• 22 décembre 2024 14 h 02 min

Association GEMPPI - SECTES INFOS

Aide aux victimes de dérives sectaires / Informations / Sensibilisation / Formations

Temps de lecture : 46 min.

 

 Santé et emprises sectaires

 

 

Colloque européen des 27 et 28 mars 2004 à l’Espace Ethique Méditerranéen – Hôpital de la Timone – Marseille

 

Sous l’égide de la FECRIS (www.fecris.org) et organisé par le GEMPPI* 

Avec le concours du Conseil Général des Bouches-du-Rhône, de l’Espace Ethique Méditerranéen et du Centre d’Etude et de Recherches en Ethique Médicale (CEREM) 

 

Les conférenciers ont abordé le thème sous différents angles tels que : Panorama des problèmes de santé causés par les sectes dans les ex pays d’URSS (Prof. Dvokin, Moscou) ;  Les excès des médecines alternatives (Prof. Ernst, Plymouth) ; Est-ce que des psychopathologies sont induites par les sectes ? (Prof. Friedrich, Wien) ; Le marché du psy (M. Heinemann, Bonn) ; Les processus d’addiction (Dr Jansa, Barcelone) ; Etude des problèmes psychiatriques des ex adeptes de Word of life (Prof. Swartling, Suède) ; Prévention des sectes par une hygiène mentale appropriée (Prof : Volkov, Nizhniy Novgorod) ; Présentation de 2 cas : la Méditation transcendantale et Sanatan (Dr Petrovic, Belgrad) ; Ethique, santé et Convention Européenne des droits de l’homme (M.Rimpi, Finlande) ; Situation en Slovaquie (Mme Sabolova, membre du comité national des droits de l’homme de Slovaquie) ; Médecines parallèles : quand la médecine et la religion se rencontrent (Dr O’Mathuna, Dublin,), ETC…

 

Sommaire

 

1)      Approche philosophique du thème « Santé et emprises sectaires »

2)      Approche somatique et médicale au travers de cas concrets

3)      Dérives psycho sectaires

4)      Informations utiles (Conseils, associations)

 

 

1) Approche philosophique

 

Résumé de l’intervention de Pierre Le Coz

Professeur agrégé de philosophie chargé de cours, département d’éthique médicale, à la faculté de médecine de Marseille, Membre du Comité national d’éthique, président du CEREM

 

L’évolution du concept de santé et les Nouveaux Mouvements Religieux :

 

Aspects éthiques et sociologiques

Jusqu’à l’avènement des Temps modernes, la santé, en tant qu’objet de la médecine, se distinguait clairement du salut proposé par la religion. A partir du XIX° siècle, cette frontière entre celui qui aide à rétablir la santé du corps et celui qui concourt au salut de l’âme est devenue moins facilement identifiable. Les grandes mutations culturelles du XX° siècle vont accentuer la remise en question du dualisme anthropologique classique qui, en séparant l’âme et le corps, avait dissocié quête spirituelle du salut et traitement curatif des maladies. L’éthique et la déontologie médicales exhorteront les médecins à tenir davantage compte du psychisme et de la personnalité du patient, à ne pas le résumer à sa maladie.

Cette extension de la médecine au domaine de l’esprit reçut une consécration internationale dans une déclaration fameuse de l’OMS en 1947 :

 « La Chronique de l’Organisation mondiale de la santé (…) espère marquer, sur la route du progrès humain, les étapes qui conduiront à un monde où tous les peuples pourront jouir de la santé qui ne sera plus l’ ‘‘absence de maladie ou d’infirmité’’ mais ‘‘un état de complet bien-être mental, physique et social ».

 Cette référence de l’OMS à un état de plénitude ontologique, même si elle n’était en rien dirigée contre la religion, n’en empiétait pas moins sur le domaine du salut qui lui était traditionnellement réservé. Le latin « salus », faut-il le rappeler, renvoie (au même titre que le sanskrit sarva) à une racine indo-européenne qui signifie « complet, entier ». Mieux : ce que la religion promettait pour l’au-delà, la médecine se le donnait pour objectif ici-bas. Marylin Ferguson, la principale théoricienne de la doctrine du Nouvel-Age ne s’y était pas trompée en décrivant élogieusement cette définition de la santé par l’OMS comme une révolution culturelle, le signe avant-coureur de l’entrée de l’humanité dans un nouveau « paradigme », une nouvelle manière « holistique » de penser l’homme qui allait mettre fin à 2000 ans de civilisation chrétienne.

Sans doute peut-on reprocher à cette définition de la santé par l’OMS d’être démesurément (et dangereusement) ambitieuse. Il reste qu’une telle approche maximaliste de la santé comme « état de complet bien-être » a eu le mérite de nous placer au cœur des enjeux éthiques de l’époque contemporaine. Elle a prophétisé une compréhension de la ‘‘santé’’ en termes d’ ‘‘épanouissement psychique et corporel’’ qui s’est largement diffusée depuis, au point d’ailleurs de se retourner en instrument critique dirigé contre la médecine. L’activité médicale est en effet aujourd’hui régulièrement dénoncée comme une pratique iatrogène, techno scientifique et sans âme, traitant surtout les symptômes sans se montrer capable d’aller aux sources psychiques profondes, là où s’enracineraient les maladies. Aux yeux d’un certain nombre de nos contemporains elle n’est du reste plus la médecine, mais une forme de médecine, médecine dite « traditionnelle » et allopathique en dehors de laquelle il y a place pour d’autres thérapeutiques, moins agressives, plus naturelles et plus respectueuses de la totalité psychosomatique qui compose l’être humain.

  C’est dans ce contexte inédit que font irruption nouveaux mouvements religieux et nébuleuses mystico ésotériques, scientologues et thérapeutes de la ‘‘patamédecine’’. Les questions éthiques soulevées par l’enchevêtrement des problématiques de la santé et du salut, du corporel et du spirituel, du savoir et de la croyance, ont conduit récemment un député français à proposer un amendement visant à contenir la vague charlatanesque des gourous déguisés en psychothérapeutes.  

 

2) Approche somatique et médicale au travers de cas concrets            

Résumé de l’intervention du docteur Charles Berliner

Membre du Centre officiel belge d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN), président de l’Association des Victimes des Pratiques Illégales de la Médecine (AVPIM)

Introduction

 

1) Tous  les malades  sans exception, y compris ceux qui souffrent de pathologies « mineures » ont droit à la meilleure médecine possible. C’est à dire celle que sont les plus aptes à  leur dispenser les praticiens qui ont suivi  le cursus officiel  complet des études  de médecine.

2) Toutefois je ne suis pas pour autant un adversaire irréductible des médecines parallèles.

D’ailleurs elles sont largement utilisées sur les continents africain, sud-américain et indien ainsi qu’en Chine où elles s’inscrivent dans les cultures locales de régions économiquement défavorisées qui ne peuvent pas encore accéder à notre technologie occidentale. De même un nombre croissant de médecins occidentaux les utilisent avec un certain succès semble-t-il, pour des pathologies généralement légères et ciblées.  

 

3) Je ne me serais certainement jamais investi dans cette problématique s’il n’ y avait pas eu d’accidents et de victimes.  Ce volet victimologique est selon moi la conséquence prévisible et inévitable de l’engouement actuel des occidentaux pour les médecines parallèles.

 

4) C’est en écoutant le témoignage des parents d’Annaëlle en 1991 ainsi que tous ceux qui lui ont succédé depuis 12 ans que je suis arrivé à la conclusion suivante, à savoir que  les médecines  dites    “ douces ” pouvaient  devenir  “ dures ”   lorsqu’elles tentaient  de s’opposer ou de se substituer à la médecine classique ou lorsqu’elles étaient utilisées à mauvais escient, le plus souvent sans base diagnostique sérieuse  par des praticiens incompétents dans le domaine médical.

 

I. Histoire d’Annabelle

 

Annabelle est cette enfant née trisomique d’une maman de 40 ans, travaillant dans le service de psychiatrie d’un hôpital universitaire qui se soignait depuis plusieurs années chez une guérisseuse Annabelle était non seulement atteinte de mongolisme mais également porteuse d’une malformation cardiaque congénitale. Malheureusement elle ne put jamais subir l’intervention chirurgicale correctrice qui lui aurait permis de vivre normalement. En effet le cathétérisme qui aurait dû être pratiqué à l’âge de 3 mois fut refusé par sa mère et son référent scientifique le Dr X. Cette abstention thérapeutique entraîna de façon très prévisible une décompensation cardiaque croissante avec altération importante de l’état général de l’enfant. Et c’est dans ce contexte déjà très difficile qu’Annabelle développa ultérieurement une leucémie. Celle-ci ne fut diagnostiquée que tardivement à l’occasion de vacances passées en Italie. Après avoir reçu les premiers soins à l’hôpital des Enfants et avant même d’avoir pu bénéficier de la chimiothérapie qui aurait pu la sauver, elle fut brutalement arrachée à l’hôpital où aux dires de la gourelle elle allait mourir. Ce qu’Annabelle fit évidemment 72 heures plus tard , privée de tout soin. Durant les 2, 3 derniers mois de vie de sa fille, la maman commença à douter de la compétence de sa guérisseuse et de façon prémonitoire se mit à prendre des notes après chaque contact avec les membres de ce réseau de santé très sectaire. Ces notes d’une précision chirurgicale, véritable caméra cachée avant la lettre, nous ont permis de comprendre le rôle joué par les différents intervenants et nous ont éclairé  sur le climat idéologique qui régnait dans la secte. Dans celle-ci  figuraient plusieurs masseuses de métamorphose, des radiesthésistes, des ostéopathes kinés, ainsi qu’un médecin homéopathe.

 

Réflexions sur ce cas et la mise en place du système sectaire

 

1°) Ces pseudo thérapeutes comme leurs théoriciens de référence (Dr G du mouvement du Graal , etc.) ont une démarche fort agressive  à l’encontre de la médecine classique que j’assimile à de l’antimédicalisme primaire. On y retrouve entre autres le dogme selon lequel la cause importe plus que les symptômes,

la croyance en  la réincarnation et son corollaire la dédramatisation de la mort,

une vision de la médecine qui attribue la primauté aux énergies et à une spiritualité toute puissante,

le rôle  incontournable du psychisme tout puissant dans le déclenchement de toutes les maladies.

Tous ces éléments figurent dans le paradigme du New Age,  apparu aux USA dans les années  70. Cette approche dont s’inspirent certains politiciens  tient sur le plan de la santé, un  discours très réactionnaire, notamment en matière de vaccination.

 

2°) Dans d’autres témoignages, j’ai également constaté que certains malades accordent trop facilement  leur confiance à un thérapeute quel que soit son diplôme officiel pour autant que celui-ci les accueille humainement et leur apporte l’aide attendue. Cette confusion est d’ailleurs souvent créée et entretenue par des praticiens qui n’hésitent pas à se faire appeler docteur, à porter une blouse blanche très médicale et à impressionner leurs patients par les nombreux diplômes généreusement étalés sur les murs de leur cabinet ou encore  à s’attribuer un titre ambigu (D.O = docteur en ostéopathie ou diplômé en ostéopathie ?).

  

3°) Un jeune médecin homéopathe a bien été utilisé comme caution scientifique par la guérisseuse mais il n’a à aucun moment pratiqué une médecine « normale » classique bien qu’il ait vu l’enfant à 7 reprises.

Il n’a à aucun moment prescrit un traitement sérieux.

C’est lui qui a autorisé le départ en Italie d’une enfant qui présentait déjà une anémie profonde qui  justifiait une hospitalisation en urgence.

