• 21 novembre 2024 14 h 21 min

Association GEMPPI - SECTES INFOS

Aide aux victimes de dérives sectaires / Informations / Sensibilisation / Formations

Temps de lecture : 14 min.

 

Un exemple concret est présenté dans cette vidéo de 15 minutes, montrant ce qu’il se passe souvent dans l’intimité du cabinet d’un thérapeute sectaire, notamment les faux souvenirs induits (FMS)

Cults and alternative Medicines. Highlights the pseudo-scientific discourse of alternative medicines and dangerous abuses, including false memories induced (FMS). (15’51)

https://www.youtube.com/watch?v=czW1Nxr_EuU   (Médecine parallèle)

Conseils de la Mission interministérielle de vigilance sur les dérives sectaires – Miviludes

 

a) Méthode Hamer, décodage biologique, psychogénéalogie… : les risques

Nathalie De Reuck,

Journaliste, co-auteur avec Philippe Dutilleul documentariste à la RTBF de  « On a tué ma mère ! ».  Ed. Buchet Chastel, 2010 –  ISBN 9782283024188

Extraits du colloque  national du 2 octobre 2010 organisé par le GEMPPI à

L’Espace Ethique Méditerranéen – Hôpital de La Timone – Marseille

                                        

Certains parmi vous ont déjà eu l’occasion de prendre connaissance de l’histoire de Jacqueline Starck, ma mère, soit à travers le livre que j’ai écrit en collaboration avec Philippe Dutilleul, soit à travers mes témoignages. J’aborderai donc les faits de manière plus restreinte mais je me permettrai de développer les enquêtes qui ont suivi le décès de maman.

 

En décembre 2005 maman découvre une petite grosseur au sein gauche. Je m’en réfère à une amie gynécologue qui m’explique les examens à effectuer rapidement. D’après les éléments que je lui transmets il semble évident qu’il s’agit d’un cancer débutant.

Je rapporte à maman le diagnostic de la gynéco qui semble accepter une hospitalisation rapide. Mais quelques jours plus tard elle se rétracte. Son ostéopathe, Luc D., qui vient à domicile depuis plusieurs années pour d’autres ennuis de santé, lui a déconseillé l’hospitalisation. Pour lui, sa grosseur au sein est juste la manifestation d’un conflit qu’il faut résoudre.

Cela fait 10 ans que je m’oppose à cet ostéopathe. Il tient un discours paradoxal qui relève plus de la psychanalyse que de la kinésithérapie.  Pour lui, les relations familiales sont une source intarissable de conflits à l’origine des douleurs physiques de maman.

Je m’inquiète pour elle et souhaite une hospitalisation. Maman veut du temps et déterminer s’il y a une possibilité de la soigner autrement que par des traitements lourds. Elle me rassure. Si la grosseur croit, elle n’hésitera pas un instant à faire les examens préconisés par la gynécologue.

 

En février 2006, par le biais d’une vétérinaire homéopathe elle entre en contact avec Mme nanette B.  Une thérapeute qui fait des miracles, parait-il. Dans un premier temps je pense qu’elle aussi est docteur car il est question de diagnostic et de traitements. Cette dame travaille en collaboration avec Jean-Marie W. A deux, ils traitent maman par téléphone.

Deux docteurs homéopathes qui la suivent depuis plusieurs mois lui fournissent des granules dont ils refusent de donner la composition mais qui sont censés augmenter les défenses naturelles de l’organisme et diminuer la grosseur au sein.

Cinq personnes s’occupent de maman, et tous tiennent un discours identique. A l’origine du mal, le conflit qu’il faut résoudre. Chacun s’attèle à une tâche.

L’ostéopathe effectue des drainages lymphatiques et travaille les constellations familiales.

Nanette B. prescrit de l’homéopathie, fait des études géo biologiques de la maison.

Jean-Marie W. remonte les énergies, cherche la magie à l’origine du mal, etc.

