours, relativement populaires, lui rapportent des dizaines de milliers de dollars.
En avril dernier, une élève désillusionnée s’est plainte par écrit à l’Alliance des intervenants en soins naturels et approche corporelle, présidée par Alain Alarie, pour que cette association ne laisse plus Lisette Métayer et ses diplômés remettre des reçus de naturothérapie. Peine perdue.
Même lorsque la formatrice s’est reconnue coupable de voies de fait, en juin, l’Alliance ne l’a pas expulsée. Il a fallu que les mécontents multiplient les pressions pour qu’elle le fasse, cinq mois plus tard.
Et maintenant?
Malgré tout, Lisette Métayer continue de donner des cours dans son local de Saint-Sauveur. Elle a même augmenté ses prix, de même que ceux de ses consultations.
Devait-on l’arrêter? En rendant sa décision, le juge Gilles Garneau a expliqué qu’il présidait une instance criminelle et n’avait donc pas à se pencher sur le droit de pratique de la quasi septuagénaire. Depuis l’an dernier, la loi 21 interdit d’exercer la psychothérapie sans permis et édicte les conditions requises pour en obtenir un auprès de l’Ordre des psychologues, a-t-il rappelé. D’après lui, son tout nouveau casier judiciaire empêchera Lisette Métayer de se qualifier.
Il semble toutefois que l’Ordre n’interviendra pas avant l’expiration du délai de deux ans accordé à tous les aspirants psychothérapeutes.
De son côté, Alain Alarie affirme avoir consulté un avocat et envisage de réintégrer Lisette Métayer et ses émules dans son association. Lisette Métayer affirme reviser le contenu de son programme pour se conformer à la loi.
http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/justice/proces/201301/24/01-4614430-une-pseudo-therapeute-punie-en-cour-criminelle.php
Un exemple concret est présenté dans cette vidéo de 15 minutes, montrant ce qu’il se passe souvent dans l’intimité du cabinet d’un thérapeute sectaire, notamment les faux souvenirs induits (FMS)
Cults and alternative Medicines. Highlights the pseudo-scientific discourse of alternative medicines and dangerous abuses, including false memories induced (FMS). (15’51)
https://www.youtube.com/watch?v=czW1Nxr_EuU