Suite à ces faits d’une extrême gravité, il a été radié par le Conseil de l’Ordre des médecins de sa province 

Le Dr X pratiquait l’homéopathie ainsi que des massages dits de métamorphose et prescrivait des traitements d’inspiration anthroposophique. 

 

La question fondamentale que je me pose en observant le comportement de ce médecin est la suivante. Que doit-on faire d’un  médecin qui pratique une médecine aux antipodes  de celle qu’il a apprise à la faculté de médecine et qui ce faisant devient d’autant plus dangereux qu’il continue à bénéficier du crédit que lui donne son  titre officiel ?

 

Le cas du Dr X ouvre la porte à une autre question préoccupante : pourquoi la pratique de l’homéopathie est-elle particulièrement exposée à  de tels dérapages ?

 

La réponse selon moi se trouve surtout dans le contenu théorique de l’homéopathie.  Cette médecine « naturelle » adaptée à chaque patient  vise à stimuler notre pouvoir d’auto guérison en agissant sur notre « terrain ». Dans cette pratique qui rejette sans appel les médicaments  chimiques et qui prend ses distances par rapport à la chirurgie et à d’autres traitements jugés trop agressifs, on est depuis toujours en opposition avec la médecine classique. L’abord du malade est d’ailleurs très différent : l’homéopathe consacre la plus grande partie de la consultation à un très long interrogatoire, l’examen physique étant ramené à portion congrue.

 

4°) L’itinéraire de la gourelle. Un accident grave  l’oblige à abandonner sa carrière d’avocate et à prendre une retraite de deux années, retraite qu’elle met à profit pour s’intéresser aux médecines parallèles et à l’ésotérisme notamment la radiesthésie. Elle débute d’ailleurs comme radiesthésiste en recevant dans un premier temps des personnes qui doivent prendre des décisions importantes: mariage, achat de maison, changement de travail, etc. En même temps que se développe son intérêt pour les problèmes de santé. Ainsi on retrouve dans une revue traitant des médecines alternatives l’un de ses articles sur les bienfaits du traitement du Dr Kousmine dans les rhumatismes inflammatoires et la sclérose en plaques. Pour rappel, Mme Kousmine est ce médecin suisse qui attribuait à nos mauvaises habitudes alimentaires la majorité de nos maladies et vantait les bienfaits de certaines huiles pressées à froid ainsi que des lavements évacuateurs.

C’est donc dans un second temps et de façon progressive que la gourelle s’est attachée aux maladies graves, principalement les cancers, le SIDA, les toxicomanies et les maladies dégénératives.

 Elle s’est progressivement entourée de collaborateurs en majorité des femmes qu’elle avait « guéries » et ensuite formées. Elle prescrivait régulièrement à ses patients de l’homéopathie, conseillait des endroits pour leurs qualités énergétiques, les envoyait suivre des cours de Tai Chi  ou encore chez des masseuses de métamorphose et des ostéopathes non médecins.

 Petit à petit elle s’est retrouvée à la tête d’une patientèle importante  avec une garde rapprochée d’une vingtaine de personnes sur lesquelles elle aurait exercé un pouvoir absolu, n’hésitant pas à les punir en les excluant  temporairement. Cette femme a donc créé de façon vraisemblablement non préméditée une secte guérisseuse. Cette secte s’est « officiellement » dissoute après la mort d’Annabelle et selon des sources dignes de confiance, la gourelle vivrait dans le nord de la France pour échapper à la justice belge. Si elle n’a jamais été ni arrêtée ni jugée, c’est parce que les parents d’Annabelle n’ont jamais voulu porter plainte et que les associations de terrain anti-sectes belges n’ont pas à ce jour de personnalité juridique. 

 

5°) Le drame qui a ponctué la fin de la carrière de la gourelle a été précédé de signes avant-coureurs : une jeune fille chez laquelle elle « pressentait » une encéphalite a reçu grâce à une prescription du Dr X, un médicament, du MALOPRIM qui a provoqué une méthémoglobinurie paroxystique qui s’est heureusement bien terminée. Le fils d’une de ses proches collaboratrices qui présentait une gastro-entérite sévère et qu’elle a « soigné », a échappé de peu à la mort en étant hospitalisé in extremis.

 

Depuis 1992 donc, j’ai reçu de nombreux témoignages téléphoniques et rencontré  plus d’une centaine de victimes qui sont venues  me raconter les méfaits d’une certaine médecine qui n’a de médical que le nom. Et c’est en écoutant ces récits souvent dramatiques  que j’ai peu à peu  pris conscience  des liens qui existent entre les sectes et les médecines parallèles.

 

II. L’histoire de la maman de Camille

 

Le second récit est celui de Camille, une très jeune fille, étudiante, d’une étonnante maturité qui m’a contacté peu après le décès de sa maman. Elle était choquée, incapable d’admettre que sa maman ait disparu prématurément par la faute d’un médecin qui l’avait privée des soins que sa maladie justifiait.

 

Les faits 

 

Sa maman consulte pour la première fois un gynécologue sérieux en janvier 1995, au moins 2 ans et demi après la découverte d’une tumeur du sein droit que le Dr G. soignait par « conjonctil viscum album » et applications d’argile …Elle réalise alors un bilan complet à l’exception de la scintigraphie osseuse qu’elle refuse sur l’injonction du Dr G.  et  subit ensuite une mastectomie avec curage axillaire suivie d’une cobaltothérapie. Mais elle refuse la chimiothérapie alors qu’elle présente plusieurs facteurs pronostiques défavorables (son jeune âge, une tumeur de gros volume, etc.). Le Dr G. lui prescrit alors des oligo-éléments, de la vitamine A  du viscum album et des suppositoires de sérocytol.

Elle revient chez son gynécologue  en octobre 1996 en généralisation  et se laisse enfin convaincre d’accepter une polychimiothérapie. Après une diminution initiale réelle des plaintes, les cures de chimiothérapie et de radiothérapie appliquées à un stade trop tardif n’empêcheront pas son décès en 1997. A noter qu’elle refusera entre-temps une transfusion sanguine et réduira volontairement ses doses d’anti-douleurs.

Dans ses conclusions, le gynécologue dit : « lorsque la patiente refusait –comme ce fut le cas à plusieurs reprises- certains examens ou certains traitements, elle motivait souvent son  refus par l’avis qu’elle avait recueilli auprès du Dr G. en qui elle plaçait une confiance aussi étonnante qu’inébranlable. Il ajoute qu’il n’a jamais reçu de courrier de ce médecin alors qu’il l’avait régulièrement tenu informé par écrit de l’évolution de sa malade. »

 

Quelques considérations à propos de cette histoire, elle aussi, dramatique.

 

1°) Le Dr G. était à l’époque des faits un médecin homéopathe bien connu dans sa région. Adversaire farouche de la médecine classique que selon Camille « il diabolise sans aucune retenue et regarde avec le plus grand mépris », il avait déjà  fait parler de lui dans le cadre de la mort de R B. en 1996

 

2°) Le Dr G. a maintenu sa patiente dans l’ignorance totale de la nature de sa maladie pendant deux ans.  Il  n’a adressé sa patiente à un chirurgien qu’à un stade où l’acte chirurgical était devenu inévitable.  Il a découragé sa patiente de suivre la chimiothérapie classique, lui préférant des traitements homéopathiques très coûteux pour cette femme de condition modeste ainsi qu’un régime alimentaire très pauvre et très strict.

Et toujours au nom de la philosophie de sa secte, il a laissé sa patiente terminer son existence dans d’importantes douleurs alors que le serment d’Hippocrate nous oblige dans tous les cas de  soulager la souffrance de nos malades à défaut de pouvoir les guérir.

Il a largement  bafoué, le code de déontologie qui stipule :

 

1)      que le médecin doit se tenir au courant des progrès de la science médicale pour assurer à son patient les meilleurs soins.

2)      que  le médecin  ne doit pas outrepasser ses compétences.

3)      Que le médecin s’interdit de heurter son patient par ses convictions philosophiques, religieuses ou politiques.

 

Or qu’a fait le Dr G. ?

 

Il a abusé de l’emprise qu’il exerçait sur sa patiente et de son état de grande faiblesse pour l’endoctriner et l’entraîner dans sa secte. Le Dr G. a écrit sous un nom d’emprunt plusieurs livres qu’il fait lire à ses patients. Elle est donc devenue durant sa maladie une fervente adepte du Mouvement du Graal

 

*qui méprise la médecine classique,

*refuse la radiothérapie parce qu’elle fait des trous dans le corps astral,

* encourage la souffrance physique qui est toujours méritée et qui nous assure un au-delà plus heureux.

*Dans un livre qu’il a édité, il affirme que l’homme est responsable de sa maladie, que celle-ci  a pu être contractée au cours d’une de ses vies antérieures ou encore qu’il existe des maladies karmiques nécessitant de souffrir maintenant pour disposer après sa mort d’une vie meilleure

*et enfin que le médecin n’a pas de véritable rôle thérapeutique mais n’est qu’un simple conseiller de vie.

 Totalement sous l’influence de son gourou, responsable important du Graal en France, elle va refuser toute remise en question et se couper de ses amis et de ses proches  rejetant tous ceux qui ne partagent pas ses convictions.

Si sa fille aînée Camille a pu garder la tête froide il n’en fut pas de même pour sa jeune soeur  qui a  suivi sa maman dans la secte et éprouvé les plus grandes difficultés à sortir de cette prison mentale après le décès de sa mère.

 

4°) Comment ne pas être inquiet lorsque l’on sait que c’est ce Dr G. et ses collègues également membres du Graal qui donnent depuis plus de 20 ans l’un des principaux cours d’homéopathie dans un pays européen ?

5°) Le Dr G. a finalement été radié de la profession médicale. Il n’en continue pas moins à faire des conférences pour l’une des principales firmes de médicaments homéopathiques et à pratiquer sa médecine dans deux cabinets distincts.

 

IV.  Le cas de Madame N.

 

En mai 2002 le bilan sénologique du Dr L. conclut à un carcinome canalaire vraisemblablement pluri focal. La date de l’intervention chirurgicale est fixée en juin.

Avant de prendre sa décision N, 35 ans et mère de deux enfants en bas âge,  consulte le Dr Y.  Elle est persuadée que l’ablation de son sein va briser sa carrière musicale.

L’anamnèse de ce médecin, adepte des Drs Hamer et Sabbah, fait état «  d’une grand mère brisée psychologiquement  par la mort de son enfant écrasé par la chute d’une armoire et par la mort d’un  second  enfant au sein, grand mère qui finira par mourir peu de temps après ce deuxième drame ». Le Dr Y note également « l’extraction d’une dent de sagesse en 1992 vécue comme un viol».

Le  gynécologue qui a posé le diagnostic initial  apprenant qu’elle est « soignée » par le Dr Y introduit une plainte au conseil de l’Ordre qui convoque à plusieurs reprises le Dr Y pour l’obliger à remettre sa patiente dans le circuit médical classique. Entre temps ses parents résidant en Asie ont été contactés par leur fille  et la maman rendue responsable de la maladie de sa fille (l’atteinte du sein gauche selon Hamer est la conséquence d’un conflit avec la mère !)  consulte un chaman pour tenter de voir dans ses vies antérieures ce qui s’est produit chez ses ancêtres !

Après d’interminables tergiversation et parce qu’elle développait un œdème lymphatique du bras gauche malgré les promesses de guérison du Dr Y, la patiente a finalement  accepté de voir une oncologue .