Tous pratiquent la kinésiologie, recommandent les fleurs de Bach, prescrivent des granules homéopathiques, …

Autour de ces thérapeutes, médecins et ostéopathes réguliers, gravitent un tas d’autres  thérapeutes occasionnels. Thérapeutes en naturopathie, psycho généalogie, iridologie, énergie des chakras, etc.

 

Si je m’oppose à leurs idées qui m’apparaissent absurdes, je ne m’inquiète pas outre mesure  à ce stade. Après tout, maman est entre les mains de professionnels, entourée de docteurs. « Je veux vivre » me répète maman sans relâche.

Je reste cependant quand même sur mes gardes même si le mal, d’après ma mère, ne semble pas évoluer.

 

Fin 2006, je découvre le sein de maman complètement abîmé. Pour la convaincre d’une hospitalisation j’use d’éléments concrets et pragmatiques. Mais elle s’y oppose complètement usant d’arguments qui m’apparaissent ahurissants et infondés. Si elle souffre, c’est le corps qui se répare. Elle saigne, c’est le mal qui s’échappe. Du pus s’écoule de la plaie, la fièvre augmente, la tumeur prend du volume… C’est un processus qui mène à la guérison. Toute manifestation physique qu’en médecine traditionnelle on associe à une aggravation de la maladie devient au contraire pour maman le signe d’une rémission.

Je m’interroge sur ces explications enchevêtrées qui m’apparaissent ahurissantes. Tantôt philosophiques, tantôt spirituelles parfois médicales, souvent scientifiques  les propos que maman me tient et qui devraient tendre à m’éclairer m’embrouillent complètement.

L’impression insolite de me trouver face à un ennemi dont je ne connais rien. Tout ce qui fait partie du cadre de référence logique et qui nous est enseigné depuis notre enfance est rejeté et détourné, ce qui rend impossible toute discussion concrète.

Le choix n’est pas discutable. Soit les liens sont rompus, parce que je m’oppose à maman soit je tente de comprendre.

Parmi ces nombreuses annotations découvertes, maman a écrit ceci, trois mois avant son décès

.« Tellement mal, tellement malade. La nuit entière je fixe les murs à subir cette douleur qui ne me laisse aucun répit. Le sein, ce qu’il en reste suinte…. Mon bras a encore gonflé. Impression qu’il va exploser. Brûlure partout. A devenir folle. Je sais à peine respirer. J’ai peur. Tout mon être à envie de hurler. Je retiens mes pleurs. Impression de mourir. Jean-Marie W., le thérapeute, m’a dit ‘Ca ne va pas ça Mme Starck. Je vous laisse en phase de guérison et je vous retrouve deux jours après aussi bas dans votre énergie de vie. Il y a en vous le BESOIN de se sacrifier ! Vous êtes brimée depuis votre naissance. Laissez exploser vos colères. Votre mari est un tortionnaire. Quittez-le, je vous l’ai déjà dit. Et votre fille aussi »’

Je ne suis  arrivée à la convaincre d’une hospitalisation que bien trop tard. Cela lui a juste permis de se rendre compte, grâce au résultat de la biopsie qui indiquait un cancer, que les thérapeutes et les médecins qui l’entouraient l’avaient leurrée.

Maman est morte dans des souffrances effroyables.  Ses tortionnaires l’y ont emmenée. Un épilogue incompréhensible. Et je n’ai rien pu y faire si ce n’est assister à sa dégradation lente et inéluctable.

La culpabilité qui me tenaillait était à ce point insoutenable que j’ai rapidement cherché à comprendre ce qui avait entrainé ma mère, pourtant combattive et cartésienne, à refuser les soins médicaux qui auraient pu sans conteste la guérir.

A la base de cette dérive il y a ma mère. Qui au-delà des apparences, était en quête de guérison et prête à tout, même à souffrir le martyre pour y arriver. Parce que c’est ce que font croire ces voleurs de chimères, qu’au bout du chemin sur lequel ils la menaient,  après la douleur  il y avait la guérison

. Des maitres de l’illusion qui jouent avec la vie et la mort comme d’autres participent au Lotto. Ils ont détourné ma mère de la vie en usant et abusant de mots mensongers. Il ne s’agissait pas d’un choix délibéré de s’orienter vers de nouvelles techniques en sachant les risques encourus. Non. Elle a été trompée, abusée et c’est ce qui rend le deuil de ceux qui restent particulièrement pénible.

Lors de mes investigations j’ai rencontré, ceux que je nomme les bourreaux de ma mère. Tous, sans exception sont convaincus de l’avoir menée sur le bon chemin. Selon eux, c’était son choix, son destin, sa liberté. « Elle est morte libre, m’a dit l’ostéopathe, en ajoutant que de toute façon, une hospitalisation n’aurait rien changé. Jacqueline selon lui ne souhaitait pas suffisamment  résoudre son conflit »

Nanette B. m’a affirmé que cette pauvre femme qui avait énormément souffert avait résolu son conflit, mais que le corps ayant trop trinquée, la mort était inéluctable. Elle a précisé que désormais son corps astral était lumineux et que là où elle était elle revivait une vie nouvelle.

Jean-Marie W., atteint d’une tumeur au cerveau tenait ma mère pour responsable de son cancer « Son énergie négative était trop forte…j’ai tout pris, tout encaissé» m’a t-il dit peu avant de mourir, en n’oubliant pas d’indiquer que Jacqueline lui était redevable d’une grosse somme d’argent. Il n’a pas eu honte de m’avouer qu’il se faisait traiter dans un des meilleurs hôpitaux

Les deux docteurs homéopathes avaient laissé maman quelques mois avant son décès. Elle refusait de continuer à prendre de l’homéopathie sans en savoir le contenu.

Pour les autres thérapeutes, c’est en invoquant une tumeur au sein que je me suis présentée à eux.

Les géobiologues qui étaient venus chez ma mère pour annoncer qu’il n’y avait aucune présence de cancer dans son appartement, sont venus à mon domicile. Ils ont trouvé une âme errante et une source d’énergie ressourçant au milieu de mon salon.

Au même endroit exactement que Nanette B. a analysé elle comme étant une source d’énergie à tel point négative qu’il fallait que je déménage. Une troisième géobiologie s’est montrée plus générale. Les meubles lourdement chargés de négatifs étaient à changer, mais si des cristaux qu’elle vend par internet, y étaient déposés, la charge négative était annulée pour une période. Anti cancer garanti.

Joëlle Du…, thérapeute en psychogénéalogie et autres, qui avait décelé à l’origine du conflit chez maman une mère abusive et haineuse, a décelé chez moi une jumelle évacuée intra utéro. Ce qui impliquerait dans mon cas, une peur profonde mais inconsciente de la mort. Ceci étant à l’origine de mon prétendu cancer. Pour contrecarrer l’hérédité il suffit que j’écrive des lettres à mes aïeux décédés en respectant des couleurs et des dates, sous peine sinon de rompre la chaîne, tout en récitant une prière journalière.

Leg…, une dame fluette d’une soixantaine d’années, qui sévit près de Lyon, a pratiqué un désenvoutement à l’aide de cristaux et d’encens. Des dizaines d’âmes maléfiques étaient accrochés à mes chakra écorchés.

Plus de deux heures ont été consacrées à me convaincre que la radiologie et la chimio, ça tuait les gens. Les radiations se répercutaient même sur les personnes saines qui étaient en leur contact. En clair, il faudrait selon, les rassembler dans des centres pendants de longs mois pour qu’ils ne contaminent pas les biens portants.

Josie Kr…, m’a elle conseillé de ne pas résoudre le conflit, ce qui stabiliserait la masse cancéreuse. Et surtout d’éviter prises de sang et mammographie qui mèneraient les médecins incompétents et abusifs à me prescrire chimio et radio après avoir charcuté la partie concernée. Vivement déconseillé si on veut survivre.