 

Pour un confrère gynécologue éminent prof d’université , le Dr Y au nom d’une approche holistique et délirante de sa patiente, est devenu complice de ses craintes et a conforté le refus de sa patiente.

Le Dr Y également homéopathe  s’est depuis le début  de sa carrière illustré par une pratique très particulière de sa profession.

 

*Son aspect extérieur très peu habituel :

une chemise blanche largement ouverte sur  un torse sur lequel repose une croix en bois de grande dimension et un discours à forte tonalité religieuse.

*Conférencier professionnel, il parle devant un nombreux public de fidèles acquis à ses idées, du symbolisme judéo-chrétien de l’anatomie humaine, du symbolisme des symptômes de la ménopause, du sens spirituel de la ménopause et des traitements qu’il appelle « évolutifs » par rapport aux traitements classiques qu’il qualifie de palliatifs. Parmi ces traitements « évolutifs » figurent pêle-mêle l’homéopathie, l’ostéopathie, l’acupuncture, la kinésiologie, la métamorphose, les psychothérapies constructivistes, l’aromathérapie, la gemmothérapie, la litho thérapie, l’alimentation, le tai chi, le chant, la méditation, la prière, etc.…

 

*Il est un ardent défenseur de la théorie révisionniste en matière de SIDA :

 

  •  Le virus du SIDA est inoffensif. Il n’existe pas d’épidémies de sida en Afrique. Le virus du SIDA n’a jamais été identifié et les photos publiées par les magazines officiels sont fausses. Le test de séropositivité a été manipulé. Et donc si le SIDA n’est pas une maladie contagieuse, à quoi bon se servir d’un préservatif ?

* Comme une bonne dizaine de médecins belges francophones, il s’est engagé corps et âme dans le combat pour   la médecine nouvelle du docteur Geerd Hamer.

  • Pour ce médecin interdit de pratique en Allemagne depuis 1987, toutes les maladies trouvent leur origine dans  le cerveau. Elles succèdent  toujours à  un choc psychologique brutal dramatique, vécu dans l’isolement  qui  va perturber le fonctionnement d’un endroit bien précis de notre cerveau  qui de ce fait enverra à partir de ce moment des ordres anarchiques vers l’organe qu’il commande.
  •  L’organe atteint dépendra  du type de conflit (mal) vécu par le sujet.
  •  Ainsi  le cancer du sein gauche est provoqué par un conflit du nid avec la mère alors que le cancer du sein droit  traduit un conflit avec le compagnon  ou avec des enfants adultes.
  •  Le cancer des os trouve son origine dans une profonde dévalorisation.
  •  Le cancer des testicules ou de la prostate provient de la disparition réelle ou virtuelle d’un enfant.
  •  Le cancer de la vessie est lié à un conflit de marquage du  territoire.
  •  Le cancer du foie est engendré par une vive rancœur à l’égard d’un proche, à la suite d’une injustice. Il correspond aussi à des problèmes d’argent et de jalousie professionnelle.
  • Dans cette médecine c’est la découverte du conflit qui va permettre la guérison véritable. La première décision à prendre est l’arrêt  total de tout traitement médical. Selon Hamer  la survenue de la maladie correspond à la guérison et rien ne doit être entrepris pour la contrarier. Ou en d’autres termes le déséquilibre intérieur reste invisible jusqu’au moment où les choses commencent à déborder à l’extérieur sous forme de symptômes. Et c’est donc le plus souvent au moment où il faudrait se réjouir que l’on s’inquiète et que l’on appelle le médecin. Ou encore
  •  la maladie nous apporte l’information que des situations conflictuelles psychologiques sont non résolues .Si nous faisons le choix d’ignorer ces messages, la maladie s’aggravera.
  • Hamer a donc été condamné en 1997 à 19 mois de prison ferme par le tribunal de Cologne pour non assistance à personne en danger, exercice illégal de la médecine à la suite du décès de 3 malades du cancer

        que l’intéressé avait détournés de la médecine traditionnelle.

 

*Avec le Dr Sabbah, la théorie de Hamer s’est « enrichie » de l’analyse psychogénéalogique. Selon elle c’est par loyauté familiale inconsciente que nous répétons le vécu de nos ancêtres. Ainsi des maux de gorge fréquents proviennent d’un aïeul guillotiné durant la Révolution, 170 ans jour pour jour. Le fait de jouer cet épisode historique en psychodrame fera disparaître tous les symptômes.

Le Dr Sabbah,  héritier de Hamer, garde pour l’essentiel  le discours de son maître à penser mais se protège habilement de poursuites judiciaires en demandant tout au moins officiellement à son public de ne pas interrompre les traitements sérieux en cours. Le témoignage d’un de ses élèves qui a suivi une formation de 4 jours affirme cependant que Claude Sabbah parle de la médecine classique en des termes très durs. Après avoir assisté personnellement à deux conférences de 3 heures chacune, j’affirme que ce docteur en médecine qui s’est exclu de la profession avant d’être radié, propage un discours subtilement anti-médical.

 

  Conclusions provisoires

 

1) Mes témoignages ainsi que ceux qui seront rapportés par mes collègues lors de ce colloque ne sont que la partie visible de l’iceberg. Ces pratiques rétrogrades sont très largement propagées et encouragées par un grand nombre de médias.

 

2) Les sectes apportent dans la plupart des domaines en ce compris celui de la santé, de mauvaises réponses à de bonnes  questions.

 

3) Si nous sommes vraiment en présence d’un phénomène inquiétant qui menace la santé de nos enfants, il est urgent que nos hommes politiques en prennent conscience et s’engagent sans tarder dans  des campagnes de sensibilisation identiques à celles qui sont menées pour combattre les autres fléaux sociaux que sont les toxicomanies, les maladies sexuellement transmissibles, etc. Pour rappel l’excellente initiative que fut la brochure  « gourou gare à toi ».

Ce fascicule  réalisé à l’initiative de la Communauté Française de Belgique  a connu un succès public considérable mais a valu  à ses concepteurs  pas moins de 5 procès qui ont tous été perdus par les plaignants ..

 

4) Parmi les problèmes graves que je n’ai pas eu le temps de développer, le nombre croissant d’enfants qui ne reçoivent plus les vaccins nécessaires et l’épineux cas des transfusions posé par les témoins de Jéhovah.

 

En complément, quelques extraits du livre « les sectes en Belgique »

Alain Lallemand  EPO 1994

 

P.190. Dans le guide du traitement des adeptes du Sahaja yoga, on lit que le cancer vient d’une décharge complète d’un chakra et que le cancer de la poitrine est dû à l’insécurité et qu’il est parfois causé par la possession d’un esprit. Il faut alors un traitement Makta : 7 citrons et poivrons devant la photographie de Sri Mataji (la gourelle) pendant une nuit.

P.197. A Invitation à la vie (IVI), Yvonne Trubert  prétend que par certains rituels en relation avec les chakras, on arrive totalement à détruire la leucémie.

P.201. Le mouvement iatrosophe belge, pratiquant la médecine spagyrique, prétend guérir le cancer en faisant manger de l’herbe au malade en jouant du piano. L’un des meneurs a été arrêté en septembre 1993 pour la mort d’une enfant de 2 ans dont il n’avait pas voulu qu’elle suive un traitement conventionnel.

Fleurs de Bach sont commercialisées en Belgique par Aquila au prix de 7000 F (1994) la trousse de 39 remèdes, ce qui fait cher le placebo. Le principe consistant à tremper des fleurs dans de l’eau « qui se charge de ses vertus curatives », le tout dilué de façon quasi homéopathique. 

P.220. Pour Martin Brofmann, gourou du Corps-miroir, nous pouvons tout guérir en nous. Toute tension au niveau de notre conscience entraîne une tension physique manifestée comme un symptôme.

Pour régler tout cela, il suffit d’un équilibrage des chakras (encore ces fameux centres mythiques  hérités du tantrisme). Pour l’Anthroposophie et sa « médecine », voir Bulletin n°45 du GEMPPI)Les

 

3) Dérives psycho sectaires

 

Résumé des interventions de :

 

Dr. J.F. Armogathe, psychiatre à  Marseille, membre de la commission « Santé, éthique, idéologies » de l’Espace Ethique Méditerranéen  et du GEMPPI*.

M. D. Pachoud,administrateur au CCMM,trésorier de la FECRIS, président du GEMPPI*, association pilotant la commission « Santé, éthique, idéologies » de l’Espace Ethique méditerranéen

 

Les dérives psychothérapeutiques

                     Utilisation des psychothérapies en vue d’emprise sectaire

 

a) Quel rapport y a t-il entre une secte ou un gourou manipulateur et un psychothérapeute ?

 

Une réponse était donnée à cette question dans le rapport 2001 de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (MILS), fait au Premier  ministre. On pouvait y lire cette mise en garde au sujet des activités de psychothérapeute :

« Les psychothérapies constituent, avec la formation professionnelle, le terrain privilégié investi par de micro groupes sectaires, où sévissent des escrocs et des gourous susceptibles d’une grande capacité de nuisance auprès de personnes vulnérables…»

Interrogée, Anne Fournier, chargée de mission à la Miviludes informait que : « l’offre attire beaucoup de consommateurs ponctuels. Des gens qui se laissent tenter par des thérapies, par le tarot, des stages de communication pour apprendre à gérer ses émotions, et qui dévorent des ouvrages new age. Tous n’entrent pas forcément dans une secte, mais ils gravitent autour… Les médecins traditionnels se font parfois avoir. » Dans un rapport du 27 septembre 1996, le conseil de l’ordre des médecins estimait qu’il existait 3 000 médecins sectaires en France.

 

«Des professionnels de la santé, des libéraux, se tournent vers le sectarisme au bout de dix ou de quinze ans de pratique. Au moment où ils sont à la recherche d’un nouveau souffle», explique Marilyne Deuxdeniers, la conseillère santé à la MIVILUDES. « A l’occasion d’une formation, ils peuvent croiser une organisation sectaire et se laisser piéger. La capacité de financement des médecins attise la convoitise des groupes sectaires. »

 

Les sectes sont en train de s’engouffrer massivement dans le secteur de la santé et du bien-être et particulièrement dans le créneau  psychothérapeutique. Ceci provient, pour certains, de ce que cette profession n’est encadrée par aucun dispositif légal dans la majorité des pays européens et lorsqu’il y a une réglementation, elle se trouve être inadaptée pour palier aux problèmes suscités par certains abus, la manipulation mentale en particulier, facilités par ce genre d’activité. Pour d’autres, ce phénomène provient de ce que certains pays cautionnent des médecines non conventionnelles, parfois farfelues quand elles ne relèvent pas de superstitions, en créant des diplômes d’Etat ou en en leur accordant un cadre légal.

 

Tous les observateurs soulignent le succès croissant notamment d’un pseudo-bouddhisme technologique ou d’un panthéisme connu sous le nom de New age. Dans ce type de scénario, le maître ou gourou porte souvent le nom de psychothérapeute. Il pare sa doctrine et ses croyances « new ageuses » d’un vocabulaire scientifique et psychologique. C’est habituellement une sorte de psycho sectarisme utilisant certains principes psychologiques connus de tous les professionnels mêlés à des croyances superstitieuses ou religieuses. Il s’agit en général de connecter l’âme du patient-adepte, volontiers confondue au psychisme, à l’énergie ou conscience universelle. Cette énergie supérieure serait capable de conférer la connaissance, le bien-être, la puissance et la guérison absolus.