Jean-Jacques Crèvecoeur, Gérard Athias, et autres  médecins exerçant en Belgique ont tenu des propos identiques.

 

Une plainte a été déposée contre les trois thérapeutes de Jacqueline. L’ostéopathe, Nanet B et Jean-Marie W.

Maman avait enregistré quelques une des conversations téléphoniques. Pas dans le but de leur nuire, mais pour accélérer le processus de guérison en se remémorant ainsi les conseils prodigués. Si celles-ci ne constituent pas un élément de preuve elles servent toutefois à éclairer la justice sur le contenu de certains dialogues.

 Une plainte….pour un processus de reconnaissance diraient certains. Je dirais plutôt pour tenter en rendant publique la problématique de les empêcher de nuire encore.

Le processus judiciaire se révèle pénible et si bon nombre de proches de victimes ne s’y résolvent pas ce n’est pas par lâcheté mais parce qu’ils ont le droit de vivre leur peine dans le respect.

Déposer une plainte c’est se positionner en coupable. C’est admettre qu’on a failli et que ça a couté la vie à la personne qu’on aimait. C’est devoir se justifier devant la justice, devant les autres et espérer qu’ils comprennent ce que nous même nous avons du mal à comprendre. Apporter des preuves, des éléments probants qui étayent nos accusations mais dont la plupart des proches sont dépourvus.

C’est affronter un nouveau combat à armes inégales, parce que si pour les thérapeutes il s’agit d’argent et de réputation pour nous cela touche à l’essentiel, la perte d’un être cher.

Deux procès sont en cours actuellement. Un en Belgique. Marie Shomers est décédée il y a 7 ans. Son thérapeute, Louis Vliegen, relais de Claude Sabbah et de la biologie totale est accusé de non assistance à personne en danger, d’escroquerie et de pratique illégale de la médecine. Il exerce toujours en tant qu’assistant social dans un centre psychiatrique.

 Et un second en Italie. Manuela Trevisan est décédée en 2008. Un psychiatre, Danilo Toneguzzi,   est accusé d’homicide. Praticien en Gestalt thérapie il est aussi l’administrateur de l’association ALBA qui se voulait jusqu’à il y a deux, trois ans, le relais de Ryke Hamer et de sa Médecine Nouvelle Germanique.

Les deux prévenus ont établis une défense identique. A savoir, s’être intéressés aux études faites par le Dr Hamer et en avoir étudié les différentes lois pour analyser l’éventualité d’imbriquer les lois biologiques à la médecine traditionnelle.

 Les
prévenus affirment évidemment s’en être complètement détachés et soutiennent avoir tenté de convaincre leur patiente qui étaient dans le déni d’un  traitement classique. « Selon eux, ils n’ont jamais prétendu soigner le cancer et ne proposent à leur clientèle qu’un accompagnement psychologique des cancéreux.

Des ténors du barreau défendent les prévenus. Il faut relever que pour avoir assisté aux plaidoiries, ces avocats essaient de rejeter la faute sur les familles en les accusant de ne pas avoir suffisamment été attentifs à leurs proches. Un jeu pervers que les victimes ont beaucoup de mal à assumer.

Construire un dossier n’est pas aisé pour les victimes. Les enquêteurs, les magistrats qui sont formés pour juger sur des éléments concrets sont confrontés dans ces cas ci à de l’abstrait rendant d’autant plus complexe l’analyse des dossiers.

Par exemple, lorsque les enquêteurs ont entendu l’ostéopathe de Jacqueline, ils n’ont trouvé aucun élément compromettant. Toute la journée  a pourtant été consacrée à son audition. L’ostéopathe s’est montré coopératif.

Il expliquait qu’à l’origine de toute maladie il y avait un conflit. Que le cancer nous en faisions tous plusieurs fois par an sans nous en rendre compte pour autant. Que les métastases n’existaient pas, etc. Un discours qui relève clairement de la médecine nouvelle germanique. Mais les enquêteurs se sont avoués complètement désarmés devant de tels propos. « Vous comprenez ? On n’est pas médecin. Ces affirmations sont peut-être exactes » me confiaient-ils le soir même.

Ma plainte déposée il y a plus d’un an, est toujours à l’instruction. Une enquêtrice est en charge, en plus d’autres dossiers, de retranscrire toutes les K7  des conversations enregistrées entre les thérapeutes et ma mère et les agendas qu’elle tenait journellement. Un des thérapeutes, Jean-Marie W. celui dont je possédais le plus d’éléments à charge est décédé au printemps. Les poursuites à son encontre sont donc interrompues.

L’ostéopathe continue à exercer à Bruxelles et Nanette B. en France dans le Périgord. D’autres victimes tombent sous leur joug sans que la justice n’intervienne.

Faute d’éléments, de temps peut-être aussi ou de volonté de la part du magistrat en charge, aucune commission rogatoire n’a encore été ordonnée.

Face à ses difficultés, on comprend mieux les raisons qui poussent les familles des victimes à se taire. Parce qu’à tout cela, il faut aussi préciser qu’un procès requiert une implication financière  particulièrement lourde et une issue incertaine.

 

Pour rappel, Ryke Hamer a été condamné à plusieurs reprises et définitivement par la cour d’appel de Chambéry en 2004. Néanmoins cela ne l’empêche nullement de persévérer. Exilé en Norvège où il a créé son Unviversité de Sandjford, il continue à faire des émules. Son acolyte, Mme Andrée Sixte, condamnée elle aussi par le tribunal de Chambéry, exerce assidument.

En Italie, principalement, où elle collabore avec des groupes de médecins et en France bien entendu. C’est, cachée dans un minuscule appartement au centre de Lyon, qu’elle reçoit sa clientèle. En me faisant passer pour une malade atteinte d’un cancer  du sein, elle a accepté de me recevoir.

J’ai emporté avec moi un scanner d’une personne saine et une mammographie d’une malade atteinte d’une tumeur de plusieurs centimètres qui nécessite l’ablation…

A la lecture de la mammographie, Sixte affirme que le sein est guéri. « Il ne faut pas y toucher. C’est stabilisé ». A ma demande de réaliser un contrôle sanguin pour une vérification, elle m’enjoint à ne rien faire. « Ils recherchent les marqueurs tumoraux. Ca ne sert à rien, c’est guéri. Le cancer ce n’est pas une maladie… ».

Sur le scanner cérébral elle diagnostique une atteinte des reins. L’eau retenue par le collecteur des reins ferait grossir le sein. Traitement : découvrir le conflit de l’eau et oublier le mari, responsable de tous les maux.

Sixte sait qu’à travers elle la justice tente d’attraper Hamer. Cela ne l’empêche pas de le rencontrer en Norvège plusieurs fois par an, emportant sous son bras des scanners qu’il pourra déchiffrer. Ils ne parlent pas la même langue, ne se comprennent pas… mais peu importe. Leur objectif est le même : répandre la médecine nouvelle germanique et dénoncer la supercherie du sida, le lobby pharmaceutique, etc.

Un élément les oppose toutefois. Sixte regrette que Hamer trop fier, exige le copyright de toutes ses découvertes. D’après elle c’est ce qui provoque des tensions au sein du groupe.

L’Italie, pays privilégié des sectes a vu s’ouvrir une académie de musique selon la méthode Hamer. Une jeune pianiste italienne a découvert qu’à travers les partitions on relevait la seconde loi biologique de la médecine nouvelle germanique. Pour la seconder dans sa promotion, le staff entier de Hamer qui se réjouit de cette nouvelle ouverture et Andrée Sixte qui enchaine conférence après conférence.

Tous les moyens sont bons pour recruter des patients et des adeptes.