 

Cependant, l’accès à cette énergie est quasiment impossible au profane « trop conditionné par son éducation, par la société, trop pollué mentalement pour prendre conscience de sa réalité profonde » et atteindre cette autre dimension de la vie (illusion souvent présentée comme la Maya hindouiste). Par contre, le succès est assuré lorsqu’on s’adresse à un grand initié holistique, canal, channel, médiateur de la réalité transcendantale. Qu’il se présente comme gourou ou psychothérapeute, il affirme savoir totalement de quoi nous sommes faits, corps, psychisme et âme, et il sait donc comment résoudre les problèmes de névroses, les psychopathologies et autres maladies…. Pour lui,  la médecine et la psychiatrie ne traitent que les symptômes; alors que lui, traite les causes profondes et réelles. Ces « vraies » causes seraient spirituelles, astrales ou psychiques.

 

Nous sommes donc dans un système où il faut croire, car il n’est pas prouvé scientifiquement, par exemple, que toutes les maladies proviennent d’un traumatisme psychologique. Le « gourou-thérapeute », qui est souvent exclusif quant à sa conception des choses ou sa doctrine, devient donc indispensable car ces « causes premières » sont  généralement méconnues des scientifiques. Il serait plus honnête que ces thérapeutes holistiques se présentent comme des guérisseurs, voyants, etc.…

 

b) Quelques exemples concrets de psycho sectarisme

 

Kryeon et EMF Balancing

Il s’agit d’un nouveau produit psycho-ufologique très en vogue actuellement en provenance d’Outre Atlantique. Entités, archanges, révélations d’outre tombe et d’extra terrestres, hindouisme sauce new age, psychothérapies, médecines parallèles, géniocratie et conceptions particulières de la génétique humaine sont au programme. Cela se présente sous différentes appellations : Kryeon, Kryon, EMF Balancing. Son fondateur Lee Carroll propose une doctrine très particulière d’éducation des enfants dont l’aura de couleur indigo les désignerait comme des surhommes ou des dieux. L’espèce humaine d’essence vulgaire comporte une aura de couleur quelconque, alors que la race spirituelle des génies est marquée d’une aura  bleue indigo. Des adeptes adultes sont formés pour détecter ces enfants surhumains et pour conduire les parents dans leur éducation très spéciale. Ces enfants Indigos ne doivent pas se mêler aux autres enfants qui seraient de niveau inférieur. Autre problème dont on peut craindre de fâcheuses inductions dans le psychisme des enfants : on inculque aux parents que s’ils ne se soumettent pas aux enseignements de l’entité Kryeon , leurs enfants qui ont été détectés indigos, risquent de développer des tendances suicidaires. (Voir : Découvertes sur les sectes et Religions n°54 – GEMPPI 2002)

 

« Il justifiait son discours psychothérapeutique par un fatras syncrétique de catholicisme mêlé à une approche karmique »

Un monsieur nous confie sa mésaventure avec un psycho gourou : « Suite à un déménagement pour cause professionnelle et au décès du frère cadet de sa compagne, celle-ci se trouve fatiguée physiquement et psychologiquement déprimée. Une connaissance lui indique un psychothérapeute-magnétiseur. Après 2 séances ma compagne m’informe que le thérapeute m’a vu au travers d’elle et qu’il désire me rencontrer de toute urgence parce que notre couple est en danger. Ayant rencontré le thérapeute, celui-ci a entrepris à mon égard un travail de démolition et de culpabilisation et au lieu de consolider notre couple, s’est évertué à dénigrer mon épouse. Il justifiait son discours psychothérapeutique par un fatras syncrétique de catholicisme mêlé à une approche karmique. Il était totalement dénué d’humanité et a incité ma femme à me quitter.»

Un autre monsieur confronté à une  équipe de thérapeutes « holistiques » ayant entrepris sa femme et qui font marcher leur business en se repassant leurs clients :

«Une ostéopathe drainant des personnes accidentées, souffrantes ou stressées les envoie, après en avoir tiré le montant de ses prestations, vers une de ses partenaires psychothérapeute (rebirth)-relaxologue-sophrologue-hypnothérapeute. Le problème est, notamment, que la psychothérapeute, grâce au don de radiesthésie et de voyance de son concubin, discerne chez tous ses patients-clients l’être malveillant qui les plonge dans leur état de stress. Après de nombreuses séance d’hyperventilation (rebirth) elle a fait revivre sa naissance à mon épouse (cette pratique peut provoquer des hallucinations) et son concubin radiesthésiste lui a asséné plusieurs séances de désenvoûtement, avec comme instruments de délivrance : des prières, des photos, des bougies, des mèches de cheveux brûlées, des poupées de cire facturées à 600 euros et une espèce de testeur de courant électrique pour mesurer le stress (ressemblant étrangement à l’électromètre des scientologues). Toute une bibliographie new age et parfois sectaire est proposée  à la patiente-cliente devenue adepte. Les hallucinations sont interprétées et donnent lieu à des ordres de la part de la thérapeute qui invente à sa cliente-adepte une fausse mémoire induite (FMS) et des certitudes amenant ma femme à pratiquer le Feng shui (autre prestation payante) et à quitter le domicile familial avec notre enfant pour être guidée par cette thérapeute et Jésus…Notre couple n’a évidemment pas résisté à ce traitement, d’autant plus que mon scepticisme à fait de moi l’être maléfique cause de tous les problèmes de ma femme. »

 

Cocktail « analyse transactionnelle, ostéopathie psycho énergétique, philosophie »

Voici la teneur de 2 lettres que nous avons reçu il y a quelque temps  sur un même cas :

« Monsieur, tous les week end ma sœur se rend à M… pour suivre une psychothérapie transactionnelle. Elle est devenus très nerveuse et envoie promener tout le monde, son mari et ses enfants principalement. Depuis cette époque, elle tient un discours violement anti-médical, anti-vaccinations et anti-médicaments allopathiques (antibiotiques…). Que ce soient les bronchites ashmatiques du garçon (9 ans) où la coqueluche de la fille (8 ans), pas moyen de les faire soigner sans une scène de ménage. Ma sœur ne jure que par l’homéopathie, la naturopathie, la cristallothérapie (censée en outre de purger le jardin de ses taupes). Pour couronner le tout, ma sœur est ostéopathe et pense appartenir à l’élite spirituelle de l’humanité.  Seul le traitement ostéopathique qu’elle prodigue à sa fille peut résoudre les problèmes de retard scolaire qu’elle a et l’empêcher de devenir autiste. (En fait, c’est une enfant saine, vive d’esprit et en bonne santé). Elle a, depuis, demandé à son mari une hypothèque sur ses biens personnels. Elle suit sa formation dans une association pratiquant des marathons thérapeutiques, de l’analyse transactionnelle et de l’ostéopathie. »

La lettre du mari : « Monsieur, après une formation en ostéopathie, ma femme a suivi les cours d’un enseignant en techniques énergétiques. Depuis elle s’adonne à  ce que je pourrais décrire comme de l’ostéopathie psycho énergétique  mettant en œuvre des concepts philosophiques qu’on lui a inculqué, ce qui lui a laissé notamment envisager une « retraite » dans le désert…Son caractère a beaucoup changé. Suite à cela notre couple s’est désagrégé. »

 

Psycho généalogie et Méthode Hamer

En février 2001 un monsieur est venu nous voir car son fils et sa belle-fille ne lui laissent plus voir sa petite fille, qui est atteinte d’une maladie rare, donc difficile à soigner. Le grand-père aidait, jusqu’à ce moment là, son fils et sa belle-fille, en assurant la garde de l’enfant en l’absence de ses parents lorsqu’ils étaient au travail. Autant dire qu’il avait quasiment élevé pour moitié sa petite fille. Les parents, on s’en doute, très affectés par la maladie de leur enfant, se sont tourné dans leur désarroi vers qui leur faisait les promesses de guérison les plus agréables à entendre, en particulier,  un médecin émule du Dr Hamer adepte de psycho généalogie. Cependant, la méfiance du grand-père à l’égard des solutions simplistes proposées par cette forme de psycho généalogie, lui attira les foudres du « spécialiste  transgénérationnel » qui décida que la cause de la maladie de l’enfant provenait des ascendants, en l’occurrence du grand-père. Comme grand papa n’était pas assez docile, il convenait pour le bien de l’enfant, de l’éliminer de son entourage, sans quoi la thérapie familiale ne pouvait aboutir. Résultat : le grand-père ne peut plus voir sa petite fille, son fils et sa belle-fille sont en froid avec lui, ils ont accru leurs difficultés car ils ont dû trouver des solutions pour la garde de l’enfant qui d’ailleurs est toujours malade. Fort heureusement, en tout cas pour l’instant, le psycho généalogiste en question, n’a pas décidé de contre-indiquer les soins médicaux classiques. En psycho généalogie, on appelle cette situation un « conflit de nid ».  « Ce conflit correspond à une problématique avec les personnes qui vivent dans notre foyer … tous ceux que nous désirons mettre sous notre aile… grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines » …Affirment les psycho généalogistes.

 

Le parlement américain condamne la thérapie Rebirth

The Associated Press – Mardi 17 septembre, 2002. WASHINGTON – Le parlement a voté mardi pour condamner une technique thérapeutique connue sous le nom de rebirth, sous prétexte qu’elle est dangereuse et nuisible et il a encouragé tous les états américains à mettre en place une loi l’interdisant. (Le rebirth inspire divers mouvements proches du New Age, dont certains ont été désignés comme sectes dans les rapports parlementaires français). Le rebirth est une thérapie utilisée notamment pour traiter les difficultés relationnelles propres à certains enfants adoptés qui résistent à s’attacher à de nouveaux parents. On met les enfants sous des oreillers, édredons et couvertures supposés représenter le ventre maternel, et on les encourage à trouver leur voie pour en sortir, pour émerger « re-naître »,  avec leurs parents adoptifs. En 2000, une enfant de 10 ans dans le Colorado a été étouffée lors d’une séance de rebirth. Quatre adultes se sont assis sur les oreillers et couvertures couvrant la fillette, lui appliquant une pression de centaines de kilos. Deux des thérapeutes ont été condamnés  à 16 ans de prison lors du décès de Candace Newmaker. Le Colorado a depuis interdit la thérapie rebirth. La résolution signale que quatre autres enfants sont morts de diverses formes de cette thérapie.

Un psychothérapeute « bouddhiste » et ses méthodes  tantriques  et un gourou pervers

Sous prétexte de « thérapie spirituelle », un psychothérapeute bouddhiste aurait entraîné Valérie durant 3 ans à accomplir des actes sexuels dégradants et l’aurait escroquée d’un importante somme d’argent.

Autre cas : Nicolas et sa compagne Anna traversent une crise, ils décident de faire le point et d’entreprendre un travail sur eux-mêmes. Ils tombent sur un livre de Paul S…, et commencent à s’intéresser à sa philosophie d’inspiration hindouiste. Ils le rencontrent à son ashram et décident alors d’habiter à proximité. Didier, le bras droit de Paul S… les prend en charge spirituellement. Il devient à la fois leur thérapeute et leur maître initiatique. Mais après quelques années de travail intensif, Didier signifie qu’Anna sera la « Mère » de son ashram et par la même occasion sa nouvelle compagne. (D’après « Sortir d’une secte », pages 91 et 126, Tobie Nathan et Jean Luc Swertvaegher, Les empêcheurs de penser en rond, Seuil 2003)

 

Quelques groupes cités comme sectes dans les 2 derniers rapports parlementaires français (1995 et 1999) utilisant des  psychothérapies

Anthropos (Activation mentale), Avatar (Star’Edge), Innergy , Eckankar, MSIA, Insight training seminar, La Maison de Jean, Méthode Silva, Système corps miroir, Vital harmony, CEG (Centre d’Etudes Gnostiques), Energie et création, Enseignement et Thérapie de Recherches Evolutives (ETRE), Famille de Nazareth (Atelier de psychanalyse existentielle), Méditation transcendantale, L’arbre au milieu, Landmark Education, La science du mental (Psycho synthèse spirituelle pratique), Mouvement humaniste, Savoir changer maintenant, Scientologie (Dianétique), Silva, Société internationale de trilogie analytique, Spiritual Emergence Network (Respiration holotropique) ETC.