La lutte face à cette dérive semble un combat perdu d’avance. D’autant que des pressions et des menaces sont exercées sur les personnes qui les dérangent. L’enjeu lucratif est trop élevé que pour permettre à quiconque d’enrayer le mécanisme de progression.

Les médias sont eux même en position difficile. Certains, incultes face à la problématique sectaire, tombent dans le piège de leurs titres pompeux et leurs apparences scientifiques que les haméristes se plaisent à véhiculer.

Ainsi, une journaliste lors d’un reportage sur les controverses de la vaccination a cité en tant qu’expert scientifique médical, Jean-Jacques Crèvecœur. Un belge émigré au Canada, qui en plus de se donner le titre de conférencier, formateur, expert se dit aussi réalisateur après avoir réalisé un DVD à la gloire de Ryke Hamer. S’il s’est affublé d’un tas de titres, il n’a en aucun cas un doctorat en médecine.

Voilà donc Jean-Jacques Crèvecœur et ses analyses sulfureuses sur les dangers de la vaccination, cautionné par une chaine de télévision publique.

Les chroniqueurs qui s’intéressent au sujet sectaire  s’engagent peu dans leur position. Les débats, les magazines d’investigation s’attachent à donner une version soft de la problématique et refusent de se positionner en dénonçant réellement les risques de certaines méthodes alternatives. C’est principalement à travers les voix des proches des victimes qu’ils dénoncent les faits.

Sans compter que parmi eux, comme en politique ou ailleurs on découvre des propagandistes zélés qui se veulent le relais de ces méthodes qu’ils cautionnent.

Les médias, tant de la presse écrite que visuelle relayent en quantité foisonnante les multiples bienfaits des stages, conférences, reliés aux pratiques alternatives.

 Il n’y a pas un magazine féminin qui ne cite  Ayurvéda comme cure d’amaigrissement ou qui ne fasse allusion à l’homéopathie, à la psychogénéalogie ou  aux théories du conflit, chaque semaine.

 Chakras, énergie, centres vitaux, corps astral, prennent place dans le langage populaire et reculent les limites de l’illusion. Un jargon chimérique qui se banalise

 

En télévision, un reportage « Mes deux seins, journal d’une guérison », réalisé par Marie Mandy, cinéaste belge, est un long métrage documentaire. Ce film illustre clairement le concept  et dépeint un processus (bio-généalogie, périnatalité, …) que cette femme a réalisé en complément des soins hospitaliers.

Je n’ai pas encore visualisé  le film, je ne me permettrai pas de le critiquer. Je sais seulement que les partisans de la biologie totale en font leur publicité. Un film belge réalisé pour  France 2, la RTBF-Télévision Belge et la RTS (Radio Télévision Suisse) et qui sera projeté en avant première dans de nombreux centres hospitaliers.

Un film à l’antipode des documentaires que Philippe Dutilleul et moi-même avons réalisé.

Dans le premier reportage que nous avions réalisé, nous avions surtout démontré la manipulation mentale dont a été victime maman. La progression dans le processus qui engendre l’impossibilité d’un retour et qui mène à une mort inéluctable.

Dans le second reportage, qui sera diffusé sur la chaine belge en novembre décembre, nous consacrons une heure à établir l’aspect sectaire de la médecine nouvelle germanique.

L’aspect conspirationniste, la dérive internationale, le processus d’embrigadement, et l’ampleur du phénomène. Un reportage qui établit clairement que la méthode de Ryke Hamer, de part ses fondements, ne peut se vouloir complémentaire à la médecine traditionnelle. La médecine traditionnelle et la méthode de Hamer se révélant incompatibles et antagonistes dans leur processus. 

Bon nombre d’enregistrements ont été faits en caméra cachée. Pas le choix. La majorité des thérapeutes refusent l’interview et quand bien même ils l’acceptent c’est uniquement pour servir des paroles galvaudées, dénuées de véracité.