Les sectes et gourous guérisseurs utilisent souvent simultanément plusieurs des psychothérapies connues (voir ci-dessous) et y ajoutent des pratiques occultes et magiques telles que le Reiki et des médecines parallèles et des trucs très à la mode comme la kinésiologie dans laquelle on prétend interpréter par le toucher des tensions musculaires révélatrices des stress et de dispositions psychologiques. (Au sujet du Reiki, se reporter au bulletin n°43 du GEMPPI)

 

c)     Peut-on définir une psychothérapie ?

 

S’il est vrai que les psycho gourous sont nombreux, il reste une majorité de psychothérapeutes (souvent psychiatres ou psychologues de formation) honnêtes et consciencieux qui gagneraient à ce que l’activité de psychothérapeute réponde à des exigences de transparence, ce qui, à notre sens, est plus efficace que de créer des diplômes ou des lois.

 

 

On pourrait décrire sous ce nom toutes les thérapeutiques psychologiques, fondées et validées et reconnues par la communauté scientifique, qu’elles soient verbales ou qu’elles passent par une médiation corporelle, sans utilisation de médicaments.

Ce ne sont pas des traitements du psychisme mais des traitements qui mettent en oeuvre des moyens psychiques. Une psychothérapie, c’est avant tout une technique, qu’elle soit verbale ou à médiation corporelle utilisant la parole, appliquée à sa demande, à un sujet, pour son bien-être, dans le respect de sa personne et de sa liberté. Comme toute technique, elle doit être utilisée avec compétence et déontologie.

Partir de cette définition, signifie que l’on accepte la diversité actuelle de nombre de psychothérapies, de la plus « verbale » (la psychanalyse) à la plus corporelle, à condition qu’elle entre justement dans cette définition : technique et non idéologie, demande du sujet pour son bien-être (et pas forcément, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, pour un état de maladie), respect de la personne, liberté sous toutes ses formes, compétence (prouvée) et déontologie bien définie.

Par contre la psychothérapie du gourou serait plutôt un mélange de croyances (vies antérieures, etc.) et de données scientifiques aboutissant à la dépendance et à l’emprise psychologique du patient.

 

d) Quelles sont les différentes psychothérapies  et qu’apportent-elles ?

On assiste actuellement à une prolifération de psychothérapies plus ou moins inspirées par des théories décrites et validées quelque fois un peu trop rapidement. Il ne manque pas de journaux et de revues pour proposer les services de psychothérapeutes dont ni la formation ni les titres ne peuvent être identifiés. Ce qui fera l’objet de nos suggestions.

La classification que nous donnons par ailleurs ne porte que sur certaines techniques parmi les quelques 200 à 300 existantes. Comme nous ne pouvons prétendre à l’exhaustivité, nous présenterons  les grandes classes de psychothérapie (d’autres classifications existent)!… Par exemple :

Les psychothérapies de soutien, les psychothérapies psychanalytiques, les nouvelles psychothérapies l’analyse transactionnelle de BERNE, Les mouvements de rencontre, la méditation profonde, Les psychodrames  (Moreno, Lebovici, Diatkine, Kestenberg),  les psychothérapies verbales de groupe, les psychothérapies à médiation corporelle, les psychothérapies comportementales, les thérapeutiques rétroactives.

 

Ces psychothérapies peuvent aussi se définir tantôt par les interlocuteurs auxquels elles s’adressent (groupe, famille, couple, institution), tantôt par le procédé qu’elles utilisent : art thérapie, musicothérapie, ergothérapie, tantôt par l’utilisation d’une médiation corporelle : relaxation, etc…

Mais  à cette classification très technique, nous préférons une classification selon la théorie psychologique à laquelle le thérapeute se réfère et les modèles conceptuels pour comprendre la dynamique psychique de son action; car, c’est en fonction de ce type de choix théorique qu’il peut élaborer ses interventions et modéliser le type de relation qu’il désire avoir avec son patient.

 

Dans cette perspective nous distinguerons:

 

a) La psychothérapie d’inspiration psychanalytique

Qui est une pratique dérivée de la psychanalyse. Dans sa forme la plus commune, elle se pratique en face à face, selon un rythme de séances différent de celui de la cure type (en moyenne une séance ou deux par semaine au lieu de trois). Le processus de changement attendu de la cure repose sur la reconstruction de faits inconscients permettant de donner accès à des représentations jusque là réprimées, déniées ou inaccessibles. Le transfert et le contre‑transfert sont les moyens sur lesquels repose la dynamique du traitement.

Compte tenu des besoins de plus en plus grands en matière de psychothérapie, le modèle de la cure-type analytique s’est diversifié et assoupli et a donné naissance à des applications variées sous la forme de la psychothérapie d’inspiration psychanalytique que nous venons de décrire.

 

b) Les autres psychothérapies

 le courant comportementaliste et cognitiviste

C’est le courant dominant actuellement et celui qui, est le mieux validé dans ses résultats thérapeutiques. Ces thérapies viennent  de donner lieu à une importante évaluation de l’INSERM, contestée cependant par les tenants  des psychothérapies psycho dynamiques. Il s’inspire de l’application de la psychologie expérimentale au champ de la clinique pour comprendre, évaluer et traiter les troubles mentaux et surtout ceux du comportement. Il applique les données de l’apprentissage répondant, opérant, social et cognitif et cherche à modifier la clinique quotidienne au moyen des mécanismes mis à jour par la recherche expérimentale clinique. Il se réfère à une théorie de l’esprit qui se rattache aux sciences de la cognition, dont le but ultime serait de parvenir à déterminer les conditions d’émergence des troubles mentaux à partir de processus neuro‑physiologiques et neuro­psychologiques. De plus, le cognitivisme considère les troubles des conduites et des comportements, de même que les symptômes d’allure névrotique, comme relevant de dysfonctionnements dans les programmes d’apprentissage. Son but est d’objectiver les processus à l’oeuvre dans l’activité mentale et d’en traiter les perturbations selon des procédures codifiables et reproductibles

Le courant systémique

Il repose sur des conceptions théoriques inspirées à la fois de l’anthropologie et de la théorie générale des systèmes. Elaborée à partir des années cinquante à Palo Alto par un psychologue américain, Gregory Bateson, la thérapie systémique est basée sur une théorie de la communication originale. Le patient y est considéré comme un des éléments du réseau de communications qui le relie à son groupe social et familial. La modélisation systémique s’intéresse en priorité aux interactions familiales et aux indices contextuels sociaux dans lesquels se trouve impliqué le patient plutôt qu’aux facteurs subjectifs de ses troubles. Identifier les dysfonctionnements familiaux permettrait ainsi d’en corriger les effets négatifs et de favoriser les ressorts créatifs du patient et de ses proches. Le changement est attendu de la création de nouveaux contextes, de modifications des mécanismes communicationnels et de l’élaboration de procédures compatibles avec les troubles mentaux détectés.

 le courant humaniste

La psychothérapie humaniste se centre sur la personne et cherche à promouvoir l’autonomie de celle‑ci mais elle a l’ambition de le faire en dehors de toute théorisation préalable. Elle préconise une relation d’aide basée sur une compréhension réciproque et sur l’empathie du thérapeute pour son patient. C’est un psychologue américain, Carl Rogers, qui a défini le premier les concepts de la psychothérapie humaniste et précisé sa technique. En dehors de l’empathie, celle‑ci se fonde sur la notion de « congruence », c’est‑à‑dire sur la coïncidence intuitive des sentiments du thérapeute avec ceux du patient. La congruence s’exprime par la re­formulation des affects tels que le psychothérapeute les ressent, c’est‑à‑dire avec un certain décalage qui permet de valider positivement les sentiments négatifs éprouvés par le patient. La psychothérapie humaniste se pratique aussi en groupe. Elle insiste alors « sur les aspects bénéfiques de la rencontre et sur les espaces de liberté que celle‑ci permet d’ouvrir ». Les psychothérapies humanistes s’adressent surtout à des individus qui cherchent à « épanouir leur personnalité».

Le courant « éclectique et intégratif ».

Il se base sur la constatation de la multiplicité des techniques, le manque de cohérence et la pauvreté de certaines théorisations, le dogmatisme, l’ostracisme de nombreuses écoles divisées et opposées en «chapelles» rivales. Il propose d’introduire plus de rigueur dans ce domaine, sur la base d’études scientifiques. Ces études ont montré, par exemple, que toutes les théories et les techniques sans exception mettent en jeu, dans des proportions différentes, les mêmes facteurs dits pour cette raison « communs », tels que l’alliance thérapeutique, la motivation du patient, celle du thérapeute, le désir de changement, la régulation des affects, l’articulation entre affects et cognitions etc.

Ces références théoriques sont aussi utilisées pour les psychothérapies réalisées dans d’autres cadres tels que les psychothérapies institutionnelles, de groupe, familiales ou de couple.

Parmi beaucoup d’autres pratiques psychothérapiques, citons l’hypnose et en particulier actuellement l’hypnose Ericksonienne, mais aussi, la Gestalt­-thérapie, la Bioénergie, l’Analyse transactionnelle, etc.

 

 

Quelques psycho sectes ou psychothérapies parfois détournées ou se prêtant plus facilement aux déviances sectaires

 

Nota : les thérapies citées ci-après ne sont pas des sectes, mis à part la scientologie. Elles sont citées parce qu’elles se prêtent plus que d’autres à l’entrisme sectaire éventuel  par certains aspects spiritualistes ou aberrants.

 

Selon Jean Pierre Jougla (UNADFI), sous prétexte de soins, les sectes ont recours à des méthodes thérapeutiques illusoires ou à des thérapies plus classiques ou reconnues, détournées comme support privilégié de  l’emprise, de la mise en état de sujétion. Elles sont alors un outil efficace d’enfermement psychique par coupure du réel. C’est une conception totalitaire et extrémiste de la santé. Ces conceptions décodent la souffrance selon une conception interprétative récupératrice.

 
Analyses sauvages

Selon Jean-Marie Abgrall (voir bibliographie ci-dessous), dans  » La mécanique des sectes  » : « à la différence de l’analyse thérapeutique, qui s’efforce de maîtriser le transfert et en fait un élément d’équilibre relationnel entre le psychanalyste et son patient par le jeu du contre transfert, la secte majore les effets pervers du transfert et pousse les identifications jusqu’à la caricature, entraînant de ce fait des phénomènes de dépendances et des peurs de rupture. Le gourou n’est plus seulement le substitut du père, il devient le père. »

Bio énergie, analyse bio énergétique

Méthode créée par Alexander Lowen, qui s’est inspiré de Wilhelm Reich (voir à ce mot). Selon Lowen, il existe dans le corps une énergie fondamentale se manifestant sous forme de phénomènes psychiques et somatiques: la bio énergie. Certains exercices consistent à frapper du poing du pied sur le divan tout en hurlant. On se rapproche là du cri primal de Janov. Plus récemment Lowen a ajouté à son équation corps/psychisme la notion de spiritualité qui constitue une porte  ouverte aux sectes.