Un discours trop édulcoré qui ne serait en aucun cas le reflet de la tragique vérité. Intégrer leur milieu, établir le contact, remonter la filière en gagnant la confiance est le résultat d’un travail en amont de plusieurs mois. Trois ans exactement.

A travers ce produit audio visuel, nous souhaitons dénoncer cette méthode mortelle. Espérons que l’esprit critique du téléspectateur soit en éveil.

 

 

 

b) Mourir dans de terribles souffrances pour respecter les directives d’un thérapeute holistique :

un cas d’école 

– Bernadette Champel, infirmière, membre du GEMPPI 

Extrait du colloque national organisé par le GEMPPI le samedi 8 octobre 2005

« Les refus de soins pour causes idéologiques » à  l’Espace Ethique Méditerranéen, Hôpital de La Timone, Marseille

 

 

Témoignage vécu au début du mois de juillet 2005 par Bernadette Champel.

J’ai été présidente pendant 12 ans d’une association de lutte contre les sectes à Strasbourg : le CRIS, Centre Régional Info-Sectes, pour ceux qui connaissent.

Actuellement, je suis infirmière libérale à Valence dans la Drôme. Au début du mois de juillet j’ai fait un remplacement de 4 jours pour une collègue. Je m’occupais d’une patiente atteinte d’un cancer en phase terminale, situé dans la région abdominale. Les 2 premiers jours de mon remplacement, cette patiente refusais les calmants lourds (morphine) et acceptait les antalgiques légers. Elle refusait d’ailleurs toute médication lourde jusqu’au troisième jour. C’est justement ce jour là, après avoir accompli les soins, que l’amie qui l’accompagnait jour et nuit à son chevet me prit à part lorsque je m’apprêtais à partir. Elle m’informa que juste avant mon arrivée, la patiente avait reçu l’appel téléphonique d’un certains M. Christian R… qui l’avait fermement dissuadée de prendre toute médication parce qu’elle allait guérir et qu’il allait venir la voir dans les prochaines 48 heures afin de signer un acte de donation en sa faveur.

J’ai bien sûr fait tout ce que j’ai pu pour alerter cette patiente et faire en sorte qu’elle accepte les traitements calmants.

Je me suis tout de suite intéressée aux 2 ordonnances datées de 2004, délivrées par ce M. Christian R… En tout cas, c’est ainsi que j’appelle ces documents, qui dans leur forme sont très semblables aux ordonnances qu’utilisent habituellement les médecins. En fait, je ne suis pas sûre qu’il s’agisse d’un vrai médecin. Les titres inscrits sur les ordonnances étaient les suivants : « Christian R…  Docteur en naturopathie de l’Institut de naturopathie de Montréal, professeur à l’Institut de la deutsche Heilpratikershaft (RFA). Naturopathe – iridologue ».

Ce gourou thérapeute suivait cette patiente depuis plusieurs années à Marseille. J’ai aussitôt appelé le médecin (le vrai), qui ignorait tout cela, et qui m’a demandé de me mettre en rapport avec le juge des tutelles puisqu’il avait déjà demandé l’ouverture d’un dossier pour cette patiente, car elle n’avait pas de famille. Les enquêteurs du service des tutelles se sont présentés au domicile de la patiente l’après midi même pour l’informer de sa mise sous tutelle. Elle ne pouvait donc plus léguer ses biens à M. Christian R… Cette personne est décédée dans les 48 heures, en endurant d’horribles souffrances, car jusqu’au dernier moment, elle a refusé tous les calmants et toute médication espérant une guérison miraculeuse grâce à la méthode de son naturopathe. J’ai demandé au GEMPPI de prévenir l’Ordre des médecins. Mais, l’individu n’étant pas médecin, l’Ordre ne peut exercer aucun pouvoir disciplinaire sur lui. Seule la justice pourrait agir sur une plainte déposée par… la victime.

Le naturopathe en question est installé en Provence et possède plusieurs cabinets en France. 

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