Biofeedback

Dans les années 60 aux USA, un courant mystique puissant, le New age, se lance à fond dans le yoga, la méditation et les techniques de relaxation. Des mouvements, tels que la Méditation Transcendantale (répertoriée comme secte par nos parlementaires en 1995), mêlaient des croyances spirituelles à des techniques psychologiques et proposaient avec grand succès (des vedettes du show biz s’y étant convertis) des méthodes permettant de modifier la fréquence de certaines ondes cérébrales.

Parallèlement, certains chercheurs vont créer des appareils  mesurant, par amplification, l’activité et électrique des muscles et du cerveau (ondes alpha) encourageant au travail intérieur sur soi : un dispositif électronique transforme en signal (sonore et visuel) un paramètre physiologique (tension artérielle, électromyogramme, résistance cutanée, température cutanée, etc.…). A partir de cette information, le sujet va tenter de modifier son état physiologique, et recevra une information sur sa réussite ou son échec, proportionnelle au résultat. C’est un « conditionnement opérant » du système nerveux autonome et neuromusculaire.

Biorythmes

Selon ce concept, nous serions régis par trois cycles de vingt-trois jours: physique, émotif et intellectuel. Lorsqu’on en connaît bien le processus on peut les exploiter pour mieux apprendre et mieux récupérer (après une opération chirurgicale par exemple). Cependant certains poussent la méthode à l’excès et en arrivent à un système quasi divinatoire où l’heure et la date de naissance des pratiquants détermineront les choix et les décisions qu’ils devront prendre dans leur vie et à quel moment. Pour l’instant les biorythmes ne prévoient pas encore l’avenir…

 

Channeling, nouvelle version du spiritisme

C’est un retour du bon vieux spiritisme remis au goût du jour par un vocabulaire moderne et accrocheur. Il s’agit d’établir la communication avec l’au-delà (les défunts, les anges, les extraterrestres, des entités…). Durant une phase de transe le channel-médium semble abandonner son corps à un esprit qui s’exprime par sa bouche. L’un des plus connus de ces channels était Edgard Cayce. D’autres ont aussi exploité le système, tels que les groupes de Maguy Lebrun (son organisation A.P.R.E.S. est citée comme secte dans le rapport parlementaire de 1995). Mais où est la thérapie ? En fait, les thérapeutes sont les entités ou esprits qui, par la bouche du channel,  prescrivent le traitement ou les règles d’apaisement psychologique à suivre.

 

Chirologie

Où l’on brosse le profil psychologique de l’individu en lisant les lignes de sa main.

Glaudienne (catharsis…)

Voici une psychothérapie, inventée par Albert Glaude, proposant de « réactiver les occultations responsables du mal être…utilisant un tunnel symbolique… » , mais en fait, la méthode aboutit très fréquemment à des faux souvenirs induits (FMS) diagnostiquant régulièrement et sans discernement des viols ou d’agressions sexuelles parentales dans les premiers mois ou les premières années suivant la naissance, à l’origine du mal être psychologique. (voir bulletin n°56 du GEMPPI)

Le lying et les vies antérieures

Une méthode plus spirituelle que psychologique. Elle est utilisée par de nombreuses sectes, telles que la Scientologie, s’inspirant des religions d’extrême orient, On y fait des régressions dans le passé des vies antérieures. Ces soi-disant vies antérieures sont particulièrement propices pour inculquer des faux souvenirs et ainsi, donner des directives thérapeutiques ou de vie.

Métamorphiques (techniques…)

Techniques proches de la réflexologie et inventées par Robert Saint John, qui s’est inspiré de croyances, de philosophie et de médecine chinoises. Beaucoup de thérapeutes et guérisseurs sont sur ce créneau consistant à œuvrer sur  « la force de vie » ou  sur les « énergies ».

P. R. H. Personnalité et relations humaines

Une méthode psy  utilisée dans certains groupes charismatiques catholiques. Un mauvais ménage de religion et de psychologie (voir  bibliographie: Les naufragés de l’esprit).

 

Psycho généalogie et méthode Hamer. Voir plus haut, au chapitre « Quelques exemples concrets pour illustrer nos propos » et chapitre 2.

Reich Wilhelm – Thérapie Reichienne

Thérapie fondée par Wilhelm Reich, dissident de Freud. Reich a fait de l’orgasme sexuel le prototype du fonctionnement de l’organisme, qui va de la tension à la relaxation, de la charge à la décharge d’énergie bio-électrique, à laquelle il donne le nom de d’orgone. Cette orgone serait aussi bien présente dans l’organisme, dans les plantes, que dans l’atmosphère (on imagine l’intérêt de cette théorie pour les psycho sectes prônant des croyances panthéistes et tantriques). Tout trouble psychosomatique proviendrait d’un dysfonctionnement orgastique. L’instauration de la pleine puissance orgastique peut donc entraîner la guérison des déséquilibres psychiques. Pour Reich, c’est une répression sexuelle (sociale, morale, éducation) qui est à l’origine du dysfonctionnement orgastique. La prévention des névroses passe donc par une révolution sexuelle, culturelle et politique. Cette répression sexuelle provoque non seulement une cuirasse caractérielle mais aussi la création d’une cuirasse de tensions musculaires. Cette cuirasse, cette rigidité musculaire contient toute l’histoire et la signification de l’origine de chacun. Il faut donc rétablir le réflexe orgastique en repérant d’abord les sept zones d’inhibition (coïncidant avec les 7 chakras du yoga) corporelle afin de permettre à l’orgone, l’énergie orgastique, de circuler correctement. Des massages sont effectués, accompagnés d’exercices de respiration. En dernière phase, Reich avait tenté d’agir directement sur la concentration d’énergie dans le corps en recourant à des accumulateurs d’orgone  chargés de capter et d’emmagasiner l’orgone atmosphérique (l’énergie vitale ou sexuelle atmosphérique). Ses accumulateurs étaient des boîtes composées de couches alternées de métal et de matériaux organiques. Pour guérir le cancer et attirer cette mystérieuse Orgone, il fit des expérimentations sur l’irradiation nucléaire qui provoquèrent sur lui et ses collaborateurs de sérieux malaises. La science n’a évidemment pas homologué l’existence d’une quelconque Orgone. Cependant Reich aura inspiré un grand nombre de créateurs de psychothérapies. Les sectes d’inspiration tantrique devraient trouver chez Reich des justifications à leurs pratiques. Nous constatons une parenté de cette doctrine psy notamment avec la kinésiologie très en vogue actuellement.

Rolfing

Un produit des années soixante-dix californiennes, créé par Ida Rolf, laquelle prétendait modifier la structure corporelle de l’individu par des massages profonds et ceci afin  de  « l’harmoniser avec le champ de gravitation de la terre. » – Nombre de sectes guérisseuses se sont emparées de ce genre de concept d’harmonisation car on ne peut rien y vérifier (IVI, ETC…)

 

Scientologie ou Dianétique

Mouvement désigné comme secte dans tous les rapports parlementaires. Son fondateur,  L. Ron Hubbart a été condamné pour escroquerie en France en 1983. La Scientologie se présente comme la psychothérapie absolue. Il s’agit de faire revivre les souvenirs de traumatismes pour les évacuer. Quand le client est prêt, il est amené à se remémorer  les souvenirs traumatiques de ses vies antérieures. Après toute une vie consacrée à cela et des milliers d’euros de formation et d’audition (sorte de confession parfois assistée d’une espèce de détecteur de mensonge), il pourra éventuellement accéder au grand secret de l’humanité, dont voici le résumé : il y a des millions d’années le méchant Xénu, dictateur d’une confédération galactique, a regroupé tous les dissidents à son régime dans des volcans de la terre et les a occis à coup de bombes atomiques. Les esprits désincarnés de ces dissidents, les Thétans, nous possèdent comme des démons. Il s’agit donc de les apprivoiser au moyen de la Dianétique ou de la Scientologie. C’est en fait une sorte de rituel permanent d’exorcisme des thétans dont nous sommes possédés. Ron Hubbard était aussi auteur de science fiction, ce qui explique bien des choses.

 

Transpersonnelle (psychologie…)

Elle permettrait de lancer un pont entre toutes les disciplines concernant l’humain : le corps, l’esprit, la conscience et éventuellement l’âme. En général, il s’agit d’exploiter, d’interpréter des états ou faits mystiques. Pendant les sixties les adeptes de drogues hallucinogènes et Carl Gustave Jung auraient été de cette lignée. Par contre, Freud définissait ces états « d’expériences océaniques », c’est à dire de « régressions à l’état de foetus dans le ventre de sa mère ». Ce sont des pratiques proches de celles pratiquées dans le Raja yoga Brahmâ Kumari, autre secte répertoriée par les parlementaires en 1995.

 

Tunnel (thérapies du…)

Voir ci-dessus à Catharsis Glaudienne. Pour information, lire aussi « La thérapie par le tunnel » – Jean Côté, Edit. Carte Blanche 1997 – Québec. « Traverser le tunnel, c’est avoir accès à des informations, des expériences passées, dissimulées, oubliées, occultées dans la nuit de ma petite enfance, qui ont une influence déterminante sur ma vie actuelle ». Cette méthode qui s’inspire du « Rêve éveillé »se prête très bien à l’induction de faux souvenirs (FMS) et à la manipulation mentale, tout dépend du thérapeute.

 

Voyage astral, sortie du corps

Ce sont des techniques beaucoup plus spirituelles que psychologiques utilisées par de nombreux mouvements répertoriés comme sectes (les adeptes de Samaël Aun Wéor, par exemple). Ces thérapeutes singent, en les caricaturant, des croyances hindouistes consistant à faire voyager l’esprit ou le corps astral  hors du corps physique. C’était ce que certains adeptes du nouvel âge croyaient expérimenter au travers de drogues psychédéliques (LSD, champignons hallucinogènes) en vogue dans les années 70 aux USA. Les plantes hallucinogènes d’Amérique du sud reviennent à la mode dans certaines sectes actuellement et qui prétendent, au travers de ces drogues (un peu comme les adeptes du rastafarisme), avoir  une pratique initiatique de type chamanique. Les chamans-thérapeutes ou psychothérapeutes abondent aujourd’hui sur le marché de la psycho spiritualité. On s’y inspire aussi bien des indiens d’Amérique que des lamas tibétains. Mais certains ayant tenté l’expérience du voyage astral  ont eu la douloureuse surprise de ne pas récupérer tout leur esprit et sont restés en perdition dans le monde éthérique (l’hôpital psychiatrique par exemple). Il y a une certaine parenté de ces méthodes avec les techniques de rêve éveillé-dirigé, thérapies travaillant à partir de l’imaginaire du patient.

 

e) Quelles sont les dérives possibles et leurs dangers ?

 

Chaque technique comporte des dérives bien particulières, pas tant par le modèle adopté que par l’incompétence, le non respect déontologique ou le manque d’éthique de celui qui les pratique.

Mais, pour nous, la dérive essentielle réside dans l’utilisation qui est faite du transfert et de son corollaire le contre-transfert.

Un rappel : le transfert désigne, en psychanalyse, le processus par lequel les désirs inconscients s’actualisent sur certains objets dans le cadre d’un certain type de relation établis avec eux  et surtout dans le cadre de la relation interpersonnelle thérapeutique. Il s’agit là d’une répétition de prototypes infantiles vécue avec un sentiment d’actualité marqué. Ainsi défini, on comprend son utilisation, par le psychothérapeute, dans la démarche relationnelle qu’est toute psychothérapie; et même tout simplement dans n’importe quelle relation.

Autre rappel : à ce transfert, inhérent à toute démarche relationnelle, un thérapeute compétent et éthique, doit réagir par un contre-transfert, c’est à dire comprendre, analyser ce que signifie, pour lui et pour le sujet, ce message transférentiel, et l’utiliser dans la thérapie. On est en fait bien loin de ce stade primaire de l’écoute ou du miroir auxquels certains psychothérapeutes mal ou peu formés accordent une vertu thérapeutique.

 

Mais aussi, on comprend à quelles dérives on s’expose:

Quand un psychothérapeute incompétent ne comprend pas les données fournies par le transfert et utilise mal – ou n’utilise pas vraiment – le contre-transfert; quand un psychothérapeute utilise le transfert de son patient à des fins non-thérapeutiques ( avantages financiers, gratification de son propre ego sur le plan psychologique et/ou sexuel); quand un pseudo-thérapeute utilise le transfert – et le favorise – pour manipuler un  ou une patiente fragilisés en vue de les orienter vers une secte ou un groupuscule pseudo thérapeutique.

 

f) Peut-on y remédier et comment ?

 

Comment baliser la route pour éviter les dérives favorisant les emprises sectaires sans utiliser un inacceptable autoritarisme contraire à la démarche psychothérapeutique ?

Il existe déjà quelques propositions tout à fait honorables mais qui, selon nous, ne tiennent pas assez compte des inconvénients d’encadrer ce type d’activités par des diplômes ou des lois. En voici quelques exemples :

a) Rapport à l’Académie de Médecine à la séance du 1° Juillet 2003. Plutôt corporatiste à notre sens.

 

b) Les propositions de l’ouvrage de Martine MAURER, se reporter à la bibliographie ci-dessous.

 

c) Analyse des projets européens de définition du titre de psychothérapeute. Mise en place d’un diplôme européen. Ceci nous paraît dangereux. Qui va procéder à l’homologation des psychothérapies dont certaines relèvent de croyances superstitieuses ? (Scientologie ou Dianétique, voyage astral désigné sous différentes appellations, régression dans les vies antérieures pour régler des problèmes du présent ou Lying, Faux souvenirs induits ou False Memory Syndrom, Catharsis Glaudienne,  Psycho généalogie, Rebirth, Méthode Silva, EMF Balancing, Landmark…).Comment attribuer un tel diplôme ? Le risque de cautionner ainsi des psychothérapies douteuses ou farfelues et parfois dangereuses est patent. Thèse d’Isabelle Robard (voir bibliographie ci-dessous)

 

d) Amendement ACCOYER , Ce projet de Loi de Santé Publique soumis au Parlement proposait en 2003 a en

définitive, après de vives réactions des psychothérapeutes,  été modifié le 19 janvier 2004 comme suit :

« L’usage du titre de psychothérapeute est réservé aux professionnels inscrits au registre national des  psychothérapeutes. L’inscription est enregistrée sur une liste dressée par le représentant de l’Etat dans le département de leur résidence professionnelle. Sont dispensés de l’inscription les titulaires d’un diplôme de docteur en médecine, les psychologues titulaires d’un diplôme d’Etat et les psychanalystes régulièrement enregistrés dans les annuaires de leurs associations. »

 

Cet amendement ACCOYER, a suscité des réactions extrêmement violentes, de la part de nombreuses associations plus ou moins représentatives du monde de la psychothérapie.

Nous n’avons aucunement l’intention de nous inscrire, sauf en tant que citoyens,  dans ce débat d’accusations multiples et d’amalgames, qui concerne les professionnels, les patients et les politiques législateurs. Par contre, notre seul objectif, fidèles à notre mission, est de protéger les personnes d’emprises sectaires par dérive psychothérapique. Ce qui nous amène à formuler des propositions.

 

On peut, légitimement, se demander si le titre de docteur en médecine ou de psychologue diplômé suffit pour pratiquer avec compétence les psychothérapies ? D’autre part, ce projet ne résout pas le problème de ceux qui exerceront des activités psychothérapeutiques sous une autre appellation (Psychotonicien, psycho énergéticien, dianéticien…). Dans ce cas, y aura t-il une commission d’experts chargée de statuer sur un exercice illégal de la psychothérapie ? Y aura t-il une loi pour sanctionner de tels agissements ?

 

 

4)  Informations utiles

 

Quelques conseils utiles extraits de l’intervention du Dr D. Grunwald* lors de ce colloque

*Secrétaire Général Emérite du Conseil  National de l’Ordre des Médecins et membre du conseil d’orientation de la Miviludes.

 

L’Ordre des médecins Français face aux mouvements sectaires et à leurs relations avec les pratiques médicales non éprouvées

 

En France, l’Ordre des Médecins, organisme privé  composé de praticiens élus par l’ensemble de leurs confrères, est  chargé par l’Etat d’une mission de service publique avec des fonctions administratives et juridictionnelles  concernant les médecins en exercice. 

Beaucoup de médecins se sont mis à pratiquer des  médecines dites « douces parallèles, alternatives,  complémentaires, non conventionnelles » que nous préférons quant à nous  dénommer « pratiques médicales non éprouvées » . En effet, le dénominateur commun de toutes ces pratiques, est leur absence de validation scientifique authentique et reconnue, et leur absence d’évaluation. Les « médecines » sous-tendues  par des idéologies sectaires s’appuient plus volontiers  sur ces dernières catégories extrêmes de théories thérapeutiques  ésotériques, mais elles peuvent aussi parfois correspondre   à des activités basées sur des concepts scientifiques modifiés,  ou à des thérapeutiques éprouvées transformées et adaptées  (exemple des multiples dérives de la diététique )  .

 

Approches juridictionnelles

 

         Elles peuvent  se situer à plusieurs niveaux :

Le problème des activités condamnables des sectes  concerne  en France essentiellement le pouvoir judiciaire, pénal et civil pour ce qui est  des affaires les plus graves.  

La juridiction professionnelle de l’Ordre des Médecins n’est appelée à intervenir que dans les cas où sont mises en cause des pratiques de médecins non conformes au Code de Déontologie médicale. De nombreux articles de ce code peuvent être concernés selon les cas. Le médecin doit en effet  en toutes circonstances respecter les principes de moralité, de respect, de probité, de dévouement indispensables à l’exercice de  la médecine ; dispositions rejoignant  d’ailleurs  celles de l’article 3 des principes d’Ethique Médicale Européenne (édictés par le Comité Permanent des Médecins européens)  qui nous apparaissent très appropriées ici :  «  le médecin s’interdit d’imposer au patient ses opinions personnelles, philosophiques , morales ou politiques dans l’exercice de sa profession » ; l’art. 5  du code français de déontologie médicale stipulant que le médecin «  ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit ». 

En pratique,  les décisions rendues par les chambres disciplinaires de l’Ordre des Médecins  concernent très souvent le non respect de l’art. 39 du code de déontologie : «  les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Toute pratique de charlatanisme est interdite » ; ainsi que l’art. 40, caractérisant les thérapeutiques dangereuses : «  le médecin doit s’interdire dans les investigations et interventions qu’il pratique comme dans les thérapeutiques qu’il prescrit  de faire courir au patient un risque injustifié ».

Mais, d’autre part  peuvent être concernés : la complicité d’un médecin à un exercice illégal de la médecine ; une immixtion dans les affaires  de famille ; le non-respect des dispositions assurant  la protection des mineurs, ainsi que de toute  personne «  qui n’est pas en mesure de se protéger  en raison  de son âge ou de son état physique ou psychique… », où le médecin doit  « sauf circonstances particulières … alerter les autorités judiciaires, médicales ou administratives », situations spécifiquement prévues dans le code de  déontologie médicale français, complétant les dispositions du Code Pénal.

La saisine des juridictions professionnelles  ne peut concerner que des faits étayés estimés contraires au code de déontologie, susceptibles d’avoir été préjudiciables aux patients 

Ces situations sont tout à fait comparables en ce qui concerne  les autres professions de santé dotées de juridictions professionnelles spécifiques  (dentistes, sage-femmes, pharmaciens, kinésithérapeutes).

 

Le parlement français a voté, le  12/06/2001,  une loi « tendant à renforcer la prévention  et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales ».

Ce texte,  pouvant entre autres, s’appliquer à des dérives sectaires dans le domaine de la santé, prévoit, notamment  dans son libellé : «  la dissolution de toute personne morale …qui poursuit des activités ayant pour but ou pour effet de créer …la sujétion psychologique ou physique des personnes qui participent à ces activités… »

 ( art.1 ) ; l’extension de la responsabilité pénale des personnes morales à certaines infractions (chapII) ; des  mesures  limitant la publicité des mouvements sectaires (chap IV) ; et plus particulièrement, en ce qui nous concerne,  au chapitre V, des dispositions relatives à l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de faiblesse , « soit d’un mineur, soit d’une personne dont la particulière vulnérabilité  due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse est apparente et connue de son auteur, soit d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique, résultant de l’exercice de pressions graves ou répétées, ou de techniques propres à altérer son jugement , pour conduire ce mineur ou cette personne  à un acte ou à une abstention , qui lui sont gravement préjudiciables ».

 

Dérives pouvant donner lieu à une saisine :

 

Publicités fallacieuses : 

Certaines publicités vantant les mérites de  « traitements miracles », usant d’arguments pseudo-scientifiques, à caractère trompeur.

 

Les refus de soins liés à des idéologies sectaires : exemple des vaccinations :

Dans leur refus de la médecine « officielle, scientifique »,  certaines sectes utilisent volontiers l’arme du refus des vaccinations obligatoires,  d’efficacité pourtant confirmée. Cela conduit certains adeptes de mouvements sectaires, à solliciter de leur médecin des certificats, non justifiés, de contre-indication vaccinale, certains praticiens, allant également dans le même sens, établissant alors des certificats

 «  de complaisance », objets de sanctions lorsqu’ils sont découverts.

Il est,  à l’opposé, demandé aux médecins en ces cas  d’informer leurs patients de l’importance de respecter les calendriers de vaccination proposés, afin d’obtenir leur consentement à ces actes de prévention.

 

Le cas particulier  des  refus de transfusion  sanguine.

Cette question a été illustrée ces dernières années par différents cas de refus d’injections de produits dérivés du sang  y compris lorsque ce refus mettait en jeu de façon certaine et immédiate, le pronostic vital du patient concerné, non consentement persistant malgré les efforts faits  par les médecins pour les convaincre d’accepter des soins indispensables et urgents.  Lorsque ces soins concernent des adultes (car le cas des mineurs peut se régler grâce aux dispositions légales spécifiques les concernant), le dilemme posé au médecin est alors de concilier deux impératifs qui s’imposent légalement à lui : respect de la volonté du patient d’une part, pratiques des soins indispensables à la survie du malade correspondant à l’obligation de secours à personne en danger d’autre part.

Au sujet de l’imposture des dirigeants témoins de Jéhovah prônant le sacrifice de vie humaines pour respecter un symbole de vie dans la Bible (le sang), reportez-vous au bulletins  n°23 et 40 du GEMPPI « Les plus belles arnaques à la Bible ». Plusieurs ex adeptes nous ont affirmé qu’en leur for intérieur, ils auraient été contents d’être contraints par la loi, pour leurs enfants ou eux-mêmes, d’accepter une transfusion sanguine vitale qu’ils n’auraient jamais pu accepter étant sous la surveillance des autres témoins de Jéhovah.

 

Comment faire donc en cas de problème ?

 

Certaines personnes, souvent en désespoir de cause, consultent nos associations, nous pouvons leur conseiller ceci:

– Si vous considérez que vous êtes indûment manipulé, voire même exploité, avant de porter plainte il est recommandable :

– de prendre le conseil d’un magistrat, car quel avocat consulter ? De plus, les gens qui s’adressent aux associations spécialisées ont déjà été si exploités financièrement qu’ils ont du mal à assumer les honoraires d’avocats que l’association aurait pu indiquer. Les magistrats, jeunes en particulier, ont eu des informations  à l’Ecole de Magistrature en France (souvent grâce à l’intervention de membres de nos associations). 

– Si vous décidez de porter plainte, il est très recommandable de le faire simultanément devant le Procureur de la république (ou du roi), et devant le président du Conseil de l’Ordre Départemental des médecins (en France) si c’est un médecin, si vous considérez qu’il y a exercice illégal. Sachez qu’en ce cas, l’Ordre départemental transmet à l’Ordre Régional. Ce dernier a plus d’indépendance et plus de poids dans les avis qu’il peut donner à une juridiction ordinaire.

Vous devez savoir que l’Ordre départemental, pour peu qu’il ait été un peu informé par des contacts préalables avec une de nos associations, est tout à fait habilité à convoquer la personne si c’est un médecin. Une conversation un peu appuyée suffit parfois à faire cesser une dérive.

–          Enfin, sachez aussi que si un ou des mineurs sont en cause, le Parquet a tout pouvoir de s’auto saisir, et qu’une circulaire ministérielle le lui prescrit.

 

8) Quelques organismes spécialisés

 

AFF  POB 2265,  Bonita Springs, Florida  34133 – USA- Tel. 941 514 3081

aff@worldnet.aff.net     ,    www.csj.org

AFIS. Association française pour l’information scientifique. 14, rue de l’Ecole Polytechnique 75005 Paris

 www.spafis.org

ANCAS CPPS. Association nationale contre les abus sexuels commis par les professionnels de la santé (Paris)   http://perso.wanadoo.fr/ancas.cpps/

Attention Enfants 16, rue des Batignolles  75017 Paris. Tel. 01 45 22 17 98.  www.attention-enfants.org

AVAP .Association des victimes de thérapies alternatives et de la psycho généalogie, Maison des associations « le Ligourès », place Romée de Villeneuve, 13090 AIX-EN-PROVENCE – Tel. 06 67 24 71 51                                                          AVPIM, Association des victimes de pratiques illégales de la médecine. 49-24 av. de Botendael  1180 Bruxelles, Belgique – Tel. xx 32 2 343 81 78        c.berliner@tiscali.be

CCMM- Centre de documentation, d’éducation et d’action Contre les Manipulations Mentales

3, rue Lespagnol  75020 Paris. Tel. 01 44 64 02 40. (Cette organisation dispose d’une vingtaine de délégations réparties dans toute la France)       ccmmrogerikor@wanadoo.fr

CIPPAD. Centre d’information et de prévention sur les psychothérapies abusives déviantes. Groupe Million – 6, rue de la Roirie   49500 Segré – France. Tel. 02 41 61 38 52 –  cippad@unimedia.fr

Centre Information sectes Rhône-Alpes  6, rue Marguerite  69160 Tassin la Demi Lune

Tel. 04  78 34 02 68   ckmns@free.fr

Commission « Santé, éthique, idéologies » de l’Espace Ethique Méditerranéen (www.medethique.com)  C/o GEMPPI  BP 95   13192 Marseille Cedex 20 – France. Tel/fax : 04 91 08 72 22.  gemppi@wanadoo.fr

Coordination nationale des victimes des témoins de Jéhovah – C/o ADFI  19, Pl. Sébastopol 59000 Lille

FAIR.  BCM  BOX 3535   PO BOX 12     London WC1N 3XX   Royaume Uni         Vane@vane1.fsnet.co.uk          wwww.fair-cult-concerns.co.uk           Tel. 01642 898412

France-FMS (False Memory Syndrom).  Site : http//www.francefms.com  –  Claude.amblard@caramail.com 

GEMPPI  BP 95   13192 Marseille Cedex 20 – France. Tel/fax : 04 91 08 72 22.  gemppi@wanadoo.fr

Groupe d’Etude des Mouvements de Pensée en vue de la Protection de l’Individu

Info Secte Canada. www.infosecte.org

Infos sectes Aquitaine  6, rue Buhan  BP 140   33037  Bordeaux Cedex. Tel. 05 56 44 25 58

Psychothérapie Vigilance.  BP 2 bis   65290 Juillan – France. Tel/fax : 05 62 32 03 70.  Site : www.PsyVig.com    Psychotherapie.Vigilance@wanadoo.fr

UNADFI  130, rue de Clignancourt  75018 Paris – Tel. 01 44 92 35 92 – www.unadfi.org – (Cette organisation dispose d’une vingtaine d’associations ADFI réparties dans toute la France)

 

Autres organismes et associations utiles en matière de « Santé et emprises sectaires » ayant participé au colloque

 

AGPF. Grabenstrasse 1,  53579  Erpel.  Allemagne. Tel. xx 49 2644 98013 1      www.AGPF.de

AIS. Av. Diagonal 430, 1r 1a   08037  Barcelone . Espagne. Tel. xx34 933013024.  ais@ais-info.org

ASDFI.  Case postale 2009. Lausanne, Suisse.  Tel. xx 41 227532574 . danielemuller@paulownia.ch

Centre Régional Infos Sectes (CRIS)  La Maison des associations  1, Pl. des orphelins  67000 Strasbourg. Tel. 03 88 37 92 06.  Cris.strasbourg@caramail.com

CEREM. Centre d’Etude et de Recherches en Ethique Médicale. Hôpital adultes de La Timone   264, rue St Pierre 13385 Marseille Cedex 5.

CIAOSN. Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles. Ministère de la Justice.  Rue Haute 139,    1000  Bruxelles  Belgique

CIGS. Contact et information sur les groupes sectaires.  9, rue du Congrès.  1000 Bruxelles. Belgique

 Tel. xx32 2 219 87 66                       mireille.degen@pandora.be

Espace Ethique Méditerranéen. Hôpital adultes de La Timone   264, rue St Pierre 13385 Marseille Cedex 5.  www.medethique.com. Tel. 04 91 38 44 26

FECRIS – Fédération Européenne des Centres de recherche et d’Information sur le Sectarisme

1, rue Proudhon  29200 Brest – France. Fecris@wanadoo.frwww.fecris.org  (ONG auprès du Conseil de l’Europe)

GSK. ObereAugartenstrasse , 26, 28,   1020 Wien – Autriche. Tel. xx43 13327537

 f.griess@ griess.stl.at            (Relais FECRIS pour tous les associations des pays de l’est de l’Europe)

Info Sectes Midi Pyrénées. C/o Fedeaquet,  7, rue de Turin  31500 Toulouse. Tel. 05 61 61 02 97

MIVILUDES. Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

66, rue Bellechasse    75007 Paris.  Tel. 01 42 75 76 08

Sectes Info Languedoc Roussillon  12, rue Hyppolyte Faure 11100 Narbonne. Tel. 04 68 42 23 28

 

Bibliographie sommaire

 

Ce qui me gêne chez les psys. Rauda Jamis. Ed. JC Lattès 2003.  www.editions-jclattes.fr

Comment choisir son psychothérapeute : attention risques de pratiques déviantes. Martine Maurer. Editions hommes et perspectives 2001, Martin Media  12, rue Raymond Poincaré  55800 Revigny-sur-O

Découvertes sur les sectes et religions (bulletin du GEMPPI : gemppi@wanadoo.fr), n° 31 (Landmark Education), n° 33 (psychothérapie ou secte ?), n° 43(le Reiki), n° 49(Méthode Hamer et psycho généalogie), n° 54 (kryeon, Enfants indigo), n° 56 (FMS-Faux souvenirs induits), Mahikari, Science Chrétienne, Avatar, IHUERI, Zen macrobiotique, Anthroposophie n°45 et 48…

Droit et psychiatrie. S. Tribolet, G.Desous.Ed. Heures de France 1995

Forum. Revue de l’EEM. Abonnement gratuit. Contacter www.medethique.com ou Espace Ethique Méditerranéen. Hôpital adultes de La Timone   264, rue St Pierre 13385 Marseille Cedex 5.  www.medethique.com. Tel. 04 91 38 44 26. Une synthèse des travaux de la commission « Santé, éthique, idéologies » y est publiée à chaque parution.

Guide des techniques du mieux-être ; M.Borrel, R.Mary – Presse Pocket 1993

La biologie de Dieu, comment les sciences du cerveau expliquent la religion et la foi. Ed. Noémis 2003.

La mécanique des sectes. Jean-Marie Abgrall. Paillot 1996. Paris

La soumission librement consentie. Robert-Vincent Joule, Jean-Léon Beauvois – PUF 1998

Le guide pratique des nouvelles thérapies. Edmond Marc. Retz 1995

Le new age, son histoire, ses pratiques, ses arnaques. Renaud Marhic. Le Castor Astral 1999

Les charlatans de la santé. Jean-Marie Abgrall – Payot 1998.

Les manipulateurs sont parmi nous. Qui sont-ils ? Comment s’en protéger ? Isabelle Nazare-Aga. Les Editions de l’homme 1997, Québec.

Les naufragés de l’esprit. Thierry Baffoy, Antoine Delestre, Jean Paul Sauzet – Seuil 1996.

Les pseudo médecines – un serment d’hypocrites.Jean Brissonnet. E.Book 2003. Pour plus de renseignements vous pouvez consulter le site http://www.pseudo-médecines.org ou le site de l’éditeur http://www.book-e-book.com.

Les psychothérapies, dictionnaire critique. Nathalie Sinelnikoff. ESF éditeur 1998 – Paris.

Les sectes à l’assaut de la santé.  Paul Ariès –  Golias 1999

Les sectes dans l’entreprise. Thomas Lardeur. Éditions d’organisation 1999

Les sectes en Belgique et au Luxembourg. Alain Lallemand. EPO 1994

Les sectes : état d’urgence. CCMM Centre Roger Ikor. Albin Michel 1995

Médecines non-conventionnelles et droit.  Isabelle Robard. Litec 2002 (approche sympathisante des médecines non conventionnelles)

Médecines parallèles : oui ou non ? Maurice Ray. Editions Ligue pour la lecture de la Bible. Lausanne 1987. (La réponse est non, compte tenu des l’approche théologique évangélique de l’ouvrage)

Mon voyage avec la vierge dans l’apocalypse. Anne Edelstam (sociologue). Un témoignage de manipulation mentale au travers de la secte de Maud Pison, l’Institut de recherche psychanalytique.

Ouvrage disponible aux éditions PubliBook (2001). PubliBook.com  Républic Alley  18, rue du Faubourg du Temple 75011 Paris, ou sur Internet : http://www.publibook.com , ou par téléphone : 01 47 00 05 07

Mouvements Religieux. Bulletin de l’AEIMR.  Assoc. d’Etude et d’Information sur les Mouvements Religieux  BP  70733      57207 Sarreguemines Cedex

Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens. Robert-Vincent Joule, Jean-Léon Beauvois. Presses universitaires de Grenoble 1987.

Syndrome des faux souvenirs, le mythe des souvenirs retrouvés. Elisabeth Loftus, Katherine ketcham Editions Exergue 1997. (The myth of repressed memory – 1994)

Science et pseudo-sciences. Revue de l’AFIS (voir coordonnées ci-dessus) www.spafis.org

Scientologie : vol au dessus d’un nid de gourous. José Lenzini. Ed. Plein Sud 1996.

Sortir d’une secte. Tobie Nathan, Jean-Luc Swertvaegher. Seuil 2003.

 